Billet invité.
En matière de déni de démocratie, il y a eu évidemment l’illustre précèdent du résultat, jamais respecté, du referendum français de 2005 sur la constitution européenne. Quand même, ce qui s’est passé en Grèce en ce funeste mois de juillet 2015, n’a pas son pareil dans l’histoire de l’Europe (anti-)démocratique. Jugez-en par vous-même…
La foule en délire devant le Parlement grec était en train de fêter l’écrasante victoire du Non à l’austérité, aux Memoranda et à la Troïka quand, à deux pas de là, le ministre des Finances d’alors, Yanis Varoufakis, entrait dans le Palais Maximou, et… restait figé, bouche bée : le noyau dirigeant de ses collègues, Premier ministre Tsipras en tête, offrait un spectacle à l’opposé de la liesse populaire de la place Syntagma. Tête baissée et répétant « et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? », les ministres du gouvernement de la « gauche radicale » (Syriza) semblaient désespérés et abattus par la victoire du Non. Un Non qu’ils avaient tant souhaité en public durant toute la semaine précédente ! (1)
Les événements qui ont suivi cette scène si didactique ont constitué un des dénis de démocratie les plus éclatants de l’histoire moderne. Moins d’une semaine (!) après le Non catégorique (61,5%) du peuple grec, le même Premier ministre et le même gouvernement de la gauche dite « radicale » qui avaient défendu ce Non publiquement de toutes leurs forces, acceptaient pratiquement sans conditions, toutes les exigences des créanciers du pays. C’était comme si le referendum n’avait jamais existé, comme si le peuple grec n’avait jamais exprimé sa volonté…
En réalité, tout avait été méthodiquement préparé et organisé pour illustrer et rendre crédible la célèbre phrase du président de la Commission J.-C. Juncker : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens »
D’ailleurs, comme le cas grec était devenu emblématique pour tout le monde (de gauche comme de droite), il fallait que la leçon soit exemplaire, dépourvue de toute ambiguïté, aussi claire et nette qu’un coup de massue sur la tête non seulement des pauvres citoyens grecs, mais aussi des citoyens de toute l’Europe !…
Nous voici donc au cœur de la question brûlante du déni de démocratie aux temps de la grande crise existentielle du capitalisme néolibérale. À la différence de ce qui se passait jadis ou même il y a encore une décennie, les besoins actuels du système lui imposent maintenant de pratiquer le déni de démocratie comme une provocation quasi quotidienne, de façon systématique et avec la plus grande arrogance, comme un défi lancé en permanence à ses malheureux sujets tentés par le désir de (lui) résister.
Quoi de mieux alors qu’un gouvernement de gauche, et même de la gauche radicale, pour faire le sale boulot et servir d’instrument de cette provocation ? La leçon donnée aux peuples européens devait être implacable et manifestement elle l’a été au-delà de tout attente de ceux d’en haut qui nous gouvernent.
Cependant, en ces temps de guerre sociale déclarée, de telles leçons doivent être répétées à l’infini et continuellement renouvelées. D’où la « mode » de nos gouvernements européens de contourner ou plutôt d’ignorer systématiquement les parlements, de gouverner par ordonnances sans même chercher à sauver les apparences ! En somme, de bafouer ce qui reste de « leur » démocratie parlementaire moribonde…
Mais, pour nos gouvernants il ne s’agit pas seulement de gouverner par ordonnances : l’entreprise de démolition du système parlementaire (bourgeois) exige de le rendre aussi inopérant, inutile et même ridicule que possible aux yeux de nos sociétés. D’où par exemple, l’« exploit » surhumain des 152 ou 153 députés de la majorité parlementaire grecque qui votent toujours « comme un bloc » en faveur des projets de lois de 1.000 ou 1.200 pages … qu’ils ont lus, compris et approuvés dans la seule nuit précédant le vote ! L’apothéose de la démocratie (bourgeoise) dans toute sa splendeur décadente…
Ceci étant dit, rien n’illustre mieux ce déni néolibéral de démocratie que le sort que nos gouvernants réservent habituellement au désir (bien légitime) de leurs sujets de connaître en profondeur ce qu’est et en quoi consiste la source de leurs malheurs, la tristement célèbre dette publique de leurs pays. Nous voici donc devant le désir populaire d’auditer cette dette publique qui nous accable, réalisé – dans le cas grec – par la très sérieuse Commission pour la Vérité instituée à l’initiative de celle qui était alors la Présidente du Parlement grec.
