Billet invité.
Une tragédie se poursuit en Méditerranée. En mer, le temps se durcit, et le nombre de noyades continue d’augmenter. Depuis le début de l’année, en dépit de l’accroissement du nombre des sauvetages, plus de 4.500 morts sont à déplorer selon le HCR.
Les récits des réfugiés sur les maltraitances dont ils sont victimes en Libye, qu’ils cherchent désespérément à fuir, succèdent à ceux des drames qu’ils connaissent en mer quand l’embarcation précaire dans laquelle ils sont entassés se dégonfle, se remplit d’eau et souvent chavire, faisant de nombreuses victimes. Ces derniers jours, ces récits sont devenus particulièrement poignants, les passeurs allant jusqu’à récupérer le moteur des embarcations pneumatiques sous la menace d’une arme, laissant les réfugiés affronter une mer brutale, sans pouvoir prendre les vagues et dériver, sans téléphone satellitaire pour demander du secours.
Venant de Gambie, mais aussi de Guinée, du Mali, du Sénégal et de Sierra Leone, ceux qui par chance survivent à cette épreuve sont épuisés, sous le choc et traumatisés, une fois embarqués sur les navires qui croisent en dehors des eaux territoriales pour les acheminer en Italie. Depuis samedi dernier, 3.200 réfugiés ont été secourus dans ces conditions, selon les garde-côtes italiens qui coordonnent les opérations de la flottille de navires des ONG, faisant appel aux bateaux commerciaux de passage si nécessaire.
Avec la venue de l’hiver, les conditions vont encore empirer. De nombreuses embarcations d’ONG, peu adaptées ou faute de moyens financiers, vont arrêter leurs patrouilles et interventions. La pression qui s’exerce sur les réfugiés est telle qu’il n’est pas assuré que leur flux diminue malgré les dangers.
Dans les îles grecques, plus de 16.000 réfugiés sont entassés dans des structures d’accueil où 7.500 places étaient prévues, et les tensions montent dangereusement. Vivant dans des conditions sommaires et l’hiver arrivant, les réfugiés attendent l’examen de leur demande d’asile, toujours menacés d’être renvoyés en Turquie et leurs ressources s’épuisant ; les autorités européennes ne fournissent pas les renforts promis pour étudier les demandes d’asile et ralentissent ainsi l’arrivée des réfugiés sur le continent grec où 45.000 d’entre eux sont déjà retenus ; les arrivées dans les îles, bien que très ralenties, continuent de progresser au rythme de plusieurs dizaines par jour ; les habitants ont vu leur saison touristique sinistrée.
Après Samos et Lesbos, les incidents s’enchaînent depuis trois jours à Chios, où séjournent 4.000 réfugiés. Des tentes ont été incendiées et des bénévoles agressés par des inconnus et hospitalisés. 150 résidents ont fui en famille le camp de Souda la nuit dernière. La tension monte avec les habitants et l’on soupçonne les dirigeants du parti nazie Aube Dorée, venus en visite la semaine dernière et accompagnés de quatre élus belges du Vlaams Belang, le parti indépendantiste flamand d’extrême-droite, d’avoir mis de l’huile sur le feu. Des inconnus ont été vus jetant des pierres et des objets incendiaires sur les tentes du camp, blessant grièvement un réfugié, dans l’intention d’enclencher un cycle sans fin de représailles réciproques entre les réfugiés et les habitants.
Sur la Route des Balkans qu’ils n’atteindront pas, tout n’est pas pour autant figé. Selon des chiffres du HCR datant du 1er novembre, 6.300 migrants sont actuellement bloqués en Serbie où ils sont parvenus. Par petits groupes, des migrants continuent de passer clandestinement en Croatie, leur point d’entrée dans l’Union européenne, au rythme de quelques centaines par jour. La semaine dernière, environ 150 d’entre eux, Afghans et Pakistanais, ont marché depuis Belgrade vers la frontière croate, sous le froid et sous la pluie, derrière des banderoles portant l’inscription « s’il vous plait, ouvrez les frontières ! ». En pure perte. Bloqués au poste frontière serbe, ils ont refusé d’être transférés dans des centres d’accueil pour s’installer sur place en dépit du froid et des intempéries. Côté croate, la frontière avait été renforcée par la police. Les réfugiés ont finalement abandonné.
L’Union européenne a décidé vendredi dernier une nouvelle prolongation de trois mois des contrôles à certaines frontières intérieures de l’espace Schengen, réintroduits en 2015 par cinq pays dont l’Allemagne.
@Régis Pasquet Merci de ce plan on ne peut plus sensé… Mais, pour que les citoyen-ne-s assurent « une partie de…