L’économie peut-elle être une science exacte ? par Jean-Paul Vignal

Billet invité.

Les périodes électorales sont toujours propices à une abondante floraison de  propositions, de programmes et de promesses qui font la joie des media et des éditeurs, mais qui, depuis longtemps, n’engagent jamais que ceux qui les croient comme le dit fort justement la sagesse populaire. Depuis que le monde politique s’est converti de plus ou moins bonne grâce, suivant l’humeur, les intérêts et les convictions de chacun, au dogme de l’économie néo-libérale dite à tort de marché, toute décision est en effet dictée par les marchés financiers, cette nouvelle divinité qui ne connait qu’un commandement : « tu maximiseras ton retour sur investissement à la sueur du front voire au sang des autres ».

Cette « révolution »  ne manque bien entendu pas de bousculer la démocratie au passage. Ainsi, le suffrage universel n’est désormais acceptable que lorsqu’il entérine les choix du clergé de cette nouvelle religion, et les programmes qu’il concocte ne valent que pendant le showtime des campagnes électorales : l’irresponsabilité juridique des élus leur évite de devoir rendre compte du gouffre qui sépare ce qu’ils ont promis pour être élus de ce qu’ils ont fait du mandat qui leur a été confié.

Elle nous vaut aussi une belle moisson d’incongruités dont on pourrait rire si elles n’affectaient pas gravement la vie de tous ceux qui n’ont pas l’heur de faire partie du dit clergé de cette nouvelle religion. Un de ses slogans favoris est de dire que le travail salarié est trop rémunéré et pèse bien trop lourdement sur la compétitivité des entreprises. Conséquence logique, il faut réduire ce coût pour les entreprises. Comme rien n’est gratuit en ce bas monde, c’est la masse des salariés qui doit faire l’effort, que ce soit sous forme de hausses de salaires insuffisantes pour maintenir leur pouvoir d’achat, ou, plus gravement, sous forme de précarisation qui transforme peu à peu les frais de « main d’œuvre » en charges variables ajustables en tant que de besoin au niveau d’activité constaté et de profit souhaité ; il est en effet hors de question de demander des sacrifices aux actionnaires et au petit nombre de dirigeants qui les servent, dont on a pris soin de s’assurer financièrement qu’ils ne seront pas tentés de partager avec ceux qu’ils dirigent.

Cette précarité est d’autant plus menaçante qu’elle s’accompagne d’une raréfaction du besoin en travail humain provoquée par la mécanisation et l’introduction de l’intelligence artificielle. Les opérateurs humains sont de moins en moins compétitifs par rapport à cette combinaison parce qu’ils n’ont pas, et ne peuvent pas avoir, la résistance physique et la fiabilité des machines et des logiciels qui les commandent. Pour le moment, cette substitution homme/machine s’est surtout appliquée aux opérations physiques, et, on doit le reconnaître, ont souvent eu l’avantage de supprimer des tâches particulièrement ingrates, pénibles et/ou dangereuses. Mais elles concernent aussi de plus en plus les tâches plus « intellectuelles ». Un bon logiciel peut en effet avoir accès en temps réel à une base de données qui lui permet de déceler des tendances et de déterminer la meilleure conduite à tenir dans un contexte donné de façon d’autant plus précise que la base de données à laquelle il a accès est importante, ce qui est de plus en plus fréquent et peu coûteux dans nos systèmes interconnectés. Même les dirigeants/décideurs n’échapperont pas à cette invasion : un chef d’entreprise ne peut pas grand-chose contre un ordinateur capable de battre un champion d’échecs ou de go, quoi qu’il en pense du haut de son statut de seul maître après Dieu : une des premières applications de l’intelligence artificielle développée aux États-Unis par le Laboratoire National d’Oak Ridge vers la fin des années 80 permettait aux capitaines des sous-marins nucléaires américains de prendre leurs décisions grâce à la prise en compte simultanée d’environ 35 000 données différentes en temps réel, ce qui est impossible pour un être humain, fut-il un génial PDG.

Dans ces conditions, proposer de repousser l’âge de la retraite ou de prolonger la durée hebdomadaire du travail peut paraître dérisoire et en dit long sur la compétence en économie de ceux qui la préconisent. Elle révèle surtout une méconnaissance profonde des progrès des technologies qui sont à notre disposition de la part des élites « financiarisées » qui nous dirigent, et ne peut faire sens que comme étant le résultat du refus obstiné de regarder la réalité en face, à savoir que si l’on veut que l’économie continue à fonctionner sur ses bases actuelles, il faut absolument envisager techniquement une nouvelle répartition plus égalitaire des richesses créées, non pas par bonté d’âme, mais parce que l’économie marchande ne peut indéfiniment fonctionner à crédit avec des citoyens/consommateurs de moins en moins solvables, dont la seule solution si l’on persévère dans cette voie est de sortir de l’économie marchande et de revenir à des modes de vie plus autonomes, au troc, et au travail « au noir ». On peut compter un peu sur le marketing personnalisé que permet l’existence de bases de données de plus en plus importantes et, surtout, sur la croissance de la consommation dans les pays émergents, comme le font les multinationales, pour se substituer à la consommation, défaillante, des pays développés, mais ces solutions n’auront qu’un temps face aux exigences de rentabilité croissantes des détenteurs du capital.

