Billet invité.
Eureka ! Par Toutatis ! Par Harpagon pleurant sa cassette, comment n’y avons-nous pas pensé plus tôt ?
Ou plutôt par Jarry, ô Alfred, tu n’as pas suspendu assez ton vol :
Ubu nous avait introduit à la pompe à Phynance, mais tout fascinés que nous étions par les pompes à essence, nous n’avions pas réfléchi. Comme disait Vian, « Et je n’me suis pas rendu compt’, Que la seul’ choz’ qui compt’, C’est l’endroit où s’qu’ell’ tombe » disait-il de sa pompe atomique.
Dans le monde tel qu’il est, celui du r>g de Piketty, des inégalités qui s’accroissent, les successeurs de Gilens et Page vous le disent tout net : suivant Ferguson et al., ici, la corrélation du résultat des élections américaines (House et Senate), c’est avec l’argent, l’argent et encore l’argent. Et s’il est un peu difficile de savoir combien il y a de « Dark Money », on s’attèle à la tache par la crème des méthodes statistiques bayesiennes, et les variables cachées voient leurs rôles dévoilés. Notamment les grandes compagnies, dont on prétend que les dons politiques, au fond, montrent qu’elles « tendent vers le centre », tendent en fait vers l’extrême, et donc vers le Tea Party aux USA.
La pompe est en place, elle arrose, les gouttes d’eau brillent au soleil, l’électeur se pose mille questions:
Fillon ? Déjà penelopo-cahuzaquisé, Euripide ajouté à Jarry.
Juppé ? Que mille peaux de bananes éclosent sous ses pieds.
Marine, que rien ne trouble ? trop de roubles tuent le rouble.
Et le plus nimbé d’une sainte bruine?
Notre Cid dont nous nous sentons tous Chimène,
Lui vainqueur de la Hollande,
Lui dont la valeur n’attend pas l’ombre d’une année
Minc, Minc Minc Minc alors, oui c’est Macron.
Voilà bien de quoi confirmer que saint Prix et saint Cot(s) (les deux patrons de l’église de St Bris le Vineux) sont aux commandes :
« Et sur ce Macron j’arroserai mon pognon », nous dit donc l’évangile suivant Ferguson, qui connait nos ubulletins de votes aussi bien que nos reins et nos coeurs.
De profundis electionii ?
Du fond de l’abîme, Gilgamesh Ubu a pourtant ubune solution à ce vice qu’on croit sans fin. Car les sous, on les voit arriver, ça se passe, on le sait, chez Mme Zeubanque.
Qu’on s’avise donc d’autoriser, dans la VIIIIIIIIème république, l’État à faire de menues statistiques de suivi des populations : identifions les comptes en banque par tranche de richesse, que chaque banque soit tenue de dévoiler son histogramme de population : Moi Uberbank, j’ai 5% de clients de revenus < 6000 euros/an, puis 15% de moins de 10000 euros/an, puis 14% de moins de 15000, etc.
Qu’on séquestre une part des sommes (stock) ou des entrées (flux) du quantile supérieur, le « 1% », d’une année sur l’autre comme gage « à la mémoire d’Alfred Nobel », comme on dit à Chicago. Peut-être même l’aiguillonnera-t-on un peu plus, ce 1%, si on met aussi en otage quelques portions apéritives des stocks ou flux des 9% suivant, tant qu’à se faire bien comprendre via les sourcils froncés des gueux qu’on croise encore.
Puis, par le truchement d’une assemblée dûment informée, qu’il soit déterminé à l’issue de l’année en cours, ce qu’il en a été des flux des 10% du bas. Et du 1% du haut, bien sûr.
Et qu’alors, Ubu actionne sa Pompe à Phynance : Si d’aventure, en quelque année de crise 2108, les revenus des 10% ont baissé plus que ceux des 1% (voire que ces derniers ait augmentés, coutume anthropologisée par Piketty ou Stiglitz 100 ans avant), pas de chance, on prélèvera sur la part séquestrée suffisamment de sous pour qu’il y ait — comment dit-on solidarité déjà ? — « inversion de la courbe » : que les 10% ne s’appauvrissent maintenant que dans les modestes proportions qui ont été celles, « brutes », du 1%, et que le 1% le plus riche soit lui ramené, manu computari, ubu et orbu, à la cure d’amincissement qui a affecté en brut les 10% les plus pauvres. Ubiketty (un saint frère d’Alfred Jarry) se chargera d’expliquer les détails de ce qui survient entre ces deux catégories.
Ainsi doncques, les législateurs de la VIIIIIIIIIIème république n’auraient aucun mal à comprendre, même en n’ayant que des riches à l’oreille, qu’ils doivent légiférer un peu autrement que suivant le tropisme de l’argent que décrivent Ferguson et al.
Et que consentir à l’amélioration de l’ordinaire des 10% ou 30% les moins favorisés est la seule façon pour les fortunés d’espérer quelque accroissement. Certes, pas dupe de l’hubris des hommes et de leur attachement au symbolique, les législateurs — bien inspirés d’Ubu et de Jarry — souhaiteraient qu’un peu de patrimoine échappe peut-être à ces manières Pompeuses, que quelque frustes ostentations puissent ainsi leur tenir lieu de chapeau à plume : détails dont les Jarry du moment sauront s’accommoder.
Mais comme tout Eureka cassant sa coquille, il lui faut deux ou trois après-coups pour avoir droit d’ubicité.
(suite) (« À tout seigneur tout honneur ») PJ : « il n’est pas exclu du tout que je me retrouve dans la…