Billet invité. Ouvert aux commentaires.
Manuel Valls qui hier encore, les yeux dans les yeux, nous disait qu’on lui avait imposé le 49.3, vient – comme la rumeur l’annonçait – de trahir la parole donnée à Benoit Hamon (et accessoirement aux électeurs de la primaire), en ralliant la candidature d’Emmanuel Macron. Suicide politique d’un homme sans honneur, ou bien fine manœuvre politicienne digne de la tactactique du gendarme, pour acquérir un maroquin dans la start-up présidentielle En Marche ! ?
L’honneur étant à la politique ce que l’honnêteté est au monde des affaires (et réciproquement), nous écarterons d’office la première proposition. La seconde ne convenant pas non plus, car après avoir été Premier ministre, notre homme se rêve maintenant un destin national (le terme journalistique pour dire Président).
Alors ? Disons qu’il entend bien parachever l’œuvre de François Hollande en euthanasiant définitivement le Parti Socialiste. D’une part parce que décidément non, les électeurs de gauche ne votent toujours pas pour lui, comme vient de le confirmer une seconde fois sa claque quinquennale aux primaires, mais surtout -pardon pour le truisme-, parce qu’il y a belle lurette que les apparatchiks du PS ne sont plus de gauche. Il convient donc d’achever le coming-out néolibéral débuté par François Mitterrand en 1983.
Et malgré les apparences, la période est extraordinairement propice ! Benoit Hamon soutenu par le PS comme le pendu par la corde, et lesté par cinq longues années de trahisons hollandaises, n’a strictement aucune chance de passer le premier tour des présidentielles. Manuel Valls pourra donc lui faire endosser l’entière responsabilité de l’échec, en arguant d’un programme irréaliste. Lui qui se positionne en homme d’État responsable, aura alors beau jeu d’imposer sa ligne politique au prochain congrès du parti. Et gageons qu’il n’aura aucun mal à convaincre caciques et autres éléphants, de s’éloigner de la ligne ‘extrémiste’ d’un Benoit Hamon. Ne restera plus alors que de planter le dernier clou dans le cercueil, en changeant le nom du parti (oseront-ils Les Démocrates ?)
Tout cela est bien beau me direz-vous, mais quid de son soutien au Microbe (le surnom que Premier ministre, il donnait à Emmanuel Macron) ? Là aussi, aucune surprise. Notre homme prévoit (et il n’est pas le seul !), que la majorité de bric et de broc d’un Macron qui rallie aujourd’hui tout et n’importe quoi, de Robert Hue à Alain Madelin, de Philippe Douste-Blazy à Daniel Cohn-Bendit, ne résistera pas au très mauvais temps qui s’annonce. Et de fait, dans une société qui implose sous la pression des inégalités, les chances du chihuahua En Marche de mener à bien une législature, coincé entre les pitbulls du FN, des Républicains et de feu le PS, sont vraiment très minces !
Le calcul risque donc d’être aussi bêta que cela : je prends l’ex-PS transformé en aspirateur à électeurs urbains diplômés et boboïsés, je le transforme en machine de guerre électorale, requinqué par cinq années d’opposition et de n’importe-quoi macronesque, et je me présente en 2022 dans mon rôle préféré : celui de Responsable-Réaliste-Rempart contre le FN. Et hop ! menton en avant, à moi l’Élysée !
Nicholas Machiavel est censé avoir dit « quand la Providence veut emmener un État à sa ruine, elle place à sa tête un Prince inconséquent ». Force est de constater au vu de notre ubuesque classe politique, que la Providence nous en veut vraiment beaucoup…
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