Billet invité.
2017 s’annonce plus que jamais être une année électorale au cours de laquelle les cartes vont être bien battues, mais pour quel résultat ? Mariano Rajoy pourrait à son tour convoquer des élections anticipées. L’Espagne rejoindrait l’Allemagne, la France, et l’Italie, une fois passé le congrès du PD et le retour en première ligne de Matteo Renzi en avril prochain.
Martin Schulz a été désigné par 100% des délégués à la conférence du SPD pour affronter à l’automne Angela Merkel qui concourt pour son quatrième mandat. Dans la foulée, un premier sondage a donné d’une courte tête la première place à une coalition « R2G » (SPD – Die Linke – Grünen), annonçant une lutte serrée. Bien que ne représentant pas la gauche du SPD, comme Oskar Lafontaine en son temps, Martin Schulz entend revenir sur les réformes Hartz du marché du travail de Gerhard Schroeder, l’Allemagne étant confrontée à un important phénomène de « travailleurs pauvres » grâce auquel elle peut afficher un bas taux de chômage.
Que pourrait-il être attendu de sa victoire au niveau européen ? Martin Schulz n’est pas un tenant du dogme ordo-libéral mais ne remet pas en cause le traité fiscal base de la politique européenne. Il pourrait toutefois se révéler ouvert aux propositions françaises de gouvernance de l’eurozone, par opposition à Angela Merkel qui se satisferait très bien du statu quo, ainsi qu’à l’affirmation d’une politique de relance, et cesser les manifestations intransigeantes sur le mode si prisé par Wolfgang Schäuble.
Jeroen Dijsselbloem cherche un soutien auprès de ce dernier. Son parti écrasé aux Pays-Bas, le président de l’Eurogroupe va perdre son poste de ministre des finances. Va-t-il par conséquent devoir ou non rendre son tablier avant la fin de son mandat en 2018 ? Manifestant son allégeance au tout puissant ministre allemand, il préconise que la BCE cesse sa participation à la « Troïka », car elle n’est pas dans son rôle, et que la Commission ne soit plus chargée de la surveillance des budgets gouvernementaux. Un organisme indépendant à constituer devrait selon lui en être chargé, au rôle présenté comme purement technique.
Mariano Rajoy n’était pas pressé, mais va-t-il longtemps pouvoir éviter de convoquer des élections anticipées ? Il dépend de l’abstention du PSOE aux Cortes, les voix de Cuidadanos et du petit parti National Basque ne suffisant pas à lui fournir une majorité, et cela devient intenable. Or son budget 2017 a été retoqué par la Commission, et il doit en présenter un autre. Il s’est donné jusqu’en juin prochain pour y parvenir. Pourquoi le PSOE, qui est engagé dans une lutte interne pour le poste de secrétaire général qui devrait aboutir en mai prochain, l’aiderait-il à passer ce cap ? Pour tout compliquer, une convocation des électeurs ne devrait pas se télescoper avec le projet catalan d’organisation unilatérale d’un referendum sur l’indépendance, en septembre prochain. En effet, pas question pour Mariano Rajoy de se retrouver à la tête d’un gouvernement chargé des affaires courantes à ce moment-là. La situation est très indécise.
Elle se complique encore en Italie, après la sécession février dernier d’une quarantaine de députés du Parti démocrate (PD). Tous les opposant à Matteo Renzi, qui poursuit sa tentative de reprendre la main sur son parti, ne l’ont cependant pas quitté, certains pensant que seul le PD peut barrer la route au Mouvement des 5 étoiles et empêcher la progression de la droite. Une fois tenu son congrès en avril et élu son secrétaire général – un poste auquel concourent Matteo Renzi et deux autres dirigeants du parti – le PD amoindri pourra-t-il s’imposer lors de prochaines élections dont la date n’est pas fixée ? C’est seulement le cap de ce congrès dépassé que l’on disposera d’une vision plus claire de la suite.
Seule la situation portugaise continue de détonner dans ce contexte européen également marqué par les élections hollandaises. Menant une expérience de gouvernement minoritaire soutenu par l’extrême-gauche et le parti communiste, le parti socialiste se voit gratifier de 40% des suffrages dans les sondages, les partis de droite chutant.
La crise européenne se poursuit et aucune force n’apparait qui serait porteuse d’un plan B. Les négociations du Brexit vont occuper les esprits et les guerres commerciales s’approfondir. Et, plus que tout autre phénomène aux effets désastreux, les inégalités sociales vont s’accentuer, aucun des mécanismes les produisant n’ayant été enrayé.
Quelles circonstances?! De toute façon, le Japon était prêt à capituler quand il s’est pris les bombes sur la tronche!…