Billet invité.
Que se passe-t-il dans les profondeurs inexplorées des bilans des mégabanques européennes ? On se doutait bien qu’elles recélaient des mystères, sans pouvoir être plus explicite, et voilà que l’agence Bloomberg commence à les dissiper en faisant état de la digestion difficile des produits dérivés dont ces établissements-phare se sont gavés du temps de leur magnificence.
Deutsche Bank, Royal Bank of Scotland (RBS) et Crédit Suisse ont reconnu fin juin dernier que 102,5 milliards de dollars de ces actifs étaient inscrits à leurs bilans, ce qui représente plus de la moitié de leurs capitaux propres. Simon Chester, un spécialiste du traitement de ces actifs à l’American Century Investment Management de Londres commente ce ratio ainsi : « s’il devait y avoir une erreur significative ou un calcul erroné rendant fausses leurs valorisations, cela pourrait se révéler problématique ». Rappelons que les banques utilisent leurs propres modèles pour évaluer le risque dont ces actifs sont porteurs, et remarquons que les mégabanques européennes ont appliqué une décote inférieure à leurs consœurs américaines pour des actifs similaires.
Mais la question n’est pas de savoir, comme le souligne le président de RBS Howard Davies, « s’ils sont porteurs des performances attendues, mais si une banque devant augmenter son capital peut les vendre, car il n’y a pas de marché pour elles ». Rappelons que les actifs en question sont classés par les banques en « niveau 3 » en raison de leur illiquidité, et que ceux dont il est question ont souvent des maturités de 30 ans ! Quelle valeur de marché leur donner dans ces conditions ? La question posée est « comment et à quel prix s’en débarrasser ? », mais il n’y a pas foule du côté de la demande.
Ces trois mégabanques sont-elles les seules dans ce cas en Europe ? C’est fort peu probable, mais il faudra attendre pour en savoir plus. On pense en particulier à BNP-Paribas et à la Société Générale, splendides dans leur isolement. Les trois qui ont été épinglées ont une valorisation boursière inférieure à celle des actifs qu’elles ont décidé de conserver jusqu’à leur maturité en les inscrivant dans le « banking book ». Signe, selon Bloomberg, que les investisseurs doutent de leur valeur affichée qui ne reflète pas la demande du marché.
Le sort de la Deutsche se détache au sein de ce premier panorama, pour être le plus important détenteur des produits dérivés. La cause semble entendue dans les milieux financiers, la banque est aux prises avec des problèmes qui la dépassent. Cette interrogation ayant sa réponse, la question suivante est « qui ne l’est pas ? »…
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