Je reçois régulièrement des courriers de personnes me proposant une nouvelle manière d’adosser la monnaie à un patrimoine qui en constituerait l’étalon.
Je vois ainsi proposés, par exemple, le bonheur, l’énergie disponible, un panier de matières premières non renouvelables, etc. L’intention est toujours la même, et toujours aussi louable, d’adosser la monnaie à une vraie richesse.
Les auteurs de ces propositions oublient systématiquement une chose : qu’il n’y a pas place ici – hélas, trois fois hélas ! – pour une vision idyllique du monde tel qu’il devrait être mais qu’il est question seulement de découvrir un reflet réaliste du monde tel qu’il est, en ne négligeant aucun des défauts qui sont les siens.
Pourquoi ? Mais parce que si une monnaie est adossée à un étalon, c’est pour lui permettre de remplir la tâche qui a été confiée aux banques centrales d’assurer la stabilité des prix. La finalité d’un étalon monétaire n’est pas d’être admirable, ni sur un plan moral, ni sur un plan esthétique, mais d’assurer le mieux possible cette fonction de stabilité des prix – la réalité étant ce qu’elle est, même si c’est à notre plus grand désespoir.
En améliorant la qualité du miroir, on améliore la qualité du reflet de la chose reflétée, mais on n’améliorera jamais la qualité de la chose elle-même qui se reflète, comme le supposent naïvement les partisans d’un nouvel étalon, plus admirable, pour la monnaie.
P.S. La Federal Reserve, la banque centrale des États-Unis a un double mandat : la stabilité des prix et le plein emploi, l’étalon choisi doit alors permettre de viser – avec une certaine vraisemblance – ce double objectif.
1) On peut utiliser des bombes nucléaires pour stériliser l’entrée d’abris souterrains (au sens galeries bien bouchées, comme au sens…