J’ai reçu ce matin un courrier me demandant si la bourse (le marché secondaire des actions) est purement spéculative. J’ai répondu ce qui suit.
« Merci pour votre message.
Vous me demandez, « le marché secondaire est-il uniquement un marché financier spéculatif ? »
Non, parce qu’imaginons que vous vouliez obtenir tous les dividendes qui sont distribués par une entreprise particulière cotée en bourse, c’est-à-dire toutes les parts de ses bénéfices qui sont redistribuées au public, il vous faudra acheter toutes ses actions, et vous serez obligée de payer pour chacune de ces actions, sa cote actuelle en bourse. (Le prix total que vous paierez pour toutes les actions, s’appelle « capitalisation boursière » d’une entreprise).
Cette cote peut être arbitraire si seuls des spéculateurs pariant sur le fait que la cote monte ou baisse sont présents sur le marché, intéressés seulement à revendre l’action plus cher qu’ils n’ont acheté, mais elle n’est pas arbitraire si certains détenteurs d’actions les détiennent sur le long terme en vue de toucher les dividendes chaque année.
Ma réponse est donc « Non, le marché secondaire n’est pas uniquement un marché financier spéculatif ».
Ceci dit, l’article « Macron le Spasme du système » que vous m’attribuez, n’est pas de moi : il est de Frédéric Lordon, et pour ce que j’ai pu lire de lui je crois que de son côté il considère que « Oui, le marché secondaire est uniquement un marché financier spéculatif ». À mon sens parce qu’il ignore que la « capitalisation boursière » anticipe – validement – la redistribution de dividendes. S’il prenait cette dimension en considération, je suis presque certain qu’il ne prônerait pas comme il le fait, la fermeture de la bourse.
Personnellement, à la place de la cotation en continu (il n’y a aucune justification que le prix d’une action en bourse, reflétant la capacité de l’entreprise à créer de la richesse, varie comme il fait aujourd’hui, 2.000 fois par seconde), je propose une technique utilisée lors de l’émission d’obligations, le fixing journalier, la spéculation sur la cote en serait réduite à peu de choses et la cote en bourse refléterait de manière justifiée une anticipation de la redistribution de parts de bénéfices.
(Ne lisez cependant pas dans ce que je dis, une justification des droits de propriété associés aux entreprises cotées en bourse, j’explique seulement la logique qui prévaut dans le système à l’heure actuelle).
Cordialement,
Paul Jorion »
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