LE TEMPS QU’IL FAIT LE 28 AVRIL 2016 – Retranscription

Retranscription de Le temps qu’il fait le 28 avril 2016. Merci à Cyril Touboulic !

Bonjour, nous sommes le jeudi 28 avril 2016, et, comme vous le voyez, une fois de plus dans une chambre d’hôtel. J’espère que dans les semaines qui viennent j’aurai l’occasion à nouveau de faire une vidéo de chez moi. En soi, évidemment, le fait que je ne sois pas chez moi est une bonne nouvelle, ça veut dire qu’on veut me faire parler, en particulier de ce nouveau livre : Le dernier qui s’en va éteint la lumière.

Ce soir, c’est un peu différent puisque c’est de Keynes qu’on me demande de parler ici, dans le Brabant wallon, à Nivelles. J’en parlerai, bien entendu, très volontiers également.

Alors vous avez vu, vous avez eu l’occasion de voir, par exemple, d’entendre les podcasts ou de voir les vidéos de gens qui m’interrogent sur ce livre, dont je suis ravi de la réception. Alors, le « ravi », c’est parfois de voir la consternation de certaines personnes en arrière-plan ou carrément parmi les personnes qui m’interviewent, devant les choses que je dis. Mais ça convainc !

Ça convainc. Comme vous le savez, si vous avez lu le livre ou si vous l’avez vu se préparer ici sur le blog, je n’essaie pas de prouver qu’il va y avoir extinction, simplement, eh bien, comme dans le cas de la crise des subprimes, je regarde autour de moi, et je regarde ce que l’on dit et je regarde les arguments des uns et des autres, et puis, voilà, la probabilité est élevée sauf, bien entendu, si nous nous ressaisissons. Et si nous nous ressaisissons, il faut encore qu’il ne soit pas trop tard. Alors ça, s’il n’est pas trop tard, je n’en sais rien, ça pourrait être le cas sur certaines choses, mais ça vaut la peine quand même d’essayer.

Je suis en train de réfléchir un petit peu : est-ce qu’il faut faire une suite à ce livre ? Et, hier soir, là, c’était à la porte Saint-Denis, je me suis dit qu’il fallait sans doute une suite, mais je vous tiendrai au courant. Il y a quelque chose, à mon avis, pour compléter le tableau.

En fait, il y a quelque chose que je dis, la chose que je dis c’est que ça vaut la peine de sauver notre espèce, et ça, je ne le prouve pas, je dis : « C’est un pari, c’est un pari un peu sentimental. » Mais je me suis demandé si il n’y avait pas moyen de mettre sur le papier un petit argumentaire quand même dans ce sens-là. Et au bout de 2 ou 3 minutes, il y a quand même des arguments qui se sont mis ensemble et je vais peut-être essayer de, voilà, tricoter tout ça d’une certaine manière.

Alors, eh bien, je suis repassé à Nuit Debout l’autre jour mais c’était la catastrophe ! D’abord, il faisait vraiment caillant, il faisait abominablement froid, et puis il pleuvait et donc il n’y avait pas grand monde. Et, j’ai remis l’idée d’une nouvelle petite intervention à la fois suivante. Je ne suis pas… voilà, je ne suis pas pressé, je ne fais pas partie des gens qui considèrent qu’il est urgent qu’il se passe autre chose, qu’on aille au devant… qu’on jette des ponts vis-à-vis de tel et tel autre groupe qui, lui, en fait, n’a pas envie de venir là. S’il n’a pas envie de venir libérer sa parole, je ne vois pas trop pourquoi on aurait envie d’aller lui causer à lui, à ce groupe en particulier. Euh… pour aller discuter avec des gens qui parlent encore la langue de bois, je ne suis pas sûr que ce soit un dialogue très positif ou que, voilà, ça donnera grand-chose. Il y a d’autres gens qui vous disent : « Il faut absolument structurer ! » Structurer ? je n’entends que ce mot-là : « structurer », mais quoi, pourquoi, pour faire autre chose ? Pour quoi ?

Libérer sa parole ! Qu’est-ce qu’il y a ? j’ai effectué un calcul avec quelqu’un là, qu’il y a peut-être de l’ordre de quinze cents personnes qui ont pu s’exprimer encore jusqu’ici : quinze cents sur 65 millions d’habitants, ce n’est pas encore énorme, je crois qu’il y a encore de la réserve pour causer, et pour dire ce qu’on a envie, et pour dire ce qu’on a sur la patate, et avec les beaux jours, eh bien, ça sera agréable de retourner là et puis de parler sans se poser trop de questions sur la « structuration nécessaire » ou sur les gens qu’il faudrait aller convaincre.

Je ne dis pas de ne pas soutenir une action ! Ça, c’est une excellente idée ! S’il y a des intermittents du théâtre qui veulent discuter dans le cadre d’un théâtre, c’est très bien d’aller les aider. Mais ce que je veux dire, c’est aller parler avec sa parole libérée à soi, euh… parler à des gens dont la parole n’est pas libérée du tout, je ne vois pas trop l’intérêt, ça s’est fait pendant des millions d’années et ça n’a pas apporté grand chose. Il vaut mieux voir, je dirais, voir les gens venir à l’endroit où l’on cause, venir écouter et s’ils ont envie de venir parler eux-mêmes dans ces assemblées libres, dans ces AG, comme on dit (Assemblées Générales), eh bien, c’est très bien, c’est très bien. Il n’y a pas de raison de s’exciter particulièrement, à mon avis.

L’idée que ça s’essoufflerait automatiquement… c’est ça : la peur que ça s’essouffle ! Comme si quand on libérait sa parole un jour, le lendemain ou un autre jour, on se levait en se disant : « Oh la la ! Ma parole libérée m’a fatigué énormément, je vais arrêter ça, je vais recommencer à parler de manière convenue ! » Tout ça n’a pas de sens, non ! Si on a libéré sa parole, eh bien, c’est une bonne fois pour toutes et c’est un grand soulagement. Il n’y a pas de raison que ça s’essouffle. L’essoufflement n’est pas de ce côté-là [rire].

Enfin bon, vous voyez, je ne suis pas particulièrement excité à l’idée que tout ça va s’effondrer comme un château de cartes. Il n’y a pas de raison, à mon avis, de se précipiter à vouloir faire autre chose, à structurer d’une manière ou d’une autre.

Voilà, eh bien, j’arrête là-dessus. Comme vous le voyez, bon, toujours des conditions un peu acrobatiques. À la semaine prochaine, probablement chez moi.

Au revoir !

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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