Comme il s’agissait d’une première européenne et la contagion se profilait à tout instant à l’horizon, ce sacrilège impardonnable, cette tentative de « pénétrer dans la zone interdite, dans le saint des saints du système capitaliste, là où, par définition, n’est toléré aucun intrus ! » (2), méritait toute la sévérité des gouvernants grecs et européens. Et la suite des évènements a confirmé les pires craintes. Non content d’ignorer les conclusions des travaux de cette Commission indépendante, internationale et tout à fait respectable, le gouvernement Tsipras, tous les partis parlementaires, les grands media et évidemment leurs patrons européens ont fait du zèle quand il s’agissait de la calomnier et même de la ridiculiser. Et pour compléter le tableau, le nouveau Président du Parlement grec procédait à la dissolution de la Commission allant même jusqu’à saisir ses locaux et ses archives ! Et comble de l’acharnement, il effaçait toute trace de son existence des registres de la chaîne parlementaire ! L’intrus non seulement n’avait pas été toléré mais il avait aussi été châtié de façon exemplaire pour que la Commission d’audit grecque ne fasse pas d’émules…
Après cette litanie d’horreurs antidémocratiques on serait en droit de se demander le pourquoi de cet extraordinaire acharnement antidémocratique, à première vue inexplicable. Ce n’est pas alors un hasard que la réponse la plus autorisée nous vienne de l’intérieur du saint des saints de l’Union Européenne, du cœur même de la Commission. Dans un rapport du très officiel Institut d’Études de Sécurité de l’Union Européenne, daté de 2010 et intitulé « Quelle Défense Européenne en 2020 ? » (3), on trouve écrit noir sur blanc, sous la plume d’un certain Tomas Ries, parmi les missions de l’U.E. : « Opérations d’endiguement : protéger les riches du monde contre les tensions et les problèmes des pauvres. Puisque la proportion de la population mondiale vivant dans la misère et la frustration continuera d’être très élevée, et les tensions entre ce monde et le monde des riches continueront de s’accentuer, avec les conséquences que cela suppose. » (p. 78) !
La conclusion n’est pas difficile à tirer et est plutôt évidente : quand les plus hauts dirigeants de l’U.E., son Président de la Commission et son ministre des affaires étrangères et de la défense font preuve d’un tel cynisme avouant publiquement et sans mâcher leurs mots que l’UE s’en fout éperdument de la démocratie parce qu’elle se soucie en toute priorité de protéger les riches de la colère des pauvres, alors personne ne pourra dire que nous n’avons pas été prévenus.
Quand ceux d’en haut déclarent la guerre sociale à ceux d’en bas, la démocratie devient inexorablement un luxe réservé à l’oligarchie … mais aussi un cri de guerre des opprimés.
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1. Interview de Varoufakis aux medias australiens (13 Juillet 2015)
2. Voir le texte « Face à la dette : l’appétit vient en auditant »
40 réponses à “Grèce : La démocratie introuvable ! par Yorgos Mitralias”
Face à la dictature, quelle autre alternative que la violence ?
Mouais, fais pas comme les Syriens alors, assure toi vraiment d’abord d’avoir vraiment des soutiens extérieurs vraiment puissants et vraiment loyaux…
@ Vigneron
Enfin ça fait du bien de lire de tels propos, grazie mille !!!
Les soutiens extérieurs aux syriens sont puissants et loyaux.
Faut suivre et pas roupiller.
