Billet invité.
Otage depuis des mois des désaccords entre ses créanciers, le gouvernement grec n’a eu une fois encore pas d’autre ressource que de plier et de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Ni la reculade du FMI, Christine Lagarde ayant fait le déplacement pour l’appuyer, ni la tentative de compromis du gouvernement français, qui n’aura eu droit qu’à une mention dans le communiqué final, n’auront fait bouger les lignes. Le gouvernement allemand a une nouvelle fois imposé la sienne et refusé tout allégement concret de la dette du pays. Le reste n’est qu’habillage qualifié par Jeroen Dijsselbloem et Euclid Tsakalotos, le ministre grec des finances, de « grand pas en avant ». Vers le précipice ?
Après avoir manifesté en ouverture de la réunion un optimisme de façade, selon un scénario bien établi, les créanciers de la Grèce s’en sont tenus à fournir à leur débiteur « des détails » sur le réaménagement de sa dette depuis longtemps sur la place publique, clairement insuffisants pour la rendre soutenable. En réalité, le versement d’une tranche du troisième plan de sauvetage qui a été finalement décidé a pour but d’évacuer la perspective malvenue d’un défaut de remboursement pour un montant de 6,9 milliards d’euros qui aurait atteint la BCE en juillet prochain. Son montant a seulement été arrondi à 8,5 milliards d’euros afin de faire passer la pilule et d’octroyer au gouvernement qui accumule sinon les retards de paiement un fonds de caisse minimum.
Celui-ci devra se satisfaire de ce signal donné au marché, qui n’est pas concerné dans l’immédiat vu qu’il n’y a quasiment plus de titres de dette en circulation en son sein, tous étant détenus par des établissements publics. Pour l’avenir proche, il était cependant demandé à la BCE, qui se tient prudemment à l’écart des tractations, qu’elle intègre les titres de la dette grecque à son programme d’achat afin de peser sur son taux lorsqu’il faudra y revenir mi-2018, mais cela n’a pas d’avantage été obtenu. La banque centrale s’est d’ailleurs contentée de prendre acte d’un « premier pas vers la soutenabilité de la dette ».
Pour bien marquer son avantage, Wolfgang Schäuble a précisé que l’accord intervenu devrait encore être accepté par la commission des finances du Bundestag, dont l’Eurogroupe est devenu une sous-commission si l’on comprend bien. À charge pour ses homologues d’en tirer les leçons pour l’avenir. À l’origine, la maltraitance de la Grèce avait pour vocation de faire rentrer les autres pays dans le rang en les effrayant, aujourd’hui elle est destinée à faire comprendre à ceux qui voudraient négocier un peu de souplesse qu’une grande retenue s’impose.
ah la la……..si seulement nos sociétés pouvaient avoir la même organisation . je crois que c’est Lévi-Strauss qui disait que…