Billet invité.
La frontière maritime de la Turquie avec la Grèce reste fermée pour les réfugiés, les autorités turques ayant en contrepartie les mains libres pour mener leurs offensives militaires contre les Kurdes en Irak et en Syrie. Mais cette relation de connivence se complique, l’imprévisible autocrate d’Ankara annonce qu’il va demander au parlement turc le rétablissement de la peine de mort, et son ministre de la défense souhaite le départ de la force navale de l’Otan qui croise en mer Égée, dans une période de montée de la tension avec la Grèce.
Les plus hautes autorités européennes cherchent à reproduire en Libye ce qui leur a pour l’instant réussi avec la Turquie. Dans un pays qui n’est pas stabilisé, que le gouvernement ne contrôle que partiellement, leur plan consiste à muscler une garde côtière avec pour mission d’intercepter les embarcations des réfugiés, avant qu’ils ne franchissent la limite des eaux territoriales et puissent être secourus par des navires de secours qui les acheminent à bon port en Italie. Bien que cela n’a pas été le cas depuis le début de l’année pour 3.800 d’entre eux qui ont péri noyé selon le HCR.
Il est déjà fermé les yeux sur les conditions très précaires dans lesquelles les réfugiés vivent en Turquie, mais ce n’est rien comparé à ce qu’ils endurent en Libye. On comprend qu’ils n’hésitent pas, en dépit du danger, à fuir ce pays où les dirigeants européens prétendent dans un proche avenir les bloquer en toute humanité.
En Grèce et en Italie, la situation se détériore lentement. Confronté à l’arrivée de l’hiver et vivant sous la tente, les réfugiés qui sont bloqués en Grèce ont pris conscience d’être pris au piège. Certains tentent même de retourner en Syrie via la Turquie, en traversant la frontière gréco-turque terrestre. Dénombrés plus de 60.000, ils pourraient être rejoints par les recalés au droit d’asile refoulés d’Allemagne, si le ministre de l’Intérieur qui le préconise à gain de cause.
En Italie, où les réfugiés sont logés dans des hôtels réaménagés et éparpillés dans le pays, pour éviter leur concentration, les capacités d’accueil viennent à manquer. Depuis le début de l’année, près de 150.000 d’entre eux sont arrivés, bloqués dans le pays par des frontières qu’ils ne peuvent pas franchir, et leur flot a grossi.
Dans les deux cas, les injonctions de Jean-Claude Juncker n’y faisant rien, le plan de relocalisation des réfugiés dans toute l’Europe est au quasi-arrêt. Ce qui a conduit Alexis Tsipras à réclamer que les pays qui refusent d’accueillir des réfugiés – il a cité l’Autriche, la Hongrie et la Pologne – soient financièrement pénalisés, comme il en est régulièrement question pour ceux qui n’atteignent pas leurs objectifs de réduction budgétaire… A contrario, Matteo Renzi négocie avec Bruxelles, qui se fait tirer l’oreille et demande des précisions, des marges supplémentaires de flexibilité pour son budget 2017 en les justifiant par les dépenses en faveur des réfugiés et par les tremblements de terre.
Rectif : Poutine (pas Cicéron) : i