Le Hezbollah, les pasdarans et l’armée russe ? Certes. Quoique, loyaux… et à qui…
Lorsque elle provient de soi, la violence a très souvent, dans un premier temps, l’effet tant escompté.
http://www.cadtm.org/Face-a-la-dette-l-appetit-vient-e
Je résume (lu en diagonale)
Passer de le rente financière à la rente sobriétaire (faire mieux avec moins)
A force de compliquer les choses, vous embrouillez la situation.
Vous faites le jeux de ceux que vous combattez.
A ne pas lire en diagonale… ce qui suit est fait en mon nom , en notre nom à chacun , en notre nom à tous..
« Pour qui se soucie de la stabilisation durable des finances publiques grecques, l’opération Fraport représente de toute évidence la pire des options possibles. On pourrait en dire de même de la plupart des dix-neuf privatisations (gaz, électricité, port de Salonique…) engagées ou programmées ; à l’exception peut-être du secteur de l’immobilier d’État, où les investisseurs privés semblent vouloir utiliser leurs achats à des fins à peu près utiles.
On aurait tort d’en déduire que la conservation du secteur public tel qu’il fonctionnait auparavant aurait été la solution idéale. Mais, entre les soldes pour prédateurs internationaux et l’économie du clientélisme, il y avait de la place pour une troisième option. »
in:
http://www.monde-diplomatique.fr/2016/07/KADRITZKE/55954
Edifiante la lecture du rapport « Quelle Défense Européenne en 2020 ? » , la partie de Ries.
Quelqu’un sait comment on peut se faire embaucher et rémunérer avec ce profil pour faire des rapports de ce genre ou donner des cours/conférences dans le même esprit ? Faut que j’envisage ma reconversion, y a pas de raison que je bouffe pas au râtelier moi aussi… Y a bien l’appareil politique du parti FN, malgré le côté PME familiale, si ça monte encore, mais ça fait un peu sale et c’est pas très glamour (enfin pour l’instant).
Docteur de l’Institut universitaire de hautes études internationales de Genève et B.Sc. Économie LSE, formalités.
Sinon, sources de Mitralias :
https://www.wsws.org/fr/articles/2014/aou2014/euro-a25.shtml
Quelle place réserve-t-on à Ries dans une démocratie ? Comment peut-on en arriver à écrire de telles choses ?
Je me répète, nos dirigeants ne savent pas diriger. Pourtant, on croise tous les jours des personnes qui savent diriger, qui retirent des émotions positives, non pas d’un passage en force, de l’imposition aux autres de leurs décisions.
Je demanderais bien à nos dirigeants de se faire évaluer par des psychologues et de produire, et leur patrimoine, et leur état psychologique, avant toute élection.
Le ménage sera rapide.
C’est de la fiction bien entendu. Pour ma part, je ne voterai plus jamais pour une personne dont le seul mobile (peu apparent) est d’imposer ce qu’il a dans la tête.
Containment militaire/Plan Marshall, Kennan.
http://www.encyclopedia.com/social-sciences-and-law/political-science-and-government/military-affairs-nonnaval/containment
Attends, y a besoin d’aller étudier en Université pour penser et écrire comme ce Mooonsieur ? Parce que moi je l’ai lu le rapport en question, tout spécialement la partie de Ries. Bon je veux bien, je fais plus de fautes certainement et ma syntaxe laisse à désirer, mon vocabulaire est moins étendu et le déroulé de ma pensée plus chaotique, je le concède et même pire.
Mais franchement pour chier une analyse aussi bêtement évidente que ce que ce mec a écrit, je trouve aberrant d’être obligé d’aligner un CV de cette nature, à Genève en plus, au prix du m2 ! J’en ponds dix par jour tout aussi percutantes en me lavant les dents tout en faisant caca chaque matin. Croyez bien que ce n’est pas ce dont je suis le plus fier, parce que je me déteste profondément lorsque mon esprit malade sort un truc pareil au dessus des gogs, bien que l’endroit soit approprié, j’ai l’impression de perdre mon humanité ! Un petit coup de chasse d’eau et tout redevient propre et clair, si ça résiste faut prendre la balayette… Enfin tout ça n’honore pas vraiment l’Union de payer une merde pareille, c’est mon avis et je suis bien d’accord avec moi même. Et je vais être consultant pour l’UE, c’est décidé, ça a l’air pas trop compliqué comme job, surtout en stratégie de défense, je me défends bien même mieux. De ce pas j’écris un article pour le Blog de PJ ! Oui monsieur, pour BJ !
