UNE ANNÉE MARQUÉE D’UNE PIERRE NOIRE, par François Leclerc

Billet invité.

La sortie de crise se précise, son scénario en passe d’être bouclé afin que les réfugiés ne puissent plus accéder à l’Europe pour y demander l’asile. On supprime le problème pour ne pas avoir à le résoudre. La normalisation est en cours.

Afin de satisfaire à la demande insistante du premier ministre turc, qui dans cette affaire joue son poste, la comédie de l’exemption des visas touristiques pour les ressortissants turcs est désormais au point. La Commission s’apprête également à autoriser jusqu’à la fin de l’année les contrôles exceptionnels aux frontières intérieures de Schengen, à la demande conjointe de l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la France, l’Allemagne et la Suède. Deux précautions valent mieux qu’une.

Pour ne pas avoir l’air d’accorder à n’importe quel prix cette exemption, celle-ci serait proposée sous réserve. 8 critères sur les 72 requis ne seraient pas encore remplis, mais on ne sait pas encore lesquels ! Le Parlement européen et le Conseil européen auraient leur mot à dire au final, retirant cette responsabilité à la Commission… La ficelle est tellement grosse qu’un mécanisme de suspension rapide des exemptions pourrait être décidé en complément ; il serait activé en cas de manquements non précisés. On attend avec curiosité les textes.

La Commission va également dévoiler ses propositions de réforme des accords de Dublin. Un mécanisme serait ajouté aux dispositions actuelles qui seraient maintenues, permettant à un pays de première ligne – comme la Grèce et l’Italie – d’actionner un mécanisme prévoyant une relocalisation automatique des réfugiés parvenus sur son sol, lorsque leur nombre dépasse en un an 150% d’un quota calculé en fonction de leur population et de leur PIB…

Une deuxième disposition serait prévue pour ceux qui refuseraient d’accueillir des réfugiés. Ils seraient frappés d’une lourde amende dissuasive. 250.000 euros par réfugié refusé dit-on, mais on devine que ce montant va être âprement disputé si cette disposition est maintenue.

Pour mémoire, pas plus de 1% des 160.000 réfugiés prévus ont été à ce jour relocalisés. La suite ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices.

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