Billet invité.
Quand ils sont sur le départ, les hommes politiques ont comme dernière coquetterie de tenter d’imprimer la marque qu’ils laisseront dans l’Histoire, histoire de redorer un blason que l’exercice du pouvoir a généralement terni. Barack Obama n’y faillit pas.
Dans son discours-testament prononcé à Athènes, le président sortant n’a pas hésité à appeler à un « changement de cap dans la mondialisation », liant les inégalités au sein d’un même pays et entre eux, « l’un des plus grands défis de nos économies et de nos démocraties ». Elles nourrissent « un profond sentiment d’injustice », car « les élites mondiales [paraissent] vivre selon des règles différentes », remarque-t-il. « Il y a à la fois plus d’inégalités et une plus grande conscience des inégalités », et il trouve là l’explication au très perturbant rejet de la mondialisation qui a été constaté au Royaume-Uni et aux États-Unis. La dénonciation du populisme est un peu courte, nécessitant d’aller plus loin.
Faisant suite au Brexit, le vent du boulet Trump suscite des réactions que l’on avait déjà enregistrées à Washington lors du cirque des Assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale, en se doutant de leur peu d’effet. C’est aussi le cas en Europe, où dans le cadre des primaires de la droite française, s’y référer s’est imposé. En Italie, une certaine jubilation s’exprime parmi les forces politiques qui espèrent bénéficier de l’effet Trump, notamment de la Ligue du Nord et… du Mouvement des 5 étoiles. Les sondages continuent de prédire la victoire du Non au référendum du 4 décembre prochain, ouvrant une période de grande incertitude politique si Matteo Renzi choisit de démissionner pour mieux rebondir, rester à son poste étant aussi risqué.
Pour se donner de la marge, le président du Conseil bataille publiquement avec la Commission et la menace de son veto lors de l’examen à mi-parcours du budget de l’Union européenne, si son projet de budget national pour 2017 n’est pas approuvé. En maniant cette rhétorique guerrière, Matteo Renzi trouve son compte auprès d’une opinion publique connue jadis pour être résolument européenne mais devenue entretemps plus sensible aux sirènes europhobes.
Dès le lendemain de sa visite de l’Acropole, des extraits d’une tribune commune avec Angela Merkel à paraître vendredi dans le Wirtschaftswoche étaient rendus publics. N’ayant aucune chance de voir le jour, le traité commercial TTIP auquel Donald Trump s’est opposé y est présenté comme « façonnant la mondialisation selon nos valeurs et représentations ». Et les inégalités ? Le plaidoyer de Barack Obama pour une mondialisation socialement plus juste s’efface devant le rappel de sa politique.
(suite) (« À tout seigneur tout honneur ») PJ : « il n’est pas exclu du tout que je me retrouve dans la…