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Les sondages valent ce qu’ils valent, mais leur évolution devient de plus en plus intéressante au fur et à mesure que l’on se rapproche de 2017. La dernière livraison de « L’observatoire de la politique nationale – Mars 2016 » réalisée par BVA pour iTélé et Orange n’échappe pas à la règle et quelques éléments méritent d’être notés.
Tout d’abord, la cote d’influence des personnalités de gauche place en première et deuxième position deux personnalités qui portent clairement des valeurs de gauche : Christiane Taubira et Martine Aubry. Voilà qui est encourageant, au-delà des appréciations que l’on peut porter sur les personnes. Cette hiérarchie est loin de refléter celle de l’ensemble des sympathisants du PS, il n’est vraiment plus possible de douter que la ligne de fracture entre la gauche et la droite traverse aujourd’hui le cœur même du PS.
Malgré une présence importante dans les médias, Jean-Luc Mélenchon voit sa cote baisser fortement. Il réédite à mon sens ses erreurs des dernières campagnes : un discours partiel trop centré sur la fin de l’austérité, un ton de plus en plus inadapté au contexte actuel, des prises de position sur la politique extérieure inacceptables : ce n’est pas parce que Poutine s’oppose aux États-Unis que cela en fait un personnage fréquentable. Les autres candidats potentiels à gauche, que ce soit pour EELV ou pour la gauche radicale, voient leurs positions s’éroder doucement. Cette configuration est tout à fait en phase avec ce que j’écrivais il y a quelques jours dans le billet « Comment jouer les trouble-fêtes aux élections présidentielles de 2017 ? ».
Le risque dans cette configuration est de voir Martine Aubry ou Christine Taubira faire acte de candidatures pour 2017. Elles restent des représentantes d’un monde politique traditionnel, de plus en plus rejeté par les Français. Elles auront du mal à être crédibles par manque de différenciation avec les autres candidats, alors que leur forte personnalité s’accompagne d’un clivage important dans l’opinion publique. Si ces figures que je respecte par ailleurs veulent rendre service à la gauche, il faut qu’elles soutiennent une candidature hors des partis et plus à même de dépasser les clivages partisans.
Mais ce qui est le plus frappant dans ce dernier « observatoire de la vie politique », c’est la popularité élevée des deux partis les plus inaudibles et transparents de la scène politique française : le Modem et l’UDI ont plus de 5 points d’avance sur leur suivant le plus immédiat. Si ce silence et cette transparence sont le résultat d’une stratégie délibérée, partant du principe qu’il vaut mieux ne rien dire que dire des bêtises, c’est bien joué. Il est une autre interprétation possible, cette situation n’est pas voulue, la cote très basse des autres partis illustre seulement l’inadéquation du discours et des attentes des Français.
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