« Toni Erdmann », c’est l’histoire d’un père qui va mettre en évidence aux yeux de sa fille qu’elle fait un boulot à la con. Comme elle est la digne fille de son père, elle ne sera pas trop difficile à convaincre.
Ce conte de fées aux accents « An 01 » est beaucoup plus subtil que je ne peux le laisser entendre en deux phrases et si vous n’avez pas encore vu le film, allez le voir sans tarder. Mais si je vous en parle, c’est surtout pour attirer votre attention sur le métier d’Ines Conradi, que son père appelle par dérision « Miss Schnuck » quand il la présente en-dehors de son univers de travail. Le boulot d’Ines, c’est de virer les gens à l’échelon international en noyant le message dans un jargon marketing-gouvernance-communication. Cela s’appelle « externalisation », et il s’agit d’un métier d’avenir. Très glamour au demeurant : réceptions BCBG, boîtes très à la page, coke en prime.
Pensons-y quand il sera question dans les jours qui viennent de la « fermeture de Caterpillar Gosselies » et que l’on entendra dire « Caterpillar ceci, Caterpillar cela… ». Or le problème n’est pas celui d’une firme en particulier, qui ne parvient plus à écouler assez de tel ou tel produit, licencier les gens est aujourd’hui l’industrie qui a le vent en poupe : c’est le travail humain en général qui disparaît à la vitesse grand V, et l’emploi avec lui.
Messieurs-Dames qui à partir de lundi allez vous pencher sur le cas Caterpillar Gosselies, faites-nous une faveur, épargnez-nous s’il-vous-plaît les « C’est la faute à Caterpillar ! », « C’est la faute aux salariés belges ! », « C’est la faute à Gosselies ! ». Traitez la question au sein du cadre qui est authentiquement le sien : celui du remplacement massif aujourd’hui des travailleurs par des robots et bien plus encore par des logiciels. Remettez la question à plat : le problème ne sera pas résolu au cas par cas. Pour cela il est hélas bien trop tard !
@Mango vous dites : « mais certains le sont pour des positions politiques plus ou moins arbitraires … » je réponds :…