Billet invité. Ouvert aux commentaires.
En attendant le premier débat télévisé qui nous sortira peut-être de notre torpeur, ces élections présidentielles sont tout simplement déprimantes. Fillon est la marée noire qui pollue toute l’élection ; sa candidature se normalise, malgré les fuites qui étendent sans cesse la surface de la tache.
Son propre camp, pris en otage, semble tétanisé. À droite, ceux-là mêmes qui estimaient que sa candidature n’était plus tenable s’avèrent incapables du sursaut moral qui sauverait au moins l’honneur de leur camp ! Aux dernières nouvelles, Fillon s’en va chasser sans complexes sur les terres du FN, jouant son va-tout pour être présent au second tour. Rien ne semble l’arrêter dans sa folle fuite en avant. Cela a tout d’une farce tragique !
Curieusement, et à rebours de mon sentiment initial, plus les choses vont, plus j’éprouve de la sympathie pour Mélenchon. Sa combativité est plus grande que celle de Hamon, son alter ego. Celui-ci a le défaut d’être trop gentil et les sautes d’humeur de Mélenchon apparaissent du coup comme une qualité ! Il ne semble pas y avoir chez Hamon de réelle envie d’aller à cette élection pour y faire gagner la gauche de gouvernement. Étant un moment apparu comme un médecin généraliste, il donne davantage l’impression aujourd’hui d’être un simple chasseur de niches électorales.
Mélenchon de son côté est en retard d’une guerre sur le plan des idées, même si son programme est véritablement de gauche à bien des égards. Lui aussi peine à rassembler au-delà de son camp, bien qu’il se soit mis à l’écologie avec allant. De lui aussi on peut se demander s’il tient vraiment à gagner ces élections.
Je renvoie donc les deux candidats dos à dos, jusqu’à ce que le miracle ait lieu. Je crois encore possible qu’à l’amorce du dernier virage de la présidentielle, ils fassent l’un et l’autre le constat que, sans accord, ils vont bel et bien droit dans le mur et qu’avec eux, c’est la gauche de gouvernement qui, tout entière, va droit dans le mur, nous livrant alors en pâture pour cinq ans aux politiques au choix peu engageante, régressive, voire très inquiétante de Macron, Fillon ou Le Pen.
S’ils se cantonnent dans l’ignorance de l’autre, j’appartiendrai sans doute au parti des pêcheurs à la ligne, et ils porteront la lourde responsabilité d’avoir fait perdre la gauche alors que par les temps qui courent, les années comptent double. Autant dire que l’après-présidentielle serait dans ces conditions pour la gauche de gouvernement un champ de ruines : peut-on vraiment se permettre – comme si l’on avait l’éternité devant soi – de gâcher encore cinq longues années avant de repartir – dans le meilleur des cas – sur de meilleures bases ?
Encore un effort MM. Mélenchon et Hamon ! Cessez d’offrir de vous un portrait plus médiocre que la personne que vous êtes !
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