Billet invité. Ouvert aux commentaires.
Cette Lettre à Benoît Hamon de François Fièvre est dans son expression-même une clé nécessaire du débat politique présidentiel. La publier et la mettre en débat sur le Blog de PJ est à mon avis un puissant facteur de clarification des enjeux véritables et profonds de cette élection présidentielle puis législative.
Sur le fonds, nous sommes déjà en train de changer de république. L’éclatement du PS entre politiciens professionnels et socialistes de conviction en est un signe manifeste. Pour que le changement puisse donner quelque chose d’autre que la fuite en avant ordo-libérale financiariste, il faut changer le président et la représentation parlementaire de la démocratie française. Il ne suffit pas de faire émerger Hamon ou Mélenchon à la présidence : il faut mettre les politiciens du business en minorité à l’Assemblée Nationale.
Mélenchon s’est coulé parfaitement dans la présidentialité de la cinquième république ce qui le met véritablement en posture et en position de sauveur de la république que les libéraux fillonistes et macroniens veulent finir de dissoudre. Mélenchon peut sauver la république par le rétablissement de la condition de possibilité d’une démocratie directe entre le peuple et le président, mais en court-circuitant le parlement corrompu par la finance non régulée.
Mélenchon se met en mesure de sauver la république mais en utilisant l’arme des ultra-libéraux qu’est la désintermédiation. Mélenchon fait, au moins dans le discours, l’impasse sur la médiation parlementaire qui réalise l’unité politique de la nation. Sans un parlement qui le représente réellement, le peuple n’a aucune chance d’exister face aux puissances du business. Concrètement, sauf à utiliser l’article 16 de la constitution qui instaure la dictature présidentielle pour contourner les divisions et l’irresponsabilité du parlement, Mélenchon aura beaucoup de mal à trouver l’appui d’une majorité partisane cohérente pour faire appliquer qu’un seul petit bout de son programme par un gouvernement constitutionnellement responsable devant le peuple.
Sans une majorité parlementaire convaincue des objectifs de la France Insoumise, et a fortiori une majorité constituante, Mélenchon n’obtiendra aucune transformation de nos réalités politiques par sa seule éloquence à définir la justice et la démocratie. Les libéraux et les faux-culs se feront un plaisir de réduire le président Mélenchon à un ministre de la propagande.
Quels que soient les destins personnels de Mélenchon et de Hamon, la restauration de la démocratie en France dépend de l’élection législative du mois de juin.
Le fond du problème de la législative est dans la faillite objective des partis politiques. Le libéralisme financier a transformé tous les partis en agences de crowd funding et de lobbying. Les partis produisent des éléments de langage pour moissonner de l’argent et des suffrages hors de toute réalité politique, sociale ou économique. Le seul moyen de surmonter la faillite des partis est le contrat de confiance directe entre le peuple et l’élu présidentiel du suffrage universel national. Mais l’objet du contrat doit être la restauration du débat politique par des partis qui soient indépendants des puissances d’argent.
Macron, Hamon et Mélenchon sont tous les trois à la recherche d’une recomposition du système partisan. Macron pour capter le pouvoir hors des partis et de la politique. Hamon et Mélenchon pour restaurer la politique au service du peuple et de la démocratie. Si les Français n’ont pas renoncé à la réalité de leurs droits dans la démocratie, alors Benoît Hamon est en position de ressusciter un parti de la société et de la socialité face aux adeptes de la guerre de tous contre tous ou de l’enfer chez les autres pour le paradis chez moi.
D’où l’on discerne qu’une cinquième république totalement renouvelée dans son existence pourrait mener la révolution de la démocratie en Europe avec Mélenchon à la présidence de la République et Hamon en chef du gouvernement investi par une majorité parlementaire engagée dans la démocratie réelle. La première réforme engagée serait celle du revenu universel, c’est à dire le régime de la subordination de la finance, de la fiscalité et de l’entreprise au bien être général.
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