Il y a dix ans, avec La crise du capitalisme américain, Paul Jorion était l’un des très rares spécialistes de la finance à lancer l’alerte en annonçant la crise des subprimes qui devait dévaster l’économie mondiale. Très récemment, c’est à une autre crise, encore plus formidable : celle de l’extinction possible de l’humanité, qu’il a consacré Le dernier qui s’en va éteint la lumière, un ouvrage qui a d’ores et déjà laissé sa marque.
Le capitalisme contient une machine à concentrer la richesse qui grippe l’économie et ne laisse plus en présence qu’une poignée de vainqueurs face à une armée de vaincus. La prétendue « science » économique est l’outil de propagande que financent ces vainqueurs : les économistes ne sont rien d’autre que les prêtres de cette religion féroce. L’État-providence, sous-produit de la reconstruction succédant à une guerre mondiale infâme, n’aura duré qu’une saison. Le robot et le logiciel ont évincé femmes et hommes d’un marché de l’emploi qui se rétrécit comme peau de chagrin.
Le verdict est sans appel : nous n’apprenons pas ! Le court-termisme règne en maître, la défense de privilèges exorbitants mais tout aussi bien médiocres bloque toute tentative de sauvetage. La finance et l’économie pouvaient être réformées au lendemain de l’effondrement global de septembre 2008, Nicolas Sarkozy y appelait dans son fameux discours de Toulon. Rien n’a été fait ! Si bien qu’aujourd’hui, se débarrasser du capitalisme est devenu pour l’humanité, une question de survie.
Si les leçons désespérantes à tirer de dix ans de réflexion sont innombrables, les messages d’espoir ne sont pas moins nombreux : oui, la spéculation peut être interdite comme autrefois, oui, l’État-providence doit être inscrit une fois pour toutes dans nos institutions, oui, la gratuité sur l’indispensable est le remède à la plupart de nos maux, oui, un projet européen ressuscité pourrait être le fer de lance d’un véritable redressement, oui, l’économie a besoin d’une constitution ! Seule la volonté fait défaut.
Anthropologue et sociologue de formation, Paul Jorion révolutionne depuis dix ans le regard que nous portons sur la finance et l’économie.
Au départ, il faut remplir certaines conditions au sein d’une nation pour s’engager dans une guerre. Un consensus maximal. L’union…