» une analyse aussi bêtement évidente que ce que ce mec a écrit, je trouve aberrant d’être obligé d’aligner un CV de cette nature, à Genève en plus, au prix du m2″
Rentes et privilèges
« Discréditée par ses excès et son radicalisme, la critique du Système avec un grand S n’en pointe pas moins de véritables dysfonctionnements et travers à corriger. “Il est difficile de nier que la situation du pays est bloquée depuis plusieurs années. Aucun groupe ne veut lâcher ses rentes et avantages acquis empêchant toute évolution”, analyse Charles Wyplosz, qui poursuit : “Nous vivons dans une société de privilèges – petits et grands – dans laquelle les ‘charges’ se transmettent de façon héréditaire comme sous l’Ancien régime”, analyse-t-il. La préférence française pour la préservation du statu quo et l’incapacité à se réformer : voilà l’origine profonde du mal français. Les pesanteurs sont multiples. Il y a d’abord le culte des diplômes. “En France, le diplôme est un code barré pour la vie sur le front des individus. La reproduction des élites trouve sa source là”, analyse François de Closets. »
http://www.lenouveleconomiste.fr/cest-le-systeme-idiot%E2%80%89-33122/
Tout est dit, p. 73 :
« Pour l’UE, qui fait partie de la communauté postmoderne dominante, chacune de ces catégories présente un défi différent. Avec les sociétés transnationales, nous devons trouver une relation symbiotique. Celles-ci exercent un pouvoir économique et technologique toujours croissant, dont découlent d’autres formes de pouvoir. Elles ont cependant besoin de l’État et l’État a besoin d’elle. Au sein de la communauté postmoderne, nous devons veiller en partie à ce que notre système mondial dominant ne s’effondre pas (pensons à la crise économique actuelle) et en partie à nous unir afin de mettre en œuvre une stratégie commune nous permettant de faire face aux défis mondiaux qui nous sont communs. «
La démocratie introuvable ! Pourriez-vous nous expliquer ce que devrait être une démocratie idéale et comment elle devrait fonctionner dans ses grandes lignes ?
Si la dictature a effectivement bien fonctionné, dès qu’on parle de démocratie, je me crispe.
Ce mot renvoie, dans mon esprit, à quelque chose d’inatteignable, à un rêve. Quand on veut lui donner de l’épaisseur, comment fait-on pour échapper à la dictature de la majorité, c’est à dire de 50,00001%, ou des 2/3, ou des 4/5 ou du 1/100 ?
Ce que vous décrivez est la démocratie bull-doser, la démocratie vengeance des pays sous développés, par exemple en Egypte quand Morsi et ses frères en Islam sont devenu majoritaires. Ils ont tout raflés et tout contrôlé. Il s’est même dit qu’il avaient nommé gouverneur d’une région le frère qui avait organisé un assassinat de masse contre des touristes. Si c’est pas vrai, c’est bien inventé.
Alors que la Démocratie est simplement le respect scrupuleux des minoritaires. Convaincre plutôt que contraindre. Ainsi, il est de tradition que le Président US nomme à des postes importants des opposants.
@Daniel,
Pas mal dans l’esprit Respect scrupuleux des minoritaires
J’aurais acheter presque si je ne l’avais pas testé le principe aux plus riches, les minoritaires de la planète.
Donc, on sent bien la finalité mais la formulation n’est pas adéquate.
Tout n’est pas acceptable, mais comment définir l’inacceptable ?
Les inégalités existeront toujours, un gouvernement démocratie est un gouvernement dont la politique vise à les réduire, à gommer leurs conséquences, à la vitesse nécessaire, très vite pour les plus inégaux, à une vitesse solvable pour les autres.
