Billet invité.
Ici et là, on se met à rêver à haute voix à une révolte contre le pouvoir en place. Le passage de la violence potentielle (les rapports de force) à une violence explicite change les données du problème. Certes, on peut toujours espérer la victoire de David contre Goliath, mais à bien y réfléchir, la disproportion des moyens de la violence de l’époque est loin d’être aussi démesurée qu’aujourd’hui. Les armes modernes peuvent tuer des milliers de personnes, le passage aux armées de métier rend illusoire le basculement d’une large fraction des gardiens de l’ordre vers la révolte.
Nous sommes dans un système de rapports de force fondé sur la dépendance. Bien des individus ont la sensation qu’ils ont beaucoup à perdre, notamment en termes de confort matériel. C’est le propre des situations d’érosion plutôt que d’effondrement. Cela explique à mon sens l’un des derniers sondages de BVA qui montre à la fois un rejet croissant des luttes en cours et de la loi travail. D’un côté, 6 familles évoquées dans un précédent billet sont à même de lutter, mais ce faisant, elles menacent la position des autres individus : chômage partiel, impossibilité de se rendre au travail. Dans le même temps, le rejet de la loi travail reste fort. Cette situation reflète l’arbitrage ambigu des individus, entre la dépendance et la conscience que la situation de demain peut être pire encore…
Enfin, qu’est-ce qu’une révolte des « gueux » contre les 0.01 % sans croyance partagée ? Il ne faut pas oublier que dans le contexte politique actuel, une part des « gueux » votent FN. Une hypothétique révolte des « gueux » serait aujourd’hui le mariage de la carpe et du lapin. En cas de victoire encore plus hypothétique d’une telle révolte, va-t-on assister à une guerre civile pour imposer sa vision ?
Non, définitivement, la solution reste politique, même si c’est parfois moins enthousiasment pour l’esprit…
@Garorock Rebelle à qui ?