Billet invité. Ouvert aux commentaires.
Je souhaitais vous faire part de mes réflexions sur la façon dont j’ai vécu cette deuxième nuit debout à Nice (en fait 20h -3h30 du matin).
Ce matin je me suis levée et la première chose que j’ai faite c’est d’écrire à un monsieur que je ne connaissais la veille ni d’Eve, ni d’Adam, et je lui ai dit ceci :
« Bonjour,
Je suis Isabelle.
Je vous ai rencontré hier à la commission finance (pas celle de l’Assemblée nationale ou du Sénat) celle de Nice debout ☺ !
J’ai commencé un compte-rendu de la soirée, et je bute sur la façon d’exprimer ce que vous avez dit à propos de la création monétaire et du compte Nickel (orth?)
Voici ce que j’ai écrit :
« La soirée commence. Les organisateurs (ces personnes se sont rencontrées en majorité la veille, lors de la 1ère nuit debout de Nice, et c’est le premier petit « miracle » de ce mouvement), installent, qui un stand de nourriture, qui des toilettes sèches, qui un stand infirmier, qui la sono, qui un « mur » d’expression à la craie sur le sol, celui-ci sera enrichi par les participants au cours de la nuit.
A terme, l’idée est de créer un « village » permanent.
Un ordre du jour, est décliné : assemblée générale, répartition en commissions pour ceux qui le souhaitent (commissions logistique, éducation, écologie, finance…, je vous laisse deviner ce que j’ai choisi…).
Deuxième petit miracle, les gens se succèdent au micro pour parler. Ils ont inscrit leur prénom sur un tableau et sont appelés.
Et si vous vous demandiez ce que vous faisiez là, alors vous comprenez. Oui, vous êtes venu(e) écouter ces gens.
S’ils ont trois minutes pour parler, certains débordent sur leur temps, comme ils débordent d’émotion parfois.
Ils sont beaux, touchants, au bord des larmes, au bord des cris. Je retiens l’intervention de cette jeune intérimaire, pour qui « les contrats se succèdent, qui n’en peut plus, qui ne sait pas comment faire, qui nous supplie de faire quelque chose, qu’il faut que quelque chose arrive, et qu’il faut qu’elle-même fasse quelque chose, mais qui ne sait ni quoi, ni comment ».
Ou cette maman qui amène son petit garçon de 10 (?) ans, parce qu’il a une question, et qu’il la pose lui-même, « Pourquoi les terroristes font ce qu’il font ? Peut-être qu’il faudrait qu’ils viennent au micro pour dire, comme nous, ce qu’ils veulent ? ».
Celui qui lit un poème, ou celle qui dit juste qu’elle est contente, parce que Nuit debout existe. Ceux qui parlent trop et ceux qui sont éméchés, Les gens quoi.
J’avais à mes côtés une amie, qui est sans-papiers, dont le rêve est de les acquérir. Elle m’a dit, « Je me suis sentie chez moi » et puis, « La douleur que les gens expriment c’est la même que la nôtre, il n’y a pas d’incompréhension entre les gens, on est content ».
Cela peut durer une heure, voire plus. La deuxième nuit, on a voté, les mains en l’air (ce n’est plus une menace, c’est la démocratie revenue !), pour du rab de parole avant de se répartir en commissions.
La commission finance regroupait un trader, un artisan, une ancienne prof.., nous étions une dizaine. Moi de Nice, une autre personne de Menton, à l’est du département, une autre de Mandelieu, à l’ouest du département…, toutes des personnes susceptibles de se croiser, jamais de se parler. Des gens peuvent quitter la commission à tout moment, d’autres arriver à tout moment. Le cercle s’élargit ou se rétrécit. Quelqu’un prend des notes, et s’il doit s’en aller les passe à quelqu’un d’autre qui deviendra à son tour rapporteur de la commission.
Les échanges se font en l’absence de véritable règle, pour notre part. Si on souhaite parler on lève la main. La parole est prise d’emblée par ceux qui y « connaissent » quelque chose, soit parce qu’ils travaillent dans ce domaine, soit qu’ils ont étudié une question à fond, et tout ce qui est dit est intéressant, mais pas toujours facile à comprendre.
Création de la monnaie, comment ça marche : l’artisan dit qu’il a compris que la création de la monnaie impliquait déjà un « vol » à la base. Si elle était restitué à chacun, cette somme représenterait 500 euros par mois et par personne. Il veut s’extraire du système, et pour cela a créé un compte « Nickel » sur internet, indépendant des banques.
Le trader travaille à son compte, avec une éthique, il ne travaillerait pas pour des banques. Une personne a créé un spectacle sur le Tafta et se demande si elle ne pourrait pas le jouer à Nuit debout, une personne signale un jeu « Economicus » pour comprendre comment la monnaie fonctionne, et compare la monnaie à des écharpes que certains possèdent, d’autres non, et si quelqu’un tricote beaucoup d’écharpes, il en a plus que les autres. »
Arrivée ici, je me rends compte que narrer la richesse de ce qui s’est passé est un peu une gageure !
Pourriez-vous me faire un retour sur les quelques lignes qui vous concernent ? Ai-je bien compris ? L’ai-je correctement exprimé ? Souhaitez-vous préciser ou rectifier ?
Cela me serait très utile.
Je me rends compte aussi que n’ayant pas facebook, ni twitter, et n’ayant aucune idée de ce que veut dire hashtag, et ne souhaitant pas m’en servir, je vais avoir du mal à me connecter au mouvement de façon efficace.
Donc pour profiter pleinement de l’opportunité que j’ai eue de vous rencontrer, seriez-vous d’accord pour transcrire et me transmettre ce que vous avez compris de la création de la monnaie, afin que je puisse en tirer un texte.
J’avoue n’avoir pas tout saisi hier.
J’écris des textes sous forme de poésie pour exprimer ce qui m’intéresse.
Pour vous donner un exemple je vous envoie un texte et sa chanson sur le thème de la flexi sécurité, telle qu’on veut nous la faire gober.
Je vous exprime ma demande, et il n’y a bien sûr aucune obligation de votre part d’y répondre. c’est juste que votre réflexion pourrait servir en étant partagée, elle pourrait être mise sur facebook, c’est une suggestion. Ou alors le temps vous manquera peut-être.
En tout cas, merci d’avoir pris le temps de me lire.
Cordialement,
Isabelle Joly
membre de la commission finance de la deuxième nuit debout de Nice ☺
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