Billet invité.
Toujours aussi déroutante, la crise politique européenne ne désempare pas. La France est atteinte par une profonde recomposition politique et un doute qui ne l’est pas moins, le gouvernement britannique est entré dans une phase d’instabilité prononcée, la date et le résultat des élections législatives italiennes sont plus que jamais un point d’interrogation.
Le rejet manifesté par les électeurs français a d’abord semblé favoriser le Front national et les « populistes », Emmanuel Macron et son parti attrape-tout l’emportant finalement à la faveur des étapes successives de son accession au pouvoir. Le score record de l’abstention est venu rappeler que cela n’est pas si simple dans les esprits, les votes sanction ne valant pas adhésion. Que faut-il en effet retenir prioritairement du résultat des législatives : la défaite des anciens partis de gouvernement et le rejet de leur politique, la vague de vainqueurs allant envahir la Chambre et confortant la république monarchiste ou la manifestation du doute et de la défiance d’abstentionnistes ne trouvant nulle part fortune ? Le débat sur les étiquettes dépassé et les repères habituels évanouis, place aux réactions suscitées par une politique gouvernementale néolibérale. Avec une question centrale : à qui va profiter la « création de la valeur » à laquelle il est prétendu aboutir ?
Après avoir subi d’innombrables avanies depuis qu’il a été porté par les militants du Labour à sa tête, Jeremy Corbin a tenu bon pour sortir grand vainqueur des élections britanniques, pouvant prétendre à succéder à Theresa May. La faute en est à une campagne électorale menée résolument à gauche, déjouant le pronostic de l’extinction généralisée de la social-démocratie. Le maintien des Tories à la tête du pays – pour combien de temps ? – repose désormais sur une alliance de circonstance avec les unionistes irlandais de l’extrême-droite (DUP), difficile à digérer et qui reste à conclure.
Le résultat du premier tour des municipales italiennes a été défavorable au Mouvement des 5 étoiles, atteint semble-t-il par les péripéties de la gestion calamiteuse de Rome de sa représentante élue maire. Le Mouvement avait précédemment fait voler en éclat l’accord semblant être intervenu à propos du mode d’élection de la Chambre des députés, rendant impossible la tenue d’élections à l’automne et imposant le maintien de l’actuel gouvernement intérimaire. Celui-ci reçoit en conséquence le cadeau empoisonné de l’élaboration et l’adoption du budget 2018. A nouveau, mais jusqu’à quand, les commentateurs italiens privilégient la constitution d’une grande alliance entre le Parti démocrate de Matteo Renzi et la coalition dirigée en sous-main par Silvio Berlusconi, qui attend son heure. Le jeu favori des combinaisons du monde politique italien est loin d’être fini.
Partout, les convulsions de la vie politique expriment un profond malaise et réclament des réponses qui ne sont pas apportées, au profit de la poursuite précautionneuse mais déterminée des réformes néolibérales, la seule politique qui est clairement exprimée et abondamment relayée par les médias. La dégradation de la cohésion sociale va se poursuivre. Au plan politique, tout est à reconstruire en partant de l’élaboration d’une alternative programmatique.
@Mango je pense que vous faites une mauvaise analyse. Vous semblez supposer qu’il existe une passerelle entre PJ, l’idéologie plus…