L’autre incongruité qui doit retenir l’attention est l’évidente imperfection de la science économique sur laquelle se fonde le néolibéralisme pour faire avancer sa cause. La parution récente du livre de Pierre Cahuc et André Zylberbeg, « Le négationnisme économique », relance opportunément le débat en fustigeant sans ménagement les économistes qui osent penser « en dehors du cadre » de référence actuelle : l’économie est une discipline scientifique, circulez, il n’y a rien à voir. Or une simple observation devrait permettre à tout individu normalement constitué de constater que l’agrégation aléatoire de comportements individuels eux-mêmes aléatoires ne peut que par le plus grand des hasards obéir à des lois générales fixes quand il est patent que l’économie est au mieux le résultat à l’instant T d’une auto-réorganisation permanente de comportements individuels souvent conflictuels, qui n’a que rarement l’aspect harmonieux des vols d’étourneaux ou de l’évolution des bancs des poissons.

Il semble que notre incapacité à bien prévoir réside essentiellement dans le fait que l’économie devrait être une affaire de probabilités plus que de science exacte telle que la physique. La probabilité d’un événement qui résulte d’une séquence d’événements successifs ou simultanés est en effet le produit de leurs probabilités individuelles. Il  serait sans doute bien plus simple de raisonner ainsi, car on s’apercevrait que nombres de prévisions impliquant une cascade d’événements ont relativement peu de chances de se réaliser, même si les probabilités individuelles de chaque événement pris séparément sont fortes. Accessoirement, une telle approche permettrait aux économistes de ne pas passer pour des piètres pythies quand leurs prédictions se révèlent inexactes : l’échec serait mis sur le compte du « pas de bol » plutôt que sur celui de leur majestueuse incompétence. C’est une vaste question qui mérite sans aucun doute réflexion dans un contexte de plus en plus complexe et interactif.

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52 réponses à “L’économie peut-elle être une science exacte ? par Jean-Paul Vignal”

  1. Avatar de Hadrien
    Hadrien

    Je prend l’occasion de cette critique du capitalisme (qui s’ajoute à des millions d’autres, plus ou moins étayées) pour proposer quelques vérités statistiques.
    1) Homo sapiens est malin, égoïste, cupide, et jaloux. C’est vrai s’il est riche comme s’il est pauvre. Il s’ensuit que l’immense majorité pauvre (ou qui se considère comme telle) reste enchaînée par ses appétits, plus encore que la minorité riche qui la cornaque (et qui a, elle, compris cette vérité).
    2) P Jorion voit 3 catastrophes: économique, robotique et environnementale. Il se trompe sur leur addition. Les 2 premières limitent la 3ème et freinent l’extinction (non de l’espèce comme il dit) mais de notre civilisation démocratique et confortable.
    En effet, la crise économique et l’inégalité monstrueuse retirent des sommes énormes à l’économie réelle qui équivaut à détruire la planète. Cela freine donc la crise environnementale.
    La robotique permettrait à l’humanité de freiner sa démographie. Or c’est notre nombre (P Jorion ne le dit jamais mais nous compare aux lemmings) le principal problème. Les Chinois l’ont compris (de même que beaucoup de forumeurs, contre les ‘élites’ qui restent désespérément natalistes).
    3) La critique est aisée, justifiée, vendeuse, sympathique. On nous y met chez les ‘bons’, contre les ‘méchants’, qu’il suffirait d’écarter (goulags, stalags ?) pour que le paradis survienne.
    Mais le méchant capitalisme nous a permis de:
    – Nourrir 7 milliard d’hommes dont 1 milliard d’obèses, surtout chez les pauvres;
    – Nous assurer un pouvoir d’achat (donc de pollution) jamais connu dans l’histoire;
    – Faire de nos bébés de futurs centenaires.
    Etc..
    Nous, en occident capitaliste, serions en enfer (lire sur Nuit debout : « nous n’avons rien à perdre »…). Mais alors, pourquoi des millions risquent la noyade pour s’attabler avec nous ?

    Si nous voulons sauver notre confort et notre démocratie, nous devons accepter, modestement (oui, c’est difficile !), la réalité telle qu’elle est, comme Copernic, le mouvement des planètes.

    1. Avatar de Juannessy
      Juannessy

      Si certains vivent en enfer et veulent rejoindre le paradis des autres, c’est sans doute parce que le paradis s’est en partie sensible construit sur la condition de l’enfer , et que les autres et les certains n’ont pas encore eu l’intelligence et la force de projeter un avenir pour tous .

      Les bosses se nourrissent de trop de creux pour qu’on en fasse la raison de sacraliser une « économie » qui n’est qu’un système financier , scientifique ou pas .

      L’économie , une fois de plus , c’est « l’art d’aménager sa maison « :

      C’est un art , domaine du sensible , du relationnel , du social , de la prise en « compte » du passé , de l’avenir , et de la création hors du temps , de l’éphémère .

