Billet invité.
La présidence Trump se poursuit sur un même régime chaotique au Congrès, dès lors que celui-ci cherche à faire passer à tout prix son programme de campagne dans les cent premiers jours de sa présidence afin d’accomplir les promesses faites à ses électeurs. Car toute sa politique peut être ainsi résumée.
Le vote du budget est cette fois-ci en cause, menaçant de paralysie l’administration qui ne pourra plus légalement fonctionner si le Congrès ne l’adopte pas d’ici vendredi prochain à minuit, faute de crédits de fonctionnement. Cela ne serait pas la première fois, ayant déjà été le cas en 2013 lors de l’adoption de l’Obamacare et ayant alors duré 16 jours.
Donald Trump exige que les crédits de la construction du mur avec le Mexique figurent dans le budget, pour un montant de 1,4 milliard de dollars, mais la majorité qualifiée requise au Sénat n’est pas réunie en raison du refus démocrate de voter ces mêmes crédits. Illustrant l’état d’esprit régnant dans son équipe, le ministre de la sécurité intérieure John Kelly affirme que « cela nous aidera à réaliser la promesse que le président a faite au peuple américain », tandis que celui de la justice, Jeff Sessions, est persuadé que le financement du mur « vaut certainement le coup de mener une dure négociation ».
Avec la réforme fiscale qui va suivre, une autre réforme hasardeuse s’annonce au Congrès. Dans le but de dynamiser l’économie, le président veut réduire à 15% le taux officiel de 35% d’imposition des bénéfices des sociétés – auquel dans la pratique elles échappent largement – ainsi qu’à titre symbolique celui des classes moyennes. Une étude de l’Université de Stanford vient à ce propos confirmer que « l’ascension sociale en termes absolus a fortement diminué dans l’ensemble du système de distribution des revenus avec les reculs les plus importants parmi les familles de la classe moyenne ».
Donald Trump va une nouvelle fois se heurter à son propre camp au Congrès, qui va réclamer en contrepartie de ces réductions d’impôt, la baisse des dépenses ou l’augmentation des recettes budgétaires pour un montant équivalent. Or le projet de taxation des importations, qui pourrait le satisfaire, rencontre de fortes réticences de la part des industriels. Et l’argument comme quoi la relance résultant de ces mesures rapportera des recettes fiscales comblant le manque à gagner, va quant à lui être difficile à vendre auprès d’élus ayant fait de la baisse du déficit leur objectif et réclamant du concret. Compenser des désistements républicains par le vote d’élus démocrates ne s’annonce pas partie plus facile.
Donald Trump multiplie la signature d’ordonnances sur les thèmes symboliques qui lui sont chers, mais leur concrétisation dépend du Congrès, où la majorité républicaine continue de lui donner du fil à retordre, les démocrates se maintenant fermement sur leurs positions au Sénat, où des majorités qualifiées doivent être réunies, auxquelles ils font obstacle.
Je vous ai lu ! Sur votre dernière question, qui rejoint mes « pourquoi » concernant l’inertie de la population française face…