Billet invité.
Ce soir, en rangeant mes stylos et en éteignant mon ordinateur après une belle journée de labeur vouée à satisfaire l’appétit croissant de nos actionnaires, un truc dérangeant me trottait dans la tête.
Après quelques efforts pour remettre les pièces du puzzle en place, j’ai compris ce qui me chagrinait : un collègue de travail était passé un peu plus tôt dans la journée pour m’informer qu’il quittait la boîte, ayant trouvé un nouveau job ailleurs.
Il en était content, et je comprenais son bonheur d’échapper à la prochaine charrette, joliment étiquetée « Plan de Sauvegarde de l’Emploi » par la magie de nos communicants. Je lui ai alors demandé où il partait, et la réponse n’a pas tardé : dans l’armement.
Depuis deux ans, un certain nombre d’ingénieurs dans mon entourage professionnel ont réorienté leur carrière vers ce secteur florissant. Je ne sais pas si notre industrie pourtant pacifique développe les compétences requises pour développer et vendre des produits à usage létal, mais force est de constater que le secteur militaire embauche régulièrement dans ma région, là où nos entreprises taillent sans remords dans les effectifs.
Il y a 20 ans, lorsque je suis sorti de mon école d’ingénieur généraliste, mes co-diplômés commençaient à partir travailler dans la Finance, avec le résultat que l’on connait aujourd’hui. Ces beaux et bons cerveaux auraient pu travailler à des projets socialement bénéfiques, mais il ont servi le Dieu de l’argent.
J’espère que l’histoire ne se répète pas aujourd’hui avec l’industrie de l’armement. Si ce secteur devient un nouvel eldorado pour des ingénieurs qualifiés en mal d’emploi, je ne donne pas cher de notre espèce…
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