LES TRAVAUX PRATIQUES DE LA BANQUE DU JAPON, par François Leclerc

Billet invité.

La Fed continuant depuis un an à annoncer un relèvement de son taux qui n’intervient toujours pas, c’est la Banque du Japon (BoJ) qui vient pratiquement de mettre les pouces au terme de trois années d’offensive monétaire infructueuse.

Pour soulager les banques ainsi que les fonds de pension et d’assurance-vie, la BoJ maintient sa politique de taux négatif mais annonce moduler ses achats obligataires de titres à longue maturité, afin que leur taux redevienne positif. « Notre engagement est extrêmement fort » a néanmoins proclamé Haruhiko Kuroda, son gouverneur, qui n’a jamais tenu ses promesses réitérées de renouer avec l’objectif d’inflation de 2%, et qui se croit encore au temps révolu où la parole d’un banquier central était toute puissante. Il est en réalité pris au piège de sa propre rhétorique, incapable même d’aller au bout de sa politique.

La crédibilité de la BoJ est atteinte. Elle a épuisé la palette de ses moyens non conventionnels et n’a plus d’autre ressource que d’emprunter des nouvelles voies inexplorées après celle des taux négatifs. Haruhiko Kuroda s’est à plusieurs reprises opposé à l’idée de l’Helicopter Money, mais a-t-il une autre alternative ? Augmenter ses achats de titres de la dette publique pose problème, alors que la BoJ détient déjà le tiers de son stock. Il n’y a certes pas de limite à l’exercice, mais c’est à condition d’être prêt à ce que tout l’édifice s’effondre, le yen n’étant plus gagé sur quoi que ce soit.

Ceux qui préconisent l’annulation de la dette par les banques centrales, suivant une méthode ou une autre – critiqués pour favoriser le retour d’une inflation à l’ancienne manière qui en résulterait – ont avec le Japon de quoi réfléchir. Ceux qui attendent des banques centrales qu’elles fassent bénéficier les particuliers des largesses destinées aux banques pourraient prochainement avoir l’occasion de l’observer in vivo, quand la BoJ sera le dos au mur.

Le Japon est le champ d’expérimentation privilégié de la politique des banques centrales.

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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