Retranscription de Le temps qu’il fait le 25 novembre 2016. Merci à Marianne Oppitz !
Bonjour, nous sommes le vendredi 25 novembre 2016 et là, vous avez dû le voir : changement de décor, j’ai déménagé ! J’ai trouvé le temps de déménager dans tout ce tohu-bohu de choses que vous me voyez faire. Et je ne suis vraiment pas loin d’où j’étais : 150 m à vol d’oiseau ? Quelque chose comme ça. Mais c’est beaucoup plus joli comme vous pouvez le voir : au lieu d’un alignement de bouquins, souvent lus il y a pas mal d’années, vous avez des arbres derrière moi.
Voilà, c’est très très beau. Qu’est-ce que c’est ? Et bien c’est un ruisseau, il y a un ruisseau en contre-bas, ça ne se voit pas, mais c’est ça, avec une petite forêt-galerie autour. C’est très, très joli, Qu’est-ce que c’est ? C’est l’entrée, si vous voulez, du Vincin. Le Vincin, c’est la partie tout à fait Nord du Golfe du Morbihan, à proximité de Vannes, puisqu’on est sur Vannes là.
Mais, ce n’est pas de ça dont je voulais vous parler : je voulais vous parler de la situation politique. Voilà, vous l’avez entendu, vous le savez, je le répète depuis un moment, depuis le mois de janvier, je suis désolé, bien que n’étant pas Français de nationalité, je suis désolé de la situation dans laquelle se trouve la gauche française. Et, le fait que ne se retrouvera pas – si rien ne change d’ici là – qu’il n’y aura pas de candidat de gauche au second tour. J’y ai réfléchi, à la fin de l’année dernière, j’ai pris contact avec Monsieur Piketty, je lui ai dit mon sentiment qu’il devait se présenter, il ne l’a pas fait, jusqu’ici. Je ne désespère pas qu’il le fasse parce que c’est essentiel.
Alors, vous l’avez vu, à droite, il y a quelque chose qui s’est passé, c’est la percée de Monsieur Fillon. Monsieur Fillon a une position claire, c’est une position très apparentée à ce que j’appelle le fascisme en col blanc. C’est à dire : concurrence – compétitivité – compétition, voilà, c’est tout ça : cette idée mortifère pour les sociétés humaines, qu’elles sont fondées essentiellement sur la rivalité.
Ce n’est pas comme ça que ça marche. Heureusement, ça marche sur la solidarité. Et voilà, dans un discours de type « 1984 », on essaye ne cacher ça : on essaye de nous dire que l’homme est un loup pour l’homme et qu’il ne faut pas que ça change. Eh bien non ! Si, ça a changé ! On n’ en serait pas là, on n’en serait pas où on en est, quand même. Regardez, je suis assis sur une chaise quand même, il y a quelqu’un qui a fait le barreau du balcon qu’on voit derrière. Si ça s’était fait dans un univers de concurrence, on n’y serait jamais arrivé.
C’est parce qu’on fait les choses ensemble ! Ça va de soi : nous sommes une espèce sociale. Monsieur Aristote l’avait déjà constaté, et il en a fait une théorie, c’est comme ça que ça marche. Et on essaye de nous bourrer le mou avec cette histoire que c’est quand chacun se bat contre les autres… Même les filous, même les filous de la finance, même dans le scandale du LIBOR. Qu’est-ce qui se passe dans le scandale du LIBOR ? Eh bien c’est que tous les banquiers se mettent d’accord : la grande solidarité est là, entre eux, pour essayer de flouer le système. Eh bien, voilà, c’est comme ça que ça marche, donc aussi bien dans le mauvais que dans le bon, mais c’est sur la solidarité. On a essayé de nous imposer cette idée que c’est en se débarrassant du voisin, qu’on arrive à quelque chose. Ça ne va pas !
Alors, un effet à gauche, comme le fait Fillon, c’est possible ! Il y a des gens qui me disent : « Oui, mais personne ne sait qui est Monsieur Piketty ». Alors, écoutez, je vais quand même vous raconter une histoire.
Monsieur Piketty sort un bouquin : « Le Capital au XXIè siècle », je crois que c’était en 2014, ça sort en France, ça passe absolument inaperçu. Oui, il y a Monsieur Nicolas Baverez – j’aime bien le répéter, – qui dit que c’est du marxisme de sous-préfecture. Et puis le livre est traduit et ça fait la Une de tous les journaux internationalement : « Un livre très très important, un livre essentiel sur la concentration de la richesse ! », etc, etc. Et tout à coup, là, en France, on se réveille parce qu’à la Une des journaux, à la Une des journaux français, il est mis : « Tout le monde, partout dans le monde, parle du livre de Monsieur Piketty ! » Alors, je vais vous dire une chose, si Monsieur Piketty annonçait sa candidature, à gauche, ce serait pareil ! Ça ferait la Une de tous les journaux du monde. Alors, même les journaux français seraient obligés de mettre, comme ils l’on fait pour son livre : « Tous les journaux du monde ont en Une, l’annonce de Monsieur Piketty de sa candidature ! » Ça permettrait, aux Français, de découvrir – parce que nul n’est prophète en son pays, n’est-ce pas ? chacun sait ça ! – de découvrir qui est Monsieur Piketty et il y aurait un mouvement d’enthousiasme qui laisserait loin derrière lui, l’enthousiasme que Monsieur Fillon crée à la droite. Voilà, c’est pour cela qu’il faut le faire.