      C’est « aménager » , domaine de la Loi , de la mesure , du nombre , des sciences exactes ou pas , du présent .Aménager suppose aussi la non irréversibilité . On doit pouvoir réaménager .

      C’est  » sa maison » , domaine du territorial , du réel , de l’immuable.

      Et quand les trois sont au rendez vous , et seulement à ce moment là, la politique et l’économie se confondent , et le bien public et individuel a une chance d’être aussi au rendez vous .

      PS : Julien ALEXANDRE : dois je abandonner ma dernière volonté de finir mes jours en vert plutôt qu’en bleu ?

    2. Avatar de AlainV
      AlainV

      A Hadrien.
      Sauver notre démocratie : vous vous croyez actuellement en démocratie ? Quand on emprisonne et condamne ceux qui manifestent, quand on les assigne à résidence pour qu’ils ne manifestent plus, quand on fait passer une loi de démantèlement de la protection sociale (face au pouvoir illimité de « l’Entreprise ») contre l’avis de 70% de la population, on serait encore dans un régime ‘démocratique’. Ou alors quelle idée vous faites-vous de la démocratie ?
      Sauver notre confort : votre confort peut-être, mais ce n’est pas celui de la moitié de la population. Et les 20% les moins bien lotis, quel confort ont-ils ? De pouvoir regarder la télé pour être formatés à « accepter, modestement (oui, c’est difficile !), la réalité telle qu’elle est, comme Copernic, le mouvement des planètes. » Les petits doivent, selon vous, rester modestes, n’est-ce pas, pour que les 1% ne soient pas troublés dans leur confort. C’est cela l’idéologie que vous défendez ?
      Détrompez-moi, détrompez-nous.

      1. Avatar de EquerreEtCompas
        EquerreEtCompas

        @AlainV
        « Quand on emprisonne et condamne ceux qui manifestent, »
        Combien de personnes concernées ?..

        « quand on les assigne à résidence pour qu’ils ne manifestent plus,  »
        Même question, combien de gens ? 1 ? 2 ? sur 66 millions..

        C’est quoi la démocratie ?
        Défiler parce qu’on n’est pas content que le FN soit au 2nd tour ? Mais ce sont les électeurs qui l’ont mis là.

      2. Avatar de Hippolyte Bidochon
        Hippolyte Bidochon

        @EquerreEtCompas

        « Mais ce sont les électeurs qui l’ont mis là. »

        35 ans de trahison des « élites » leur ont fait perdre la tête.
        Trahir le peuple à point tel qu’il devienne assez fou pour mettre les pires au pouvoir. Curieuse forme de démocratie que voilà.

      3. Avatar de EquerreEtCompas
        EquerreEtCompas

        @Hippolyte Bidochon
        « Curieuse forme de démocratie que voilà. »

        La folie n’est-elle pas d’élire et réélire constamment les mêmes cyniques ? On ne peut pas vouloir un changement radical tout en préservant intégralement le monde d’avant. Y’aura des pertes au passage, that’s life gringo.

    3. Avatar de Jean-Paul VIGNAL
      Jean-Paul VIGNAL

      Il y a un problème de vocabulaire. Pour faire court, il n’y a pratiquement plus d’activité humaine sans un minimum de capital; de plus, la nature en elle-même est un capital naturel dont les hommes et l’ensemble du monde vivant se sont toujours servis pour survivre et prospérer, et dont les humains usent et abusent maintenant sans bien accepter d’intégrer le fait que ce capital est épuisable et susceptible d’être irréversiblement pollué, mais c’est un autre débat. Il n’est donc pas question de critiquer le capitalisme en tant que tel, mais plutôt de réfléchir à la meilleure façon possible dont la propriété, l’accès et l’usage du capital peuvent etre équitablement organisés. Dans ce petit texte, la partie critique du capitalisme vise uniquement le capitalisme financiarisé et spéculateur à l’extrême qui domine actuellement. Mais je trouve tout à fait sympathique le capitalisme coopératif ou participatif, ou la gestion du capital naturel sous forme de communs.

    4. Avatar de Charles
      Charles

      Décidément, la défense de l’argent rend aveugle…
      Comment peut-on prétendre que le capitalisme est une vérité éternelle? C’est tout aussi ridicule que de nier que la terre tourne autour du soleil.
      Même un conseil en investissement, lié plus que quiconque aux jeux capitalistes, se rend à l’évidence que la science économique est une science sociale:
      Quand un conseil en investissement fait appel à Lénine…
      http://wp.me/p5oNrG-rki

      1. Avatar de EquerreEtCompas
        EquerreEtCompas

        @Charles
        Défendre l’argent en tant que tel n’a pas de sens, quoi que la propriété privée doive bien être reconnue. Mais veuillez bien constater que le monde marchand (avec ou sans monnaie, avec ou sans « banque centrale ») est nettement plus permanent que la démocratie. Des dizaines de siècles d’écart, si on devait en faire la mesure.

      2. Avatar de vigneron
        vigneron

        Le monde marchand est une chose, le Monde ou la Société de marché en est une autre, d’apparition infiniment plus récente que la démocratie grecque quoique (couac ?) parallèle à l’émergence des démocraties modernes libérales.

