Billet invité.
Une paire de sondages électoraux en Allemagne ont suffi pour laisser entrevoir une nouvelle perspective politique européenne : le candidat du SPD Martin Schulz pourrait l’emporter sur Angela Merkel à l’automne et prendre sa place. Ce n’est pas fait, bien entendu, mais l’impressionnante progression du score du SPD montre qu’il ne s’agit pas d’un accident de parcours. Ses effets potentiels créeraient une ouverture dans un monde verrouillé.
Martin Schulz imprime un cours nouveau au SPD en mettant en cause les réformes du travail de l’ère Schroeder, qui étaient jusqu’à maintenant intouchables. Et il crée un appel d’air. Devant la faiblesse des scores du CDU/CSU, et l’effet de leurs divisions aggravées – qu’ils minimisent maintenant – l’hypothèse d’autres formules de coalition étaient apparues, notamment avec les Verts qui semblaient s’y prêter. Une toute autre coalition regroupant Die Linke et Die Grünen avec le SPD pourrait résulter de sa poussée, si elle se confirme. À sa manière, elle serait le pendant de la victoire de Jeremy Corbyn au sein du Labour, de celle de Benoît Hamon dans le cadre des primaires socialistes, ainsi que de la décision du parti socialiste portugais d’Antonio Costa de s’engager au gouvernement avec le soutien du parti communiste et du Bloco d’extrême-gauche. La social-démocratie était donnée pour morte et enterrée, mais le cadavre est toujours vivant (ce qui ne retire rien aux critiques qu’elle mérite amplement).
Autre manifestation de la profondeur de la crise politique italienne, Silvio Berlusconi pourrait tirer les marrons du feu en raison des reclassements en cours, lors d’élections qui ne pourront avoir lieu qu’à l’automne prochain ou au printemps 2018. Une scission anti-Renzi est consommée au sein du parti démocrate, une autre faille va s’approfondir sous l’action de ceux qui préfèrent se battre de l’intérieur. Son pari de remporter les nouvelles élections dans le but de s’allier avec Forza Italia de Silvio Berlusconi pourrait se révéler un mauvais calcul, ce dernier pouvant préférer une coalition avec son ancien partenaire, la Lega, auquel viendrait se joindre Fratelli d’Italia. Tout reste possible dans un système dont la prime de stabilité – sous forme d’un gros paquet de sièges supplémentaires – est inaccessible car actionnée par un seuil trop haut placé des voix (40%), et qui reste fondamentalement régi par la proportionnelle.
En tout état de cause, les appétits s’aiguisent et le problème reste entier : comment respecter des promesses de mesures sociales nécessaires pour l’emporter dans le cadre budgétaire restreint qui continue de prévaloir ? Matteo Renzi a déjà usé de tous les subterfuges possibles pour le rendre flexible, avec la complicité de la Commission…
Les hautes autorités ont trop crié victoire devant les caméras à propos de la Grèce. La rencontre entre Angela Merkel et Christine Lagarde n’a pas tout réglé, et la participation du FMI au 3ème plan de sauvetage n’est toujours pas acquise. Or Wolfgang Schäuble a déclaré que sans celle-ci, ce plan était mort… Il était espéré que le FMI accepte de revoir à la hausse ses prévisions d’excédents budgétaires, et que les créanciers entérinent une restructuration de la dette sans décote en jouant sur les taux et le calendrier de remboursement. Las, les bords de la plaie ne sont pour l’instant pas rapprochés et le gouvernement grec, qui a tout fait pour passer l’épreuve n’y est pour rien !
Une brève incursion dans la politique française s’impose. La réaction des marchés de la semaine dernière a reflété une inquiétude montante devant la possibilité d’une victoire de Marine Le Pen. Le maintien de la candidature Fillon fait prendre ce risque, de nombreux électeurs de gauche risquant au second tour de ne pas faire barrage en votant pour lui s’il y parvient, vu le cours qu’il a imprimé à sa campagne. Enfin, la désunion à gauche – quelles que soient les raisons que l’on a de la justifier – condamne celle-ci à ne pas jouer son rôle. Elle peut prétendre au second tour et placer les électeurs des autres candidats que Marine Le Pen devant un sacré choix ! Le temps des certitudes et du duel Sarkozy – Le Pen apparait désormais bien lointain !
Le verrou que présente le traité dit « de stabilité » va-t-il pouvoir sauter et comment ? Ce qui pourrait desserrer le blocage allemand représenterait une contribution à ne pas négliger, toute affirmation d’une autre Europe se devant non seulement de décrire l’objectif mais aussi les moyens d’y parvenir.
Le danger ne vient pas seulement de D.Trump, mais plus particulièrement de son ‘oligarque’ E.Musk, et l’on comprend mieux maintenant…