C’est pour cela que j’aime bien la notion de monde apaisé : pas, plus de conflits armés, plus de famine, etc…
Pas facile tout ça. Certains ont très certainement une réflexion aboutie sur ce sujet qui est au centre des réflexions d’un bon nombre d’entre nous.
etc….
Happy new year !
Effectivement, les dirigeants de l’UE n’étaient pas prêt à revenir sur des traités qui constitutionnalisent l’austérité afin de redresser les taux de profit du capital, et sauver leurs maitres menacés par la concurrence internationale de plus en plus vive.
En face d’eux, un peuple grec prêt à se défendre, refusant par référendum cette dictature mais trahi par le politicien Tsipras. Depuis, j’ai suivi ici presque au jour le jour le calvaire du peuple grec. C’est terrible: voir cette mine d’articles: http://www.anti-k.org/?s=grèce
Le pire pour nous, c’est que Tsipras a été encensé en France par une certaine gauche radis, qui aime se présenter comme radis(cale), et qu’elle nous propose un projet, qui ne va pas plus loin. Voir ceci par exemple: http://wp.me/p5oNrG-uub
@Charles
La constance de votre engagement est remarquable et sans surprises. J’ai cependant l’impression que vous dépensez ici beaucoup plus d’énergie à dénoncer ce que vous considérez comme une « fausse gauche radicale » plutôt que vos adversaires les plus dangereux que sont la droite et l’extrême-droite. A moins que vous ayez encore l’illusion de croire que l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement fascisto-conservateur puisse être le déclencheur d’une révolte populaire et de l’avènement du grand soir. Stratégie on ne peut plus périlleuse qu’on me servait déjà il y a fort longtemps lors de ma jeunesse estudiantotrotskiste, avec les succès que l’on connait.
… »A moins que vous ayez encore l’illusion de croire que l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement fascisto-conservateur puisse être le déclencheur d’une révolte populaire et de l’avènement du grand soir.
Stratégie on ne peut plus périlleuse qu’on me servait déjà il y a fort longtemps lors de ma jeunesse estudiantotrotskiste, avec les succès que l’on connait« .
On ne peut mieux dire… mais je crains que ce ne soit vain!
Il est parfois téméraire d’inventer ce que les autres pensent. Je pense exactement l’inverse de ce que vous osez me prêter.
Ce n’est pas l’arrivée d’un « gouvernement fasciste-conservateur » qui déclencherait nécessairement une révolte populaire.
Par contre, seule une révolte populaire permettra que la crise en cours se termine par ce type de gouvernement.
Et la gauche radis(cale), en fait radis, c’est à dire qui n’apprend rien de l’histoire, avec son projet de « révolution par les urnes », ce qui n’a jamais eu lieu nulle part, plus la remise au placard d’une alternative non capitaliste, c’est à dire socialiste, laisse le boulevard de l’alternative au fascisme.
C’est ce que l’on observe dans plusieurs pays, dont la France. Il est grand temps de se réveiller, urgent même de mettre de côté les policiers professionnels réformistes en fin de carrière.
C’est la raison de l’appel présent lancé par le président du CADTM Eric Toussaint à cette partie bien soumise de la « gauche radicale qui a peur de son ombre, peur d’être marxiste, peur d’être socialiste, peur d’être anticapitaliste »: http://wp.me/p5oNrG-uX6
Correction: il faut lire évidemment:
« Par contre, seule une révolte populaire permettra que la crise en cours ne se termine par ce type de gouvernement »
Et pas « policiers » mais « politiciens ». Curieux parfois le correcteur automatique…
@ Charles: enfin une réponse claire à l’ardillon de arkao.
Vous vous attaquez à Mélenchon, plutôt qu’à Fillon pour faire naître « une révolte populaire », »une révolte populaire » qui » permettra que la crise en cours se termine par ce type de gouvernement. » [ à quoi se réfère « ce type de gouvernement » ?]
Arrivé à ce point, il est évident que vous êtes 10 pas en arrière de Paul, avec cet handicap d’être 10 fois moins audible.