    5. Avatar de MerlinII
      MerlinII

      Ce n’est pas le (méchant) capitalisme qui a permis de …
      C’est le pétrole + le capitalisme si vous voulez (le carburant + le moteur)

      1. Avatar de vigneron
        vigneron

        Ouais bof, pétrole+conseils d’administration = électricité+soviets.

    6. Avatar de Paul Jorion

      « La robotique permettrait à l’humanité de freiner sa démographie. Or c’est notre nombre (P Jorion ne le dit jamais mais nous compare aux lemmings) le principal problème »

      Je nous compare aux lemmings parce que leur maîtrise du nucléaire est aussi médiocre que la nôtre.

      Plus sérieusement, la question est celle de la capacité de charge de notre environnement pour notre espèce. Ce n’est pas le nombre en soi qui est important, c’est le nombre par rapport à ce que l’environnement peut supporter vu le comportement de l’espèce. En changeant nos mauvaises habitudes de « politique de la terre brûlée » nous pouvons être beaucoup plus nombreux.

      1. Avatar de EquerreEtCompas
        EquerreEtCompas

        Malheureusement pas besoin de guillemets, brûler la terre est une technique ancestrale et toujours d’actualité :
        https://fr.wikipedia.org/wiki/Agriculture_sur_br%C3%BBlis

        Des millions d’hectares dévastés en Afrique notamment par les Masaï souvent considérés comme totems par les écologistes..

      2. Avatar de Hadrien
        Hadrien

        M Jorion, merci de votre réponse.
        « En changeant nos mauvaises habitudes de « politique de la terre brûlée » nous pouvons être beaucoup plus nombreux. ».
        D’accord bien sûr: ça s’appelle l’austérité.
        MAIS, personne (pas même vous, keynesien de gauche) n’en veut !
        😉

  2. Avatar de Mathieu Van Vyve
    Mathieu Van Vyve

    Peut-être faudrait-il préciser les termes « science exacte » et « science expérimentale ». On peut probablement dire que les mathématiques sont une science exacte, mais pas une science expérimentale. La physique est une science expérimentale, et il s’avère qu’elle est une science exacte (en tous cas, les particules ont l’air de respecter des lois mathématiques extrêmement précises).

    L’économie ne peut pas être une science exacte au même titre que la physique ou la chimie, ne fût-ce que parce que le comportement d’un humain peut changer d’une période à l’autre et d’un endroit à l’autre, alors que le comportement d’un proton sera toujours le même à n’importe quel point du temps ou de l’espace. De plus on pourrait imaginer que l’avancée des connaissances en économie modifie elle-même le comportement économique des personnes, son objet d’étude.

    Par contre, à défaut d’être exacte, on aimerait bien que la science économique ait vocation à être expérimentale, et que l’expérience, ce qui se passe dans le réel, a une influence majeure sur les théories économiques produites. Il est évident que ce n’est pas toujours le cas (beaucoup d’économistes ont l’air plus intéressés par l’élégance mathématique de leurs modèles, que de vérifier que le modèle corresponde à quoi que ce soit dans la réalité).
    Dans ce sens l’appel de Pierre Cahuc et André Zylberbeg à ne pas rejeter d’un revers de la main des études empiriques convergentes qui ne vont pas dans le sens que l’on souhaite, me semble légitime sur le principe. Maintenant parler de « négationisme économique » pour disqualifier tout discours critique sur l’économie me semble franchement polémique et pas constructif pour un sou.

    Pour conclure, je pense qu’il y a deux « mathématisation » de l’économie très différente de nature.
    L’une est la construction de modèles mathématiques (équilibre général, théorie des jeux, etc…) qui n’ont aucun intérêt pour l’économie si ils ne sont pas validés expérimentalement.
    L’autre est la collecte de données quantitatives et leur analyse pour tenter de voir et/ou comprendre des tendances, des relations, etc… au moyen de la statistique.
    Ces deux aspects sont très très différents l’un de l’autre et ne peuvent être critiqués de la même manière (contrairement à ce qui se fait souvent dans le camp des critiques du mainstream économique).

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Négationnisme scientifique, vieux débat sur les sites de vulgarisation.
      http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2013/09/26/peut-on-censurer-au-nom-de-la-science/

      1. Avatar de Juannessy
        Juannessy

        Sur le fond , c’est le même type d’interrogation que celle à laquelle Desproges avait avancé :  » on peut rire de tout , mais pas avec n’importe qui . »

        Et c’est bien avec l’espoir de vendre à n’importe qui , que l’éditeur avait sans doute accroché au bouquin , un titre si peu « scientifique » , et encore moins comique .

        Au fait , qui a choisi le titre et pourquoi ?

    2. Avatar de G L
      G L

      Les sciences qui peuvent faire appel à la méthode expérimentale pour valider leurs théories présentent l’avantage que, même quand elles demeurent approximatives et incomplètes, des nouveaux venus parviennent à remettre en question des théories largement admises et à contredire ceux qui sont considérés comme les savants les plus respectables du domaine concerné.

