Le dernier qui s’en va éteint la lumière, de Paul Jorion, éd. Fayard, 2016. Une note de lecture (VI) : un peu de lucidité ?, par Roberto Boulant

Billet invité.
le dernier qui s'en va...

À l’entame du dernier chapitre, Paul Jorion rappelle à toutes celles et tous ceux qui ont du mal à appréhender la réalité décrite par une théorie quantique si intuitivement contraire à notre monde macroscopique, qu’il en existe une interprétation encore plus vertigineuse : celle d’un multi-univers (ou multivers) où tous les possibles se réaliseraient ! Impossible alors pour nos cerveaux humides d’appréhender réellement une réalité explosant en une infinité arborescente à chaque infime fraction de seconde.

Tout au plus peut-on essayer d’imaginer – d’entrevoir -, ce multivers avec ses multiples soi-même qui vivent (et meurent) au long d’une infinité de parcours de vie différents.

Chouette ! seront alors tenter de se dire les prêtres de la Religion Féroce, une infinité de mondes à piller ! Sauf que, les choses ne sont pas si simples comme l’explique Paul Jorion en quelques lignes : « tous les possibles se réalisent, mais chacun de ceux-ci ne réalise à titre individuel que son propre parcours idiosyncratique. Quel que soit l’univers dont il est question, si l’homme s’y conduit en colonisateur irresponsable, incapable de maîtriser sa prédation sur son environnement, l’issue est la même : l’extinction. Cautionner l’une ou l’autre interprétation de la mécanique quantique ne change malheureusement rien à l’affaire ! » (Jorion p. 237)

Nous voilà bien avancés ! Que faire alors pour nous dépêtrer de nos instincts animaux, pour nous sauver de nous-mêmes ? Plusieurs options sont envisageables, mais la plus paradoxale, celle qui semble avoir la préférence de l’auteur fait appel à la ruse de la raison. Je laisse le plaisir au lecteur de découvrir si Paul Jorion est à ce sujet totalement hégélien, ou bien s’il rajoute une pincée de déterminisme historique kantien. Mais avec des échelles de temps proprement comiques, de celles qui englobent espèces et civilisations, terrestres ou extra-terrestres !

Voilà, le ‘grand 8’ terrestre des chapitres précédents s’est mué en un vaisseau cosmique multidimensionnel, propre à faire passer l’Enterprise du capitaine Kirk pour une brouette à main (mais si souvenez-vous : le pyjama en Lycra, les bottines et les tentatives désespérées de l’acteur pour dissimuler à la caméra son estomac).

À la différence notable vis-à-vis de la fameuse série télévisée, qu’il s’agit ici de notre réalité et de notre histoire…

Allons-nous dans les deux à trois générations suivantes, assister à l’ouverture d’un chapitre totalement inédit dans l’histoire du vivant sur cette planète, ou bien au contraire sera-ce alors…, la fin de l’histoire ?

En tout cas, quoi qu’il advienne, Paul Jorion aura ‘fait le job’. Il aura tenté de prévenir notre extinction en essayant de réveiller les consciences. Par sentimentalisme d’espèce comme il le dit lui-même ? Sans doute. Mais aussi et surtout parce qu’il pense (croit), que nous sommes capables de modifier notre destin.

Alors, la lecture terminée, à chacun et chacune d’agir en ce sens avec ses capacités et ses moyens. Aux armes citoyens, formez vos bataillons !

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