Soyez logique, maintenant qu’on sait à quoi mènent vos interminables attaque envers Mélenchon, d’autant plus méritoires que les chances de succès sont nul, ralliez-vous à Paul ou d’autres très proche de lui. Il s’agit de créer un faisceau de bonne volonté, animé par des personnes sans gamelles politiques. Réveiller les conscience, dire basta, une autre politique non politicienne est possible, c’est jouable. Les propositions de Paul supposent une vraie révolution des pratiques actuelles, spéculatives par exemple. La force de Paul est qu’il ne présuppose rien: les structures évolueront parce que le but l’exige. C’est le summum de l’a-politisme et cependant totalement politique dans ses aboutissements.
Tenter ? Faites 10 pas en avant et lâchez votre crucifix, ce pauvre Mélenchon qui, peut-être, sauvera notre honneur aux yeux du monde.
Les succès de votre jeunesse? 🙂
@Charles
Soit.
Alors pourquoi les trois obédiences de la gauche radicale révolutionnaire présentent-elles des candidats aux élections présidentielles d’une « démocratie bourgeoise »?
Les libertaires me paraissent plus cohérents.
Certains disent que la Grèce est un labo pour tester la résistance du peuple face aux pressions néolibérales, au capitalisme déchaîné. Il existe en Europe des lobbys qui visent à instaurer, peu à peu, un système similaire à celui qui existe aus Etats-Unis: privatisation de l’assurance maladie, du régime des retraites, de l’assurance chômage, et aussi diminution des salaires tout en augmentant le temps de travail. Le candidat Fillon semble vouloir se diriger dans cette direction.
On observe depuis un certain temps déjà en France une division du monde du travail: entre des petits jobs (notamment dans les secteurs du service) modestement remunérés et soumis à une sorte de servitude d’une part, et des salaires valorisants d’autre part. Ce fossé se creuse. Il a atteint un dégré dramatique aux Etats-Unis.
La classe politique greque est sans doute coupable de ce qui arrive au peuple grec. Comme dans d’autres pays de l’UE, le personnel politique est complice des puissants lobbys financiers. Autrement dit, une large partie des gouvernements européens est dans les griffes de ce pouvoir – difficile d’en sortir.
Ouais, on dit ça, la Grèce est un laboratoire.
Pourquoi ne pas se contenter du constat: la Grèce est un exemple?
Ils sont prêts à aller au moins jusque là, voilà la leçon. Au moins.
Ce qui veut dire qu’ils auront plus loin le jour venu.
D’ailleurs en Grèce, ils vont chaque jour un peu peu plus loin.
La démocratie est incompatible avec le capitalisme financier (et peut-être toute autre forme de capitalisme)
Aucune autre forme de société que l’échange marchand n’a pu s’imposer depuis des siècles, toutes les tentatives d’autre type de liens (de ma connaissance) ont débouché sur des goulags de divers noms, S21, la rééducation par le travail des champs, la révolution culturelle, les famines, les assassinats de masse… Rien de bon en tout cas.
L’échange marchand conduit à la concentration des richesses et … au capitalisme financier
Je ne vois pas de solution… Mais comme disait mon prof de math, toutes les équations n’ont pas de solution…
@Troncal,
Je pense qu’il y en a une et que l’équation est simple :
Intérêt zéro… je vous explique en dehors de ce blog si vous voulez, ou sur ce blog.
Yves Vermont X70, MBA Hec 75 (pour ne pas vous rassurer), commun parmi les mortels pour vous rassurer.
Exact: supprimer le profit, la propriété lucrative dirait de façon imagée l’ami Friot, sous toutes ses formes, y compris bien sur financier Cela s’appelle le socialisme. Des institutions publiques de crédit pourraient financer des investissements, décidés démocratiquement, et bien sûr à taux zéro.
@ Charles,
C’est tout à fait ça, moyennant deux ou trois petits bémols de pinailleurs :
– taux zéro = taux d’inflation
Mais il faut néanmoins prendre en compte le salaire de ceux qui vous accorderont le prêt (frais de dossier standard), et le taux de défaut standard si le dossier est bien ficelé : 0,2%.
