Billet invité.
Il ne faut pas s’en tenir à son personnage pour évaluer la portée de la victoire de Donald Trump, mais comprendre ce qu’il représente pour ses électeurs. L’histoire est de ce point de vue faite de grands malentendus, et nous assistons à l’un d’entre eux.
Nous connaissons désormais la suite du Brexit et la transposition aux États-Unis de la crise politique européenne. Les effets sont propres à chaque pays, mais les causes sont partout identiques, à l’image d’une crise sans frontières. De ce point de vue, la victoire de Donald Trump n’est pas un phénomène purement américain. Avec elle se dessinent les contours politiques de la nouvelle période dans laquelle nous sommes entrés, dont on pressentait déjà les caractéristiques financières et économiques.
Dans les commentaires de ce matin, il est mis l’accent sur le coup d’arrêt qui vient d’être porté à une mondialisation arrivée en bout de course, dont les signes annonciateurs ne manquaient pas. L’essentiel continue de ne pas être vu, parce qu’il est plus dérangeant. Une autre forte dimension doit être prise en considération : la victoire de l’un a été la défaite de l’autre, et la candidate de l’establishment a mordu la poussière. Le couple constitué par Wall Street et Washington a été rejeté sans équivoque, en raison du sort réservé à des classes moyennes américaines qui ne pouvaient plus croire en leur avenir.
La victoire de Donald Trump répond à la réactivation d’une illusion, celle d’un rêve américain qui n’en a plus les moyens, ce qui rendra dangereux l’heure du réveil quand il sonnera. La société américaine recèle un énorme potentiel de violence qu’elle peut facilement retourner contre elle-même.
Certes, ce ne sont pas de simples petits dérapages qu’il faut attendre du personnage outrancier de Donald Trump et de ses soutiens, mais va-t-il avoir les coudées aussi franches qu’imaginé ? Les États-Unis sont condamnés à rester les gendarmes du monde, pour en avoir seuls les moyens, la Russie de Poutine pouvant espérer rétablir pour partie un rapport de force qui était devenu totalement déséquilibré, afin d’accéder à nouveau à la partie comme ils sont en train d’y parvenir.
Un fort isolationnisme commercial n’est pas non plus une alternative car il est impératif que le dollar continue de jouer son rôle dominant dans les échanges commerciaux afin que la dette américaine trouve son financement. Les replis militaires et commerciaux ne seront donc que partiels. De premiers effets de la victoire de Donald Trump sont toutefois prévisibles. L’accord commercial TTIP n’y survivra pas et le renforcement des liens entre le Royaume-Uni et les États-Unis devrait en résulter, renforçant la perspective d’un Brexit musclé.
Une fois de plus, les commentateurs politiques – et les sondeurs – ont sous-estimé la force du courant anti-establishment et anti-libéral. Aux États-Unis, ils ont totalement sous-estimé la participation massive des Blancs ruraux, qui a explosé, faussant les prévisions. Portant les mêmes œillères, les dirigeants politiques libéraux occidentaux ne se résignent pas à admettre qu’ils ont fait leur temps.
Il y a plusieurs voies possibles pour assurer une domination oligopolistique. La victoire de Donald Trump renforce la perspective de la construction d’un camp retranché, autoritaire et usant de tous les moyens de contrôle de la société, répressifs et intrusifs, s’appuyant sur un contrôle social que les dirigeants chinois, à l’autre bout de la planète, sont en train de mettre en place.
» Le comportement violent, agressif et dangereux de Poutine – non seulement envers l’Ukraine mais aussi envers l’Occident et l’ordre…