      Si on compare la science économique à la médecine on constate que la médecine est elle aussi très loin de répondre à toutes les questions qui relèvent de son domaine et qu’elle commet souvent des erreurs ayant de lourdes conséquences. Pourtant la méthode expérimentale à laquelle elle peut avoir recours lui permet, même si c’est parfois long et difficile, de corriger ses erreurs alors que cela dérange beaucoup de traditions et nuit à des intérêts économiques bien établis.

      La science économique ne peut hélas pas faire appel à la méthode expérimentale, elle ne dispose pas par exemple d’équivalent des essais en double aveugle auxquels peut procéder la médecine.

      Il me semble que c’est pour cette raison que la science économique fait appel à la Banque de Suède pour choisir ses prix Nobel et que les économistes, même jeunes et ambitieux préfèrent servir de caution à des choix politiques (aussi bien de droite que de gauche !) qu’une science économique fondée sur l’expérimentation remettrait probablement en cause.

      Les économistes ont-ils réellement intérêt à ce que l’économie soit une science exacte ? Leur science n’en est-elle pas restée au stade confortable dont se moquait Molière ou des charlatans parlant latin (pour les mêmes raisons que les économistes s’expriment en globish) dominaient la médecine ?

      En résumé la science économique fonctionne à l’envers: c’est un domaine où les lois admises et les théories qui les sous-tendent ne peuvent avoir comme fondement que ce qui est déjà enseigné et où on doit rester soumis à l’obligation de ne pas remettre en cause les intérêts dominants.

      1. Avatar de EquerreEtCompas
        EquerreEtCompas

        Pas tout à fait d’accord. Cela a été démontré à de nombreuses reprises sur ce blog, que l’austérité imposée à l’Etat Grec par la troïka, relèvait bel et bien de l’expérience (en plus de la sanction, pour la forme).

      2. Avatar de vigneron
        vigneron

        Non, faire un exemple n’est pas faire une expérience.

      3. Avatar de G L

        « l’austérité imposée à l’Etat Grec par la troïka relevait bel et bien de l’expérience  » (EquerreEtCompas)
        Exemple intéressant: les conclusions qui en sont tirées sont tout à fait contradictoires: les uns n’hésitent pas à en déduire qu’il faut encore plus d’austérité, les autres que les problèmes de la Grèce ont d’autres causes, etc.

        Contrairement aux médecins qui parviennent le plus souvent à se mettre d’accords sur les soins à administrer aux malades malgré les pressions exercées par la Sécu ou l’industrie pharmaceutique, les économistes n’y parviennent pas…

  3. Avatar de Sofarsogood
    Sofarsogood

    « si l’on veut que l’économie continue à fonctionner sur ses bases actuelles, il faut absolument envisager techniquement une nouvelle répartition plus égalitaire des richesses créées, non pas par bonté d’âme, mais parce que l’économie marchande ne peut indéfiniment fonctionner à crédit avec des citoyens/consommateurs de moins en moins solvables, dont la seule solution si l’on persévère dans cette voie est de sortir de l’économie marchande et de revenir à des modes de vie plus autonomes, au troc, et au travail « au noir ». On peut compter un peu sur le marketing personnalisé que permet l’existence de bases de données de plus en plus importantes et, surtout, sur la croissance de la consommation dans les pays émergents, comme le font les multinationales, pour se substituer à la consommation, défaillante, des pays développés, mais ces solutions n’auront qu’un temps face aux exigences de rentabilité croissantes des détenteurs du capital. »

    Tout à fait d’accord si nous perdurons dans l’organisation d’une existence humaine conçue pour l’avoir. Selon l’être en revanche (et la menace d’extinction de l’espèce nous impose moralement de l’envisager) l’économie devient une science de seconde zone (ce qu’elle est en réalité sans le feu des projecteurs) et c’est l’anthropologie évolutionnaire et la sociologie des organisations qui devraient reprendre les commandes de l’avenir de l’humanité.

    Selon une telle vision, la notion du progrès est à repenser et consiste à faire mieux avec moins. La répartition des richesses est inspirée par la possibilité que tous puissent vivre décemment à la surface du globe. Le devenir de l’humanité interroge quant à lui la place de la mort dans la vie de l’espèce et la bonne manière d’y répondre : transhumanisme ? immortalité numérique ? transformation cellulaire vers la vie sans mort ?

    L’économie aurait bien peu d’importance dans un tel monde parce que l’argent n’y intéressera plus que la poignée de personnes qui en disposeront encore… Peut-être est-ce celui-ci qu’il faut souhaiter ?

  4. Avatar de Yves Vermont
    Yves Vermont

    Science exacte ? Mais bien sûr que non mon cher Watson.
    Probabiliste, oui dans certains cas : le % de chance que les emprunteurs subprimes ne remboursent pas leur prêt étaient de 99% dès que le prix des maisons baisseraient.
    La probabilité que le prix des maisons baissent après une hausse est de 100%

    Il est probablement pas nécessaire de se poser la question reprise dans le titre.
    Si je vous réponds que 2+2 = 101, vous me croyez ou pas ?
    La réponse, ça dépend… exactement ce que du ce cr… de Cahuc.

