Le grand débat du second tour : la société du spectacle se porte bien, merci beaucoup !

« Madame Le Pen a-t-elle consulté ses notes en préparation du débat ? », demande la journaliste. Se rend-elle compte qu’en posant cette question dont la réponse n’a d’importance pour personne, elle rabaisse un problème de fond pour la vie de tout le monde – une question de vie ou de mort pour certains – au niveau de la télé réalité, au niveau du « Allô ! T’es une fille et t’as pas de shampoing » ?

Les journalistes font leur métier sans doute, mais certains d’entre eux peuvent-ils, rentrés chez eux, se regarder sans ciller au miroir quand ils sont prêts à transformer – pour de l’audience je suppose – l’avenir de toute une nation avec les joies et les peines de chacun, en un combat de gladiateurs, le rétiaire d’un côté, le secutor, de l’autre, dont la survie de l’un ou de l’autre – qui leur est totalement indifférente en réalité – se jouera in fine dans un pouce tourné vers le haut ou vers le bas.

À part cela, il nous faut entendre d’un côté, le fascisme grossier, immonde, essayant de prouver avec aplomb et la gouaille mauvaise que ça ne peut être que le voisin basané qui a volé l’orange, et que d’ailleurs 2 + 2 font 5, et de l’autre, le représentant, froid, rationnel, intelligent sans doute, d’un monde où la vie des enfants, des femmes et des hommes est subordonnée, dans le meilleur des cas au sort d’objets inertes, et dans le pire, à de simples sommes d’argent.

Il faut dans un premier temps barrer la route à la première, car elle n’incarne rien d’autre que la mort et, dans un deuxième temps ensuite, ne rien concéder au second, car nous méritons mieux que d’être de simples chiffres additionnés et soustraits au sein de statistiques où l’on nous comptabilise comme un cheptel, en tant que ce « capital humain » auquel nous avons été réduits et où, dans un contexte de « concurrence pure et parfaite », nous disputons à nos congénères les miettes que nous ont abandonnées ceux qui savent mieux que nous « comment ça marche vraiment ».

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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