Si nous étions des dauphins…, par Patrice Brient

Billet invité.

Si nous étions des dauphins, nous serions des mammifères retournés à la mer nourricière, dotés d’une silhouette joliment hydrodynamique et d’excellentes prédispositions pour l’apnée.

Mais là n’est pas le propos, même si l’expérience de pareilles capacités doit être sacrément grisante. Car ce qui nous caractériserait, aussi, serait situé dans notre crâne.  L’avant de celui-ci disposerait d’un sonar naturel extrêmement perfectionné. Ce 6ème sens, qui ne s’est, chez les cousins terrestres, véritablement développé que chez les chiroptères (pas vraiment terrestres, soit dit en passant…), nous offrirait la capacité de nous orienter très efficacement dans les eaux sombres ou turbides. Mais surtout, il serait aussi un véritable appareil d’échographie naturel, nous permettant de distinguer, à travers leur peau, l’état physique (maladies, blessures, réceptivité sexuelle…) de nos semblables, et aussi les manifestations en temps réel de leurs états émotionnels (rythme cardiaque et respiratoire, tensions musculaires…). Je dis “de nos semblables” au sens large, car nous serions même capables de percevoir dans une certaine mesure ces états chez des espèces proches, telles la panique du nageur imprudent, ou l’allégresse de l’otarie à la chasse.

Un formidable instrument de mesure, donc, que ce sonar, couplé à une unité de traitement à la hauteur, comportant :

  • Un cortex auditif extrêmement sensible, capable de traiter les informations du sonar avec une résolution inférieure à 1 mm.
  • Un cortex paralimbique surdéveloppé, alors qu’il est très réduit chez homo sapiens, dédié exclusivement au traitement des émotions.
  • Des neurones en fuseau en grand nombre, liés une très forte capacité d’empathie.

Avec tout cet attirail sensoriel et cérébral, nous serions en permanence connectés à nos semblables, altruistes au point de ne pas hésiter à nous mettre en danger pour nos congénères en détresse, et même la souffrance d’espèces différentes pourrait nous affecter à un niveau insupportable.

Si nous étions des dauphins, j’imagine qu’il n’y aurait ni dictatures, ni oligarchies, ni fanatisme meurtrier, ni égoïsme de classe, et pas non plus de delphinus œconomicus.

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