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Une course est donc engagée entre deux tâches auxquelles le genre humain se consacre : d’une part, la destruction de ses propres conditions de vie sur sa planète d’origine et, d’autre part, la recherche de planètes lointaines qui se prêteront à ses projets de colonisation. Vu les caractéristiques des planètes de notre système solaire, il s’agira le plus probablement d’exoplanètes dans d’autres systèmes stellaires : vides en tout cas d’une autre espèce conquérante d’étoiles (s’il y découvre des « indigènes » d’un type quelconque, l’homme fera comme il l’a fait dans d’autres occasions : il se débarrassera d’eux ou les parquera dans des réserves).
Pour l’une et l’autre tâche, la conscience de l’homme est très floue qu’il s’y consacre bien : il sait qu’il rend sa planète inhabitable à son espèce mais il se satisfait de ne tenter d’y remédier que s’il peut satisfaire dans ses tentatives de sauvetage, un autre de ses besoins, autrement plus pressant de son propre point de vue : gagner de l’argent. L’homme sait qu’il a entrepris la conquête des étoiles mais ne se représente pas clairement comment le méliorisme médical qu’il cultive (visant de manière asymptotique à « vivre mille ans »), ni la création d’un être hybride, mi-biologique, mi-technologique (« cyborgisation ») constituent en réalité des processus subordonnés à la conquête des étoiles.
La ruse de la raison dont parle Hegel réside en ceci, que la finalité d’un processus historique humain est autre que celle que se représentent les hommes constituant ce processus par la conjugaison de leurs comportements individuels. Elle est donc à l’oeuvre de manière massive dans notre destin présent : les humains sont des « somnambules » au sens qu’attribuait Koestler à ce mot quand il qualifiait les premiers grands astronomes de « somnambules » : ils étaient convaincus de perfectionner l’astrologie, c’est-à-dire un système de divination superstitieux puisque le destin des hommes est en réalité impossible à prévoir, alors qu’ils mettaient au point en réalité l’astronomie, dont la démarche méthodologique servirait de modèle aux différents domaines de la recherche scientifique moderne.
La course engagée est une course de vitesse : pour réussir, il faut que la conquête des étoiles soit très avancée avant que la Terre ne nous devienne inhabitable.
La question ne se poserait pas dans des termes aussi dramatiques si l’existence de l’homme ne dépendait de conditions de vie à l’intérieur d’une bande extrêmement étroite de conditions typiques d’un environnement terrestre mais qui, à notre connaissance, ne se rencontrent sinon pratiquement nulle part ailleurs : absorption toutes les quelques secondes d’oxygène présent dans un air « non-pollué » de notre point de vue, consommation d’eau « potable » toutes les quelques heures, consommation, au titre d’aliments, de minéraux, végétaux et animaux « assimilables », c’est-à-dire aux propriétés chimiques très particulières.
Ceci dit, dans le cas de figure où la conquête des étoiles réussirait, il est impossible de dire aujourd’hui quel type de créature en serait l’auteur : il s’agirait soit d’êtres humains, soit de robots, soit d’êtres hybrides à qui ni le terme d’« homme » – créature purement biologique, ni le terme de « robot » – créature purement technologique, ne conviendrait parfaitement, celui de cyborg devant être privilégié. Que ce soit par des hommes à proprement parler semble exclu : l’homme est déjà très mal équipé pour survivre pour de longues périodes dans l’espace ou sur notre satellite la Lune (les cellules de notre corps se dégradent sous l’influence des rayons cosmiques [ou astroparticules] ; notre corps s’adapte aux conditions d’apesanteur et perd progressivement les propriétés nécessaires à un retour à la pesanteur). Restent les deux autres candidats : cyborgs ou robots.
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