La grande majorité des citoyens des pays dits chrétiens ont cessé de pratiquer depuis longtemps, depuis plusieurs générations dans bien des familles. L’athéisme a tant gagné de terrain que le souvenir de la messe ou de l’office, s’est perdu pour eux dans la nuit des temps, à l’exception peut-être d’une occasionnelle messe de minuit, chérie à l’égal du Père Noël pour son aspect à la fois réconfortant et folklorique. La religion instituée pour ceux-là, ce sont de malencontreuses histoires de pédophilie émergeant comme des champignons ici et là du passé, lointain ou proche, voire même du présent, provoquant leur révulsion, et la honte pour ceux qui sont directement salis par de telles pratiques. Quoi qu’il en soit, l’accusation de « croisés » qui leur est adressée en provenance de l’Islam, suscite leur perplexité, voire leur consternation : « Quel rapport avec moi ? »
Soit l’on considère que les attentats sont l’acte d’un déséquilibré isolé et l’on parle de folie, soit on considère qu’il s’agit de bandes organisées, et quand, comme ce fut le cas hier à Londres, la police arrête douze complices après avoir abattu au bout de huit minutes, trois assassins, aucun doute n’est malheureusement possible.
Le but des terroristes est clair : monter dans nos pays, les Chrétiens contre les Musulmans, pour susciter un climat de guerre civile, dont les terroristes estiment pouvoir bénéficier. Leur analyse repose sur une représentation du monde chrétien comme ayant perdu toute identité. Ils n’ont pas pensé que leur attitude imbécile était capable de reconstituer une identité apparemment perdue.
La guerre civile des Chrétiens, entre Catholiques et Protestants – dans son horreur difficile à égaler – date pour nous cependant de cinq siècles – alors que celle des Musulmans, entre Sunnites et Chiites, bat son plein à notre époque encore dans toute sa brutalité.
S’en prendre au monde chrétien ou ex-chrétien de la manière qui est celle utilisée à Toulouse, pour Charlie-Hebdo, au Bataclan, au super-marché cacher de la porte de Vincennes, à Nice, à Berlin, à Bruxelles, à Londres ou à Manchester, alors que l’Islam est pourtant au plus bas de sa forme * pour ce qui touche à sa propre unité, est une erreur stratégique de la part de ces fanatiques : le rapport de force leur est très défavorable. Le monde chrétien – aussi athée qu’il soit devenu aujourd’hui – pourrait reconstituer son unité en un rien de temps.
Ce sont les articles de presse ce soir, en provenance de Grande-Bretagne, mais aussi de partout en Occident (j’ignore Trump bien entendu, dont il serait trop cruel de déterminer pour qui il roule dans son délire) qui me conduisent à ce diagnostic pessimiste – ou optimiste, comme diront ce soir certains qu’il me sera hélas, trois fois hélas, difficile de blâmer.
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* Et pour confirmer ce matin ce que j’écrivais hier soir : Four Arab nations cut ties with Qatar.
Est-ce que pour détendre un peu plus l’atmosphère pesant sur le soutien ou pas à apporter au mouvement d’agriculteur proche…