    Bonne journée

  5. Avatar de AlainV
    AlainV

    Il est clair, pour tout observateur tant soit peu honnête, que l’économie est au mieux une ‘science humaine’, comme on parle de ‘Science de l’Education’.
    Dès que l’objet d’étude se porte sur les activités humaines, il existe une part d’impondérable, de mathématiquement indescriptible, sauf à connaître, pour reprendre Spinoza, la Cause Première.
    Aujourd’hui, on a confondu science et idéologie, dans la mesure où les décisions économiques et politiques sont prises avant tout en fonction (selon les principes) de l’idéologie néolibérale – telle que décrite par Michel Foucault et Wendy Brown.
    La gestion d’entreprise, bien entendu, n’a rien à voir avec cette idéologie néolibérale; quoique le marketing …

    1. Avatar de EquerreEtCompas
      EquerreEtCompas

      Je suis d’accord : « science économique » est ronflant mais peu réaliste, en particulier lorsque l’on aborde la finance sous ses pires travers comme ici sur ce blog. Combien d’économistes parmi les types qui pondent les algos de trading, les stratégies d’investissement, ou analysent massivement les données ? Environ zéro, ces métiers sont alimentés par les filières mathématiques. Y’a bien un complexe d’infériorité derrière tout ça.

      1. Avatar de Juannessy
        Juannessy

        Environ zéro ? Zéro + ou zéro – ?

  6. Avatar de rocaube
    rocaube

    Exacte à condition de ne pas s’égarer dans les objectifs. Le vote éclairé devrait valider un modèle économique. La mise en application de principes économiques va produire un résultat économique, les statistiques n’apportent pas d’objectivité sauf à tout rapporter pour une mise en perspective qui reste plus ou moins individuelle, ce qui fait qu’on croise les courbes et on recoupe les données dans l’illusion d’une gestion maitrisée alors que le capitalisme se fixe lui sur le résultat immédiat et isolé. Ce résultat est défini par la politique de la nation, la politique de la nation guidée par le peuple et jugée par lui, on a pu mesurer le danger de l’indifférence et de l’égocentrisme.
    En premier lieu l’économie doit veiller à la satisfaction des besoins primaires de toute humanité, impossible pour le capitalisme libéral avec 7 milliards d’humains sans détruire l’espèce humaine. L’économie constitue le fondement de la civilisation, science humaine, du vivant, elle est exacte quand elle permet de satisfaire les exigences naturelles avec des aspirations culturelles favorables à la justice et au bonheur.

  7. Avatar de JMG
    JMG

    « La science et le mythe se recoupent de bien des façons » P.Feyerabend

  8. Avatar de Germanicus
    Germanicus

    Si quelcun veut avoir l’air ridicule, il dira que l’économie est une science exacte.
    L’économie, telle qu’elle est enseignée à la fac, propose une certain nombre d’outils intellectuels pour décrire ou definir des comportements, des attitudes, des tendances….
    Mais l »économie est fractale, n’obéissant à aucune loi, contrairement aux sciences exactes. Elle est plus psychologie que science. Et même en sciences, tout change continuellement, y compris l’univers.
    La politique est dépendante des « experts » en économie, souvent trempés d’une croyance, d’un intérêt personnel ou celui d’une tendance politique.
    Cela fait justement partie du dilemme du personnel politique: celui-ci se comporte comme un ivrogne qui se cramponne au réverbère: elle use les données économiques non pas pour s’éclaircir, mais pour rester debout.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      l’économie est fractale, n’obéissant à aucune loi

      Meh ? Pourtant on m’avait dit que :
      α = r x β !!
      et
      β = s/g !!!
      Dans ces conditions je retire mon soutien à la candidature de l’arrière petit-fils de René Piketty.

      1. Avatar de Germanicus
        Germanicus

        Mais oui, vouloir attribuer à l’économie la qualité « science » ressemble un peu à Lacan et ses efforts pour « mathématiser » la psychanalyse. C’est la raison pour laquelle le defunt psychanalyste passe chez des gens séireux comme imposteur intellectuel.

  9. Avatar de vigneron
    vigneron

    Au moins pour PSDJ les marchés financiers, avec leurs taux négatifs, sont efficients, voire prescients…

    les investisseurs bancaires et financiers constatent que les titres représentant la richesse réellement produite et à produire sont nominalement insuffisants par rapport à la masse de liquidité qu’ils ont à placer

  10. Avatar de Le Borgne
    Le Borgne

    Je trouve toute cette pataphysique économique passionnante. Le « marché » cherche tous les moyens pour maintenir la rentabilité. La surexploitation des plus pauvres et des ressources de la planète, l’automatisation des tâches humaines, ne semblent plus suffire. Au fait, « 2 degrés avant la fin du monde »(datagueule nov 2015), atteints au mois d’août ?
    De quoi faire travailler encore longtemps la science économique, sur des sujets plus sérieux que la valorisation des portefeuilles.