Instituts publiques ou privées, peu importe si zéro dividende, l’important c’est que la taille reste adaptée au problème : taille humaine, ou mutualisation de prêts à un niveau significatif pour éviter que le taux de défaut sorte du cadre de 0,2% (je n’ai pas de justification à donner sur ce 0,2%, si ce n’est que c’est le taux de défaut des prêts hypothécaires français).
Bien sûr, la banque ne distribue aucun dividende. Ce qui lui reste sert justement à prendre en charge le défaut de M Dupont qui décède, de M Schmidt qui n’arrive pas à vendre le produit merveilleux qu’il a conçu, développer, fabriquer etc…, le moratoire de Monsieur Durand, frappé temporairement par le chômage.
L’Etat Grec, bien avant Tsipras, a cherché les problèmes à travers le maquillage à grande échelle de ses comptes, et optant systématiquement pour des politiques clientélistes (pour les gros armateurs tant bien que pour les petits touchant des retraites de militaires alors qu’ils n’avaient pour certains même pas effecuté le service militaire). Alors certes le dénouement n’est pas beau à voir, mais comment cela en pourrait-il être autrement ? Varoufakis aurait fait mieux ? Rien ne le prouve, tout ce qu’on a ce sont des paroles « moi ci, moi ça » qui sont malheureusement la signature des pires politiciens (et on en sait quelque chose en France).
Varoufakis, bien intentionné, mais victime d’illusions réformistes comme presque chacun de nous avant le désastre, a compris trop tard.
Il a malgré lui joué le jeu de Tsipras, n’appelant à aucune alternative lors de la signature du mémorandum de 2015. La seule alternative à la crucifixion c’était: monnaie complémentaire grecque, soit sortie de l’Euro, suspension du paiement de la dette, audit avant large annulation, nationalisation des banques. Il suffisait de déclarer les actions de l’Etat comme actions ordinaires et il devenait déjà majoritaire…Ai lu les détails et débats en remontant la chrono de cette belle collection d’articles sur la Grèce: http://www.anti-k.org/?s=Grèce
Le pire avec Varoufakis, c’est qu’il n’a rien appris et continue avec son opération européenne à temps perdu, je veux dire à ses heures de loisir. Un stérilisateur d’énergies.
Je veux dire que Varoufakis n’a donné aucune autocritique convaincante de son impuissance. Il a traité comme un colloque universitaire un eurogroupe qui n’est qu’un club d’associés sensible aux seuls rapports de force. Et il se dit marxiste! S’il y avait une chose à retenir de Marx, ce serait pourtant bien cette loi d’airain des rapports de force, dont la reconnaissance ne demande pas de longues études!
Le marxisme de Varoufakis se limite, comme souvent avec les politiciens, à la reconnaissance de l’apport de Marx à l’économie politique. « De la confiture pour les cochons », disait un vieil ami très très amer…
Mais il est très difficile, alors que la démocratie bourgeoise ne s’est pas encore effondrée sur elle-même, de reconnaître cette évidence historique: jamais, nulle part, une classe n’a laissé le pouvoir devant un tas de bulletin de vote. En attendant, le show illusionniste et bien rémunéré de la révolution par les urnes continue…
… » certes le dénouement n’est pas beau à voir, mais comment cela en pourrait-il être autrement ? Varoufakis aurait fait mieux ? Rien ne le prouve, tout ce qu’on a ce sont des paroles« …
Un rappel quand même , parmi d’autres..:
https://www.euro-planb.eu/?page_id=93&lang=fr
Voyez-vous (comme moi) un lien avec certains sujets débattus ici-même ces derniers temps ? L’évolution géo-politique tant actuelle qu’imminente ne permettrait-elle pas de rebattre les cartes?
« … l’écrasante victoire du Non à l’austérité,… »
Voter non au « mal ». Soit, ça soulage je suppose. Mais à quoi ça sert ?
Comme le déplore Mitralias, à rien !
La dette grecque provient des votes clientélistes précédents et à ce titre reste parfaitement démocratique. Il n’appartient pas aux électeurs grecs de voter pour que les autres épongent leur dette.