Billet invité.
Derrière le sauvetage des banques italiennes, que Matteo Renzi déclare « à portée de main », celui d’autres banques se profile après avoir été longtemps dissimulé. Le résultat des tests de résistance de l’Autorité des banques européennes (ABE) est attendu pour le 29 juillet, mais comment croire qu’elle va révéler ce qui a toujours été soigneusement dissimulé ?
Matteo Renzi a mis les pieds dans le plat en soulevant un coin du voile. « Qui connaît la réalité sait que la vraie question sur la finance en Europe n’est pas celle des créances douteuses italiennes, mais celle des produits dérivés des autres banques », a-t-il lancé il y a six jours. Il a été plus précis hier en déclarant : « à mon avis, le problème des banques en Europe ne concerne pas les banques italiennes. La question du crédit en Europe concerne de nombreuses institutions. Je suis beaucoup plus préoccupé par les dérivés des banques des autres pays, c’est ça le vrai problème. » Pour préciser celles qu’il vise, il a fait référence au deux bad bank créées par Angela Merkel dès 2009, où 247 milliards d’actifs toxiques ont été parqués, le prenant comme modèle qui aurait du être plus largement suivi…
S’il avait choisi d’être encore plus direct, le dirigeant italien aurait pu faire référence à la déclaration de l’économiste en chef de la Deutsche Bank, David Folkert-Landau, à Welt am Sonntag. Celui-ci a évoqué la nécessité d’un programme de recapitalisation sur le modèle du TARP américain et précisé qu’il pourrait être d’un montant de 150 milliards d’euros. Tout en faisant diversion en attribuant ce besoin aux conséquences de la faiblesse de la croissance, de l’importance de la dette publique, et de la quasi-déflation, sans un mot sur les produits dérivés dont sa banque regorge. Jeroen Dijsselbloem, qui préside l’Eurogroupe, lui a indirectement répondu en déclarant « qu’il y aura toujours des banques réclamant une recapitalisation sur fonds publics » et qu’il n’y aura pas de fenêtre d’opportunité.
A propos des banques italiennes, un compromis serait en passe d’être trouvé, à confirmer. Mais son annonce avant ou après le résultat des tests de l’ABE de fin juillet fait encore débat, les faucons européens voulant marquer le coup et souhaitant procéder clairement en deux temps. Les nouvelles règles du bail-in seraient effectivement appliquées, puis le gouvernement italien serait ensuite autorisé à dédommager les petits investisseurs.
Ce compromis va placer l’Italie dans la même situation que le Portugal, dont le dérapage budgétaire provient du sauvetage de la Banif sous le gouvernement de droite précédent. L’impact ne sera pas identique, mais les marges de manœuvre budgétaires de Matteo Renzi s’en ressentiront. BNP Paribas et Crédit Agricole, dont l’exposition au risque du système bancaire italien n’est pas connue mais serait loin d’être négligeable, pourront alors souffler un peu…
Si cette solution prévaut, il sera toutefois difficile de sanctionner le Portugal en raison de l’origine de son dérapage budgétaire. À cette occasion, la question est clairement posée : un nouveau rapport de force va-t-il s’établir au sein de l’Eurogroupe et des institutions européennes, que la décision vis-à-vis du Portugal et de l’Espagne va sanctionner ? L’étau va-t-il être un peu desserré ?
(suite) (« À tout seigneur tout honneur ») PJ : « il n’est pas exclu du tout que je me retrouve dans la…