  11. Avatar de MerlinII
    MerlinII

    Vouloir faire de l’économie une science me rappelle les marxistes qui voulaient faire du matérialisme historique une science.

    La revendication de scientificité pour expliquer la complexité humaine a encore de beaux jours devant elle.

    Mais il faut aussi prendre garde à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. On progresse à chaque fois que l’on produit de nouveaux concepts opérationnels. C’est un long processus.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Sophisme économiciste.
      Lire ou relire K. Polanyi (et Carl Menger…)
      https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2007-1-page-63.htm

      1. Avatar de MerlinII
        MerlinII

        Merci pour le lien.

        « …L’erreur a consisté à poser une équivalence entre l’économie humaine en général et sa forme marchande….réduire le champ du genre « économique » au seul phénomène de marché revient à rayer du paysage la plus grande partie de l’histoire humaine. »

      2. Avatar de vigneron
        vigneron

        « The reaction of economists was to assume that poor old Menger had not understood his own theory. It was not necessary, they felt, to bring in a more general theory in order to understand perfectly all economic activity. The price mechanisms, with the addition to it – those made by Jevons and the mathematical economists, the restatment of it as the marginal theory of utility – could explain everything. ( It is precisely this position that the anthropologist must attack : he should not try to say that economists are wrong, but only that their theory is not the most general theory. He has been left out in the cold, and he is trying to get back into grace ; an economist, Menger, pointed the way to this state of grace, and, instead of that, the economists have settled for a theory, also Menger’s, which allows them only a pleasant corner outside the gates…) »
        Tiré des épreuves avec les corrections de K. Polanyi de son Carl Menger, Two Meanings of Economic :
        http://kpolanyi.scoolaid.net:8080/xmlui/bitstream/handle/10694/517/Con_42_Fol_09%20Karl%20Polanyi%20Article%20%e2%80%93%20%e2%80%9cCarl%20Menger%e2%80%99s%20Two%20Meanings%20of%20%e2%80%98Economic%e2%80%99%e2%80%9d%2c%20.pdf?sequence=3

  12. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

    Cher Jean-Paul,
    S’il y a quelque chose d’exact dans le savoir économique, qu’est-ce que cela peut ou doit être ?
    Si le critère principal et défectueux du partage de la valeur ajoutée est actuellement la détention du capital, par quoi faut-il le remplacer ou à quels critères faut-il le subordonner ?
    Est-il économiquement rationnel, conforme à une finalité humaine du calcul économique, de déconnecter le revenu du travail ?
    Comment faut-il définir et étudier le travail pour s’approcher davantage d’une exactitude scientifique en économie ?

    1. Avatar de Jean-Paul VIGNAL
      Jean-Paul VIGNAL

      Il me semble que les réponses à ces excellentes questions ne peuvent venir que d’expérimentations de terrain, et certainement pas de préconisations « in vitro » livrées «clés en main gravées sur des tablettes de marbre, aussi judicieuses et imaginatives soit elles. Ces expérimentations sont d’autant plus difficiles que le systeme est complètement bloqué par le TINA néolibéral qui les considéré toutes au mieux comme des utopies, mais le plus souvent comme des divagations de fin de soirée bien arrosée au café du commerce. Il y en a beaucoup malgré tout, que ce soit au niveau des communautés électroniques comme celle de ce blog, ou de voisinage physique, ou même dans certaines entreprises qui considèrent l’innovation sociale comme une part intégrale de la vie de l’entreprise. Encourager ces initiatives en y participant, et faire connaître celles qui réussissent est le mieux que l’on puisse faire pour le moment.

      1. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

        Pourrait-on alors poser que le travail, qui soit justification du revenu et critère de répartition de la valeur ajoutée, serait justement cet exercice de sublimation ou de subversion des cadres libéraux plaqués sur nos réalités sans notre consentement, par l’innovation, l’expérimentation et la remise en cause explicite de la hiérarchie actuelle des biens et des valeurs exprimée par les prix dans ce qui nous est présenté comme le marché ?

        Puisque le travail physique et le travail de calcul sont pris en charge par les machines, ne pourrait-on pas dire que chaque citoyen est en lui-même la matrice d’un capital dont la société politique autorise la fructification au bénéfice de tous et de lui-même en garantissant un prix minimal de revenu des productions du travail de citoyenneté ? Le travail de citoyenneté se définirait comme l’existence décisive, volontaire et délibérée du citoyen en relation d’échange réciproque généreux, bénéfique et libre avec les autres à l’intérieur des sociétés.

        Le travail issu de la citoyenneté active impliquerait que la liquidité monétaire des biens ne soit plus déterminée par la valeur actualisée du capital nommé par l’oligarchie financière mais par l’appréciation collectivement délibérée des travaux personnels dans un marché universel délimité et régulé par les personnes morales publiques de l’État de droit contrôlé donc financé par les sociétés politiques de citoyens.

        Notons qu’actuellement un marché universel délimité et régulé par une personne morale publique se construit par un réseau social numérique dont les membres sont physiquement et nominativement reconnus par une autorité gouvernementale incarnée, donc interpelable, qui se porte garante au nom de tous les membres, de toutes les créances et dettes contractées selon les lois et principes expressément adoptées par la communauté politique réticulaire.

