FUKUSHIMA NOYÉE DANS L’EAU CONTAMINÉE, par François Leclerc

Billet invité.

Plus de cinq ans et demi après la catastrophe de Fukushima, la centrale dévastée continue de produire à grande échelle de l’eau contaminée. 800.000 tonnes d’eau remplissent déjà plus de mille réservoirs alignés à perte de vue après avoir été pompées dans les sous-sols de la centrale par l’opérateur Tepco. L’eau injectée pour refroidir les réacteurs s’y mélange avec celle qui provient de l’infiltration des nappes phréatiques, qui est à son tour polluée.

Afin de limiter la quantité d’eau contaminée en déviant les nappes phréatiques, l’opérateur a choisi d’encercler les bâtiments des réacteurs par un mur souterrain en gelant le sol à une profondeur de 10 mètres, une technologie jamais déployée à cette échelle et dont le résultat est loin de donner pleine satisfaction. L’eau s’infiltre quand le mur n’est pas gelé, avec comme seule solution de bétonner là où le gel ne prend pas, ou bien emprunte les nombreuses galeries souterraines présentes sur le site qu’il faut murer. Mais des experts craignent que la nappe phréatique trouve un passage par dessous le mur de permafrost artificiel. Dans l’immédiat, Tepco ne fournit aucune donnée sur la quantité d’eau contaminée pompée, qui devrait diminuer, interdisant de mesurer l’efficacité du dispositif actuel, qui n’est pas achevé.

Vider les sous-sols de la centrale des masses d’eau contaminée pour y avoir accès est un préalable à la localisation des trois coriums, qui n’est toujours pas effective. S’il est acquis que les cuves d’acier des réacteurs n’ont pas résisté, les semelles en béton qui constituent le socle des réacteurs ainsi que le dernier rempart ont elles au contraire fait leur office ? La réponse à cette question est déterminante pour l’avenir.

Cinq robots ne sont pas revenus de leurs explorations souterraines dans les parties sèches des réacteurs, en raison du très haut niveau de radioactivité ambiante ou bien de la présence d’obstacles insurmontables. L’exploration de la centrale n’allant pas de soi, parler de son démantèlement est une option toute théorique qu’il faudra vraisemblablement abandonner. Le plus tard possible, car cela sonnerait le glas de la relance du parc nucléaire japonais.

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