Le slasher (*), dernier avatar de la novlangue néo-libérale, par Roberto Boulant

Billet invité

D’après la préposée à l’information sévissant ce matin à 6h30 sur une radio du service publique (à partir d’1m51s), le slasher est, je cite : « quelqu’un qui va être plus audacieux que la moyenne », « les jeunes slashers ont envie de vivre plusieurs vies en même temps », ou bien encore « à 40, 45 ans, sur les 20 à 30 belles années qui me restent devant moi, je vais me faire plaisir, je vais prendre le régime des auto-entrepreneurs ».

Bref, vous avez compris, le slasher est celui qui vit sa passion en valorisant ses compétences. Le slasher est donc audacieux et jeune d’esprit. C’est un (auto) entrepreneur qui se fait plaisir, surfant bronzé et musclé, armé d’un éclatant sourire, sur les opportunités du merveilleux monde du travail.

Nouveau demi-dieu ubérisé, joyeux, mobile, flexible. Libre !

Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?

C’est bien connu, si nous n’avons pas de pétrole, nous avons des idées. Les radios devraient donc inventer tous les matins quelques néologismes bien sentis pour insuffler allant et optimisme à leurs auditeurs. Elles pourraient par exemple parler de « doger’s » pour ses courageux retraités qui ont décidé de soutenir l’industrie de l’alimentation canine en mangeant des boîtes pour chiens, ou bien encore de « frosty’s » pour ceux et celles qui luttent contre le réchauffement climatique en renonçant à se chauffer l’hiver. Que diantre, the sky is the limit n’est-il pas  ?

Ah oui, pardon. Emporté par mon enthousiasme entrepreneurial, je viens de me rappeler qu’il serait plus séant de traduire tous ces anglicismes. Alors voyons, comment traduire tout cela dans la langue de Molière ?

Simple, en bon français : Slasher, néologisme de communicant désignant un pauvre qui a besoin de deux travail de merde pour pouvoir survivre.

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(*) Ça ne s’invente pas, un slasher (de l’anglais slasher movie) est originellement un sous-genre cinématographique très spécifique rattaché à la catégorie film d’horreur.

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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