Billet invité. Ouvert aux commentaires. P.J. : le point de vue développé dans ce billet me rend perplexe – c’est le moins que je puisse dire. Ceci dit, je suis curieux de savoir ce que vous en pensez.
Depuis quelques années, les dirigeants mondiaux essaient timidement de prendre à bras le corps les gravissimes problèmes environnementaux. Je ne reviendrai pas sur l’analyse détaillée de la longue liste des problèmes environnementaux, des personnes bien plus calées que moi sur le sujet interviennent sur ce site.
Les quelques actions menées depuis une dizaine d’années sont certainement dues à un début de prise de conscience des enjeux au sein de la société civile. Ce phénomène n’a semble-t-il pas encore atteint les hautes sphères du pouvoir et les promesses (ou absences de promesses) des politiques au pouvoir (ou sur le point d’y parvenir) semblent bien pathétiques au regard de la situation.
Cette prise de conscience progressive est évidemment gênée par des habitudes décennales (ancestrales ?) d’égoïsme de la part des individus et des institutions.
Par ailleurs, elle n’est malheureusement pas encore (assez) suivie d’actes permettant un changement de paradigme.
Voyons s’il existe une possibilité de mise en place d’une mesure qui pourrait changer massivement nos habitudes sans coût exorbitant pour la société dans son ensemble.
Mettons en place pour chaque foyer un quota en crédit carbone ;
- chaque année civile, chaque foyer se verrait décerner un quota de crédit carbone à dépenser et ce serait le même pour tout le monde (en fonction du nombre de personnes constituant le foyer).
- Chaque produit et service aurait un prix en euros et un prix en crédit carbone.
- chaque achat, chaque comportement aurait un impact sur le quota de crédit carbone de chaque foyer.
- Le prix du crédit carbone serait évolutif dans le temps (à la hausse) et prévisible de manière à anticiper le coût de ses futurs achats.
- En fin d’année, chaque foyer créditeur en crédit carbone aurait une prime égale au montant carbone non dépensé, les foyers débiteurs auraient un coût à assumer pour compenser le dépassement de leur quota.
Pour mettre en place cette mesure, il faudrait :
- demander aux entreprises de connaître et d’afficher le réel coût et impact de leurs produits et services (très intéressant à faire et instructif à savoir pour la société civile). Par ailleurs, il faudrait ajouter à ce type d’information, l’impact en termes d’utilisation (indispensable pour l’achat d’une voiture, une maison…)
- mettre dans la boucle les entreprises de paiement (paiement électroniques et magnétiques) pour que chaque paiement déclenche automatiquement une mise à jour du compte personnel de crédit carbone (sur le même système que la carte vitale par exemple).
- Eliminer les paiements anonymes, afin de ne pas pouvoir louer de Hummer de façon anonyme pendant une semaine par exemple…
- créer un service indépendant qui aurait pour charge de vérifier et de labelliser les informations fournies par les entreprises sur l’impact de leurs produits et services.
Si cette mesure était mise en place, les effets pourraient être les suivants :
- Une réflexion créatrice très importante de la part de tous (particuliers, entreprises…) sur nos impacts au quotidien, la possibilité de les comprendre et de faire autrement.
- prise en main par les particuliers (l’effet d’aubaine pécuniaire) de cet aspect environnemental. Chaque foyer regarderait deux informations à l’acte d’achat, le prix et l’impact carbone. Chacun verrait dans cette mesure la possibilité de toucher une prime en fin d’année.
- Les entreprises, devant afficher une véritable transparence et constatant que les consommateurs privilégieraient les produits les moins nocifs, pourraient participer, sans le vouloir forcément, à cette voie d’amélioration.
- L’État, les premières années, pourrait avoir un coût à supporter pour accompagner cette transition car je pense que les bons élèves seraient bien plus nombreux que les mauvais. Il reviendrait ensuite à l’État d’ajuster les quotas chaque année pour équilibrer les comportements.
- La première conséquence pourrait être une certaine relocalisation de nos achats (l’achat de gambas zimbabwéennes se trouvant mis hors-jeu, par exemple).
Quelles sont les objections potentielles ?
- La première objection qui pourrait être faite est celle qui consiste à dire que les foyers les plus modestes n’ont pas les mêmes moyens pour payer un éventuel surcoût environnemental. Je pense que ce ne serait pas le cas. En distribuant en effet les mêmes montants de crédit carbone à chaque foyer, sur la base d’un foyer médian, les foyers modestes auraient un montant à dépenser relativement plus important que le foyer « aisé » (peu de ménages modestes achètent un 4×4 Mercedes ou un voyage aux Seychelles.) Cela pourrait donc être une mesure « sociale ».
- On pourrait aussi objecter que cette mesure aurait un coût important pour les entreprises et notamment les plus petites et fragiles. La mise en place est effectivement complexe. Mais les grandes entreprises ont évidemment les moyens de mettre ce système en place, et elles ont déjà certainement une petite idée de leur impact carbone (cette information, quoiqu’incomplète, est souvent donnée dans les rapports de développement durable). On pourrait donc aider les entreprises (uniquement les plus fragiles) dans les premières années, sachant qu’elles aussi y trouveraient leur intérêt en termes d’impact sur leur activité. Il faudrait veiller à ce que cette mesure n’entraîne pas une flambée des prix pour cette raison.
- Évidemment certaines entreprises y verraient une menace (constructeurs automobiles, voyagistes, importateurs de toutes sortes, vendeurs de produits carnés…) et s’y opposeraient de tout leur poids.
- À terme, il faudrait aussi que les comportements à l’intérieur des entreprises soient étudiés, pour que cela ne reste pas un espace « de gabegie environnementale »
N’est-il pas temps d’essayer de tout mettre en place pour le bien-être des futures générations ?
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