Billet invité.
Le sauvetage à épisodes de la banque Monte dei Paschi di Siena finalement résolu, la crise du système bancaire italien est toujours sur le feu. Comment faire coïncider les modalités de sauvetage des banques les plus atteintes par les NPL (les prêts non performants) qu’elles détiennent tout en respectant la réglementation communautaire ? Là est toute la question, qui se focalise sur le sort de deux banques, cette fois-ci vénitiennes, dont le déficit en capital a été estimé à 6,4 milliards d’euros.
L’appel au marché intervenu l’année dernière afin de recapitaliser ces banques avant injection de fonds publics n’ayant pas porté ses fruits, Intesa Sanpaolo et Unicredit ont été appelées, parce que les plus vaillantes, à intervenir à nouveau à hauteur du milliard d’euros supplémentaires de fonds privés demandés par la Commission. Elles avaient déjà souscrit au capital d’un fonds de soutien aux banques qui avait dû être mis en place, dont elles sont les principaux actionnaires. Mais celui-ci, dénommé Atlante, bénéficie de la garantie de l’État. Son objet est de se porter acquéreur des titres résultant de la titrisation des NPL dont le marché n’a pas voulu. Les banques italiennes refusant d’être au premier rang du sauvetage de leurs pairs, car cela pouvait les conduire au rachat des banques les plus atteintes et plomber leurs bilans.
C’est au tour de l’État d’intervenir, estiment-elles dorénavant, sous la forme d’une « recapitalisation de précaution ». Le hic est que cette formule ne permet pas, par définition, de combler des pertes passées ou attendues. En exigeant l’injection de nouveaux fonds privés, la Commission tente donc de sauvegarder les apparences et de ne pas violer la réglementation de l’Union bancaire, qui impose un sauvetage prioritairement sur fonds privés. Depuis le début de la crise bancaire italienne, celle-ci pose en effet un problème pratique quand il faut l’appliquer, et cela ne s’est pas arrangé depuis .
L’affaire prend dorénavant un tour explicitement politique, Carlo Messina, le Pdg de Intesa Sanpaolo, réclamant du gouvernement italien qu’il se fasse respecter, une pressante invitation à ignorer les injonctions de la Commission… Si cela devait être le cas, cela sonnerait la fin de l’Union bancaire. Comme s’il ne suffisait pas que la BCE mette en cause dans son dernier rapport sur la stabilité financière, parmi d’autres, la soutenabilité de la dette publique italienne qui atteint 135% du PIB. Ce qui a valeur d’annonce d’une nouvelle crise de la dette publique européenne à terme. La hausse annoncée des taux obligataires est une épée de Damoclès.
La réponse est ici : entre Avranches et Granville.