Billet invité.
Démocratie en mode dégradé, ou démocratie de basse intensité ? La mode est au pire à l’euphémisme au mieux à la litote, pour nommer le régime politique agonisant dans lequel nous sommes empêtrés. Dans le premier cas, le lecteur du blog de Paul Jorion pris à témoin, sera prié d’appeler le SAMU et dans le second, d’appeler le légiste !
Alors, quel est le bon diagnostic ? Marianne est-elle en situation d’urgence vitale ou convient-il déjà de refermer la fermeture éclair de son sac mortuaire ? Pour que l’exercice ne ressemble pas à un devoir du bac philo avec thèse-antithèse et synthèse, ou qu’il ne débouche sur des abîmes de dialectique, je propose à votre sagacité quelques exemples tirés de l’actualité récente. Rien de scientifique dans cet inventaire à la Prévert et ses évènements uniquement reliés – apparemment –, par la seule concordance temporelle.
Quoi que…
– Du côté des forces du progrès, la loi El Khomry est publiée au JO le 9 août. Le peuple étant sot (pléonasme) et s’opposant farouchement à ce que le gouvernement fasse son bonheur, le Président Hollande dut se résoudre à utiliser le 49,3, celui-là même que le candidat Hollande qualifiait hier de ‘déni de démocratie’.
– Du côté des forces de la Liberté, l’insoutenable suspens a pris fin. M Bismuth (mais si souvenez-vous, la grande famille des Soprano !), accepte de se (re)sacrifier pour la France et déclare sa candidature aux primaires du PR (ce parti qui comme tout bon lessivier lavant plus blanc que blanc, change régulièrement de packaging et s’est appelé au fil du temps et au gré des affaires, UMP, RPR, UDR, UD-V°, UNR-UDT, RS, URAS, RPF). Son challenger le plus sérieux, un jeune homme célèbre pour avoir réussi à bloquer le pays avec une simple paire de bottes, a commencé sa carrière de professionnel de la profession en 1972, quand Nixon et Idi Amin Dada étaient aux manettes, que Stone et Charden faisaient un malheur au Hit-Parade, et que la Fiat 127 était élue voiture de l’année.
– Du côté des vrais Maîtres du Monde, le ministre de l’agriculture a dû reconnaître tout penaud qu’il n’avait pas le numéro de téléphone du PDG de Lactalis, cette gentille transnationale qui refuse comme la loi l’y oblige pourtant, de publier ses comptes (probablement, afin de ne pas accabler davantage des agriculteurs surendettés en leur révélant les dividendes misérables versés à ses actionnaires. Une telle pudeur force le respect).
C’est de la gourmandise, mais je ne peux m’empêcher de terminer cette courte liste en parlant du, du… ? Oui, gagné ! Du burkini ! Et là, nonobstant le devoir de neutralité qui est la marque de tout honnête chroniqueur, force est de constater qu’un homme se détache nettement dans le flot des propositions et commentaires qui font tant pour nous ridiculiser à l’étranger. N’écoutant que sa ferme conviction (celle d’être réélu en captant les voix du FN comme en 2007), M. Nicolas Sarkozy a proposé de modifier la Constitution pour interdire le burkini. Si !
Au vu de ses fréquentations, notre homme est pourtant bien placé pour savoir que le néolibéralisme est par définition a-moral. Si les promesses de gains existent, il lui est indifférent de vendre aux femmes des maillots de bain dont le prix est inversement proportionnel au cm² de tissu, ou des sacs poubelle griffés. Or, comme de toute évidence le marché de la mode islamique est trop juteux pour être ignoré, suivront fatalement après le burkini, des lignes de vêtements et d’accessoires pour le sport, la ville et les loisirs. De quoi nous obliger à changer la Constitution, sur le rythme bi-annuel des présentations des produits Printemps-été et Automne-hiver de l’industrie de la mode…
Envoyer un mail pour prévenir d’une panne de messagerie, c’est à peu près aussi malin que vous écrire pour vous…