Billet invité.
Avant-hier, Le Monde publiait un article relatif à l’utilisation d’un logiciel d’analyse dans l’enquête sur la mort du petit Grégory Villemin en 1984. Le titre de l’article était alors le suivant : « Derrière le rebondissement de l’affaire Grégory, l’aide d’une intelligence artificielle ».
Il s’intitule désormais ainsi : Un logiciel informatique au secours de l’affaire Grégory bien que le lien électronique initial n’ait pas été modifié.
Dès jeudi soir, avant ce changement de titre, je me rappelais cette phrase d’un ami : « Et si notre affaire était traitée par une Intelligence Artificielle, cela ne serait-il pas bien plus efficace et moins ‘inhumain’ que ce que nous vivons ? ». La question venait après une discussion sur l’Intelligence Artificielle, qui avait glissé sur leur vie : leur couple était empêtré dans une affaire pénale depuis 4 ans et l’un d’eux était mis en examen. Apres avoir frôlé l’erreur judiciaire, ils subissaient une « marche forcée » vers un non-lieu injuste.
La carence des moyens de la justice française est tristement connue, mais je ne crois pas qu’elle explique directement le désarroi de mes amis car je me suis intéressé à leur dossier pour les aider et j’ai pu constater avec effroi l’absence totale d’analyse systématique factuelle ou chronologique de la part de plusieurs acteurs (policiers, magistrats). On y constate également des erreurs de logique évidentes et des contradictions authentiques.
Des méthodologies simples de criblage ou d’analyse des causes, d’utilisation de représentations visuelles, connues des ingénieurs, et qui s’appliqueraient très bien à leur cas, sont par exemple inconnues de l’institution judiciaire. En effet la chronologie de leur affaire se résume à 48h et un seul responsable parmi 3 personnes, pour un nombre de 160 cotes à ce jour (dont seule une centaine d’actes d’investigation : auditions, expertises, rapports). Mais surtout mon ami me disait avoir vraiment le sentiment de n’être rien face à la machine judiciaire. Malgré le respect des droits, le protocole et la pratique de la procédure privent le justiciable de sa ‘vraie’ parole la plupart du temps, et il n’existe pas de réciprocité de l’échange avec la MACHINE judiciaire que sa temporalité déshumanise également.
Alors, se fracasser la tête contre une stupide, injuste et froide machine « humaine » inhumaine ou s’en remettre à un robot logiciel ? Aujourd’hui leur choix serait vite fait.
L’enchaînement remarquable des expérimentations informatiques en cette fin d’année ne peut susciter qu’une grande perplexité lorsque l’on apprend les tentatives…