C’est pour cela qu’il faut le faire. Dans un débat entre Madame Marine Le Pen et Monsieur Piketty, Monsieur Piketty l’emporte haut la main. Par ses arguments rationnels, par sa capacité à parler de l’affect aussi, voilà, pourquoi pas ? Mais à pouvoir prouver que 2+2 font 4, sans la moindre difficulté. Il est le seul candidat à gauche, en France, à pouvoir faire ça. Faites la liste de ceux qui se présentent en ce moment, vous pouvez voir les vidéos : quand ils ont pu avoir un débat avec Madame Le Pen, Madame Le Pen l’emporte haut la main. Ils se décomposent devant Madame Le Pen. Vous pouvez regarder les vidéos, elles existent, ce ne sont pas eux qui arriveront à faire ça.
Alors, qu’est ce que je peux faire ? Eh bien, je peux continuer à le répéter, comme je le fais là. On a déjà fait un petit dessin animé, on a déjà produit, du côté du blog de Paul Jorion, le livre de Michel Leis, malheureusement décédé depuis : 2017. Programme sans candidat, lisez ça, c’est important, c’est un livre important, plein d’idées. Ce n’est pas exactement les idées que je défendrais moi-même, c’est plus modéré. C’est plus modéré ce qu’on trouve chez Michel Leis, il faut bien le dire que ce qu’on trouve chez moi.
Alors ce que je vais faire, voilà, j’ai composé un petit texte, je l’inclurai dans l’introduction de ce recueil de chroniques que j’ai faites, au fil des années, pour « Le Monde », pour « L’Écho » en Belgique et pour « Trends-Tendances » en Belgique. Il y aura une centaine de chroniques avec des petites introductions pour chaque chapitre et une introduction générale. Je vais mettre dans l’introduction générale – cela paraîtra, malheureusement, en mars – un programme. Voilà : un programme pour la France.
Je suis Belge, je tirerai parti également de ce programme pour la Belgique, ne vous inquiétez pas, je ne l’oublie pas : je n’oublie pas mon propre pays et on trouvera un moyen de le faire. C’est prévu d’ailleurs, et c’est en train de s’organiser. Alors, voilà, on parlera de tout ça en Belgique également. Je serai là, il y en aura d’autres à côté de moi, à mes côtés pour en parler, ce sera une très bonne chose. En attendant, je vais mettre ça, vous allez voir, je ferai ça tout à l’heure quand la vidéo aura été mise sur le blog. Et, il faut qu’on avance. Voilà ! un programme pour la gauche en France et pour la gauche en Belgique ! Quelque chose, espérons-le, avec un certain souffle. Parce que, ce qui manque à la gauche depuis un certain temps, c’est un certain souffle. Cette idée de ramasser les miettes de l’ultra-libéralisme que certains partis socialistes européens ont eue, certains commencent à se rendre compte que ce n’était ps une bonne idée, mais voilà, il est déjà bien tard : « Il est plus tard que tu ne penses ».
Voilà, il faut faire quelque chose. Hier, il y a eu une réunion importante, à Paris. Je ne parle pas du Prix, ça c’était avant-hier, on s’est réunis pour un projet. Je ne peux pas en parler, parce que c’est prématuré, et ça pourrait éventuellement désavantager le projet. Mais, j’ai fait la remarque suivante, qui a beaucoup amusé. En Belgique, on a l’euthanasie. Alors, le jour où on a envie de partir, c’est une chose qu’on peut faire, mais on va quand même essayer, dans mon cas, d’obtenir des choses importantes avant de recourir à cette formule qui vous permet, selon la formule d’Alfred de Vigny, cette belle formule du « Moïse », de se reposer du… (grand éclat de rire), de se reposer du sommeil de la terre. Voilà. ! allons-y, il n’y a rien à perdre ! Il n’y a rien à perdre ! Monsieur Piketty si vous regardez ça, posez votre candidature, ça fera la Une des journaux dans le monde entier. Ça rendra service à la France. N’hésitez pas à le faire. « Laissez-moi m’endormir du sommeil de la terre ! », voilà, c’était ça la formule d’Alfred de Vigny qui ne m’est pas revenue au bon moment. Allez, à la semaine prochaine .
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