    2. Avatar de Jean-Paul VIGNAL
      Jean-Paul VIGNAL

      Merci beaucoup pour ces suggestions. Je suis très mal à l’aise pour les commenter, car j’ai une grande méfiance à l’égard de l’argent, qui, au lieu d’etre l’esperanto de l’economie qu’il devrait etre, est devenu depuis longtemps un instrument de liberté et de pouvoir pour ceux qui en ont, et un instrument de contention et d’aliénation pour ceux qui en manquent, comme l’a rappelé un des intervenants en citant le veau d’or.

      Les technologies modernes de l’information permettraient certainement d’améliorer la situation si elles étaient mises au service d’une monnaie « juste » au lieu d’etre utilisées presque exclusivement pour optimiser le rendement de la spéculation comme c’est le cas actuellement. Mais ma préférence va plutôt vers des solutions qui privilégient la sortie des circuits marchands et réduisent le rôle de la monnaie officielle dans les échanges. Le don, le partage et le troc sont les formes traditionnelles de cette suppression de l’argent. Il me semble qu’en ce qu’elles sont des outils au service de la désintermédiation, les mêmes technologies de l’information qui servent si bien actuellement la spéculation peuvent aussi permettre de simplifier la gestion de ce type d’échange. Il y a de plus en plus d’expériences qui explorent la concrétisation de cette hypothèse, y compris sous des formes marchandes. Il me semble que ce sont celles qui sont les plus intéressantes à suivre pour imaginer et mettre au point les nouveaux modes d’échanges d’une economie plus respectueuse des humains et des richesses de la biosphère.

  13. Avatar de Simon Tripnaux

    Il est évident que la plupart des tâches que nous effectuons peuvent êtres réalisées par des robots aux algorithmes bien pensés. L’avenir du travail dans une dizaine d’années, ce sera simplement de décider de stratégies, c’est a dire quasiment en permanence de choix politiques.

    1. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

      C’est exactement cela. C’est pourquoi le savoir économique n’a rien de scientifique tant qu’il ne dit rien de l’organisation de la délibération stratégique et politique à l’intérieur des regroupements humains à finalité productive.

      1. Avatar de vigneron
        vigneron

        Faudra pas oublier de penser, au préalable, à délibérer de la finalité productive, ou pas…

      2. Avatar de Juannessy
        Juannessy

        Déjà , « produire » est un concept qui peut prendre des nuances de différentes natures . Si l’on considère:
        – que le « pro » est du domaine du désir ,première façon d’exister,
        – que le « duire » est du domaine de l’agir , seconde façon d’exister,
        il devient plus évident que la communication , la parole ( troisième façon d’exister ) est le troisième pilier sans lequel il n’y a pas de groupe humain viable .

        La politique en se donnant vocation surtout sur « l’agir  » et le « désir » , en s’appuyant sur des sciences ( sociales ,psycho , mathématiques , physiques , biologiques , conceptuelles ..; molles ou dures ) a cru ainsi qu’en baptisant « économie » le champ ainsi couvert , elle pourrait , en déclarant que l’économie était une science, faire l’impasse de ce qui nous fait homme , d’abord et in fine :

        la parole, et donc la naissance avec le monde dont nous accouchons en même temps qu’il nous accouche .

        La production doit être un sous produit de la parole , celle qui crée et celle que l’on écoute pour tenir compte des impacts des productions .

        Je remets ici une citation de Herbert Marcuse :

         » L’a priori technologique est un a priori politique dans la mesure où la transformation de la nature entraine celle de l’homme , et dans la mesure où les créations faites par l’homme proviennent d’un ensemble social et y retournent  » .

  14. Avatar de jean-marie bouquery
    jean-marie bouquery

    Terrasse, platanes, pastis anarchosyndical et dix de der avec les dernières scies. On efface 1905, 1867, la barre est trop haute. Merci à J-P. V et consorts de nous consoler. Chapeau à P. J pour le couvert aux sans-abri.
    Frères humains qui après nous vivez…..

    1. Avatar de Jean-Paul VIGNAL
      Jean-Paul VIGNAL

      Je me demande ce que peuvent faire d’autres que rêver tout haut en terrasse sous les platanes des réseaux sociaux, – en espérant que le prix du pastis ne va augmenter -, tous ceux que l’évolution des 30 dernières années a laissé sur le bord de la route. Penser l’economie et la politique sans prendre en compte toutes les consequences du poids considérable et néfaste du critère étriqué de la rentabilité financière immédiate dans tous les choix politiques, techniques et sociaux au nom du réalisme économique n’est probablement pas plus judicieux que de rêver que l’argent ne fait peut-être pas tout le bonheur.

  15. Avatar de jean-marie bouquery
    jean-marie bouquery

    30 ans. L’étau de l’argent pire que le veau d’or. Notre martyre vers une forme de sainteté. Béat et fier. Salut.

    1. Avatar de Jean-Paul Vignal
      Jean-Paul Vignal

      Nous sommes tous des cigales grecques!! :-))

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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