Billet invité. Ouvert aux commentaires.
La nature et la finalité du travail cristallisent l’opposition entre libéraux et démocrates dans le débat électoral français. Les libéraux posent le travail comme un coût dont l’utilité négative est de séparer les gagnants des perdants dans l’incontournable compétition mondiale pour accumuler de la puissance de possession en plus-values monétaires. Les deux candidats de « gauche » prennent le catéchisme libéral à contre-pied par deux affirmations apparemment contradictoires : que le travail doit être rémunéré comme vraie cause de la prospérité ; que le travail doit être économisé et partagé dans sa finalité au bien-être de tous.
Jean-Luc Mélenchon veut remettre tout le monde au travail au service du développement durable tandis que Benoit Hamon insiste sur la redistribution des revenus au bénéfice d’un travail moins intense du fait de la mutation technologique issu du capital accumulé. Les deux visions se focalisent sur le capital réel avant sa représentation financière et les spéculations néfastes qu’elle induit dans le régime de la liberté privée. Les deux visions constatent qu’un certain type de travail est en train de disparaître : celui qui a pour fonction de simuler une valeur sans réalité à seule fin de feindre une contrepartie aux signes monétaires qui prouvent la mesure de la plus-value capitaliste. Ce travail-là disparaît parce que les robots sont infiniment plus efficaces que les humains à produire les signes virtuels auto-référencés qui soient immunisés des erreurs et des errements de l’existence humaine libre.
Pour le moment le discours et le style de Mélenchon expliquent beaucoup mieux que Hamon que le travail ne manque pas au service de la satisfaction des besoins humains et de la régénération du milieu naturel. Par son parlé vrai et concret, Mélenchon s’est placé au coeur du sujet de l’élection présidentielle française : poser les objets économiques et sociaux de la politique et faire entendre la finalité d’une responsabilité politique ancrée dans la réalité objective. La France Insoumise s’adresse à ses concitoyens qui sont les sujets de l’économie du réel. Fraichement émancipé des institutions moribondes de l’économisme libéral, Hamon est encore englué par les intérêts partisans et par le marchandage des éléments de langage. La cour bruisse à Versailles pendant que le peuple de Paris n’a plus de pain.
Comme en 1789, le coeur de l’Europe bat en France. Toutes les capitales européennes sont absorbées par leur petit business de cour indépendant de la vie du peuple. Tant qu’il ne se passe rien à Paris, tout va bien en Europe même quand le peuple n’a plus de travail et quand les caisses publiques sont vides. La vision hexagonale de Mélenchon est pragmatiquement justifiée par l’histoire. Le discours européiste est de fait un leurre tant que les nations ne forcent pas les États à servir les peuples. Mélenchon nous rééduque à l’Etat de droit et à la démocratie en nous faisant chanter la Marseillaise et l’Internationale.
Si Mélenchon est élu, l’assemblée constituante se dispersera dans les sables du désert après avoir adopté les propositions de Benoit Hamon : mandat présidentiel non renouvelable de sept ans, autonomie et indépendance du travail législatif, responsabilité parlementaire effective du gouvernement, contrôle plus direct des citoyens sur leurs représentants dans les pouvoirs locaux, nationaux et européens. Concrètement et pratiquement, il n’y aura que Benoit Hamon pour conduire le gouvernement de la France dans la construction d’une Europe des démocraties. C’est Hamon et ses conseillers qui maitrisent les techniques constitutionnelles, juridiques, fiscales et financières qui permettront d’appliquer le programme politique de la France Insoumise. Les peuples d’Europe suivront, y compris les Allemands, par peur du vide sidéral issu de l’effondrement de l’anarchie financière libérale révélé dans le krach des subprimes.
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