Billet invité.
Les articles se sont multipliés ces derniers jours s’alarmant des chiffres de la croissance en Chine. Elle aurait été de 6,9 % en 2015, le gouvernement chinois vise un objectif encore plus prudent en 2016 : 6,5 %. Beaucoup estiment que ce taux est en réalité surévalué, faisant peser ainsi une menace pour l’économie mondiale.
L’une des explications reprises dans nombre de médias serait la dégradation de la compétitivité salariale de la Chine. Des récentes publications du département d’étude économique de la banque Natixis nous informent donc que :
« La hausse continuelle depuis près de 20 ans des salaires et des coûts salariaux en Chine vise à accroître la part de la consommation dans le PIB, mais cette hausse continuelle des salaires a comme effet insoutenable de dégrader la compétitivité-coût de la Chine, et de faire donc chuter le rendement du capital, donc de provoquer d’énormes sorties de capitaux ».
Les recommandations des gardiens de la religion féroces sont simples :
« Une forte montée en gamme de l’économie, avec une hausse de la productivité permettant de supporter le niveau des salaires, avec la destruction des capacités de production excédentaires permettant de redresser la rentabilité du capital ».
Fermez le ban.
Le salaire moyen annuel en Chine s’élevait à environ 7 400 $ en 2008 (à parité de pouvoir d’achat) et 8 400 $ en 2015 (en France, il était de l’ordre de 37 400 $ en 2008 à parité de pouvoir d’achat). La durée maximum du travail en Chine est de 44 heures hebdomadaires, le travail de nuit n’est pas encadré, 3 heures supplémentaires sont autorisées tous les jours avec un maximum de 36 heures par mois. La réalité est souvent bien pire.
Rien n’y fait, les salaires chinois ne sont donc plus compétitifs, le Bangladesh et l’Inde ont quand même des coûts horaires moins élevés, les règles sociales y sont moins strictes, on peut même y faire travailler les enfants. L’outil de travail chinois serait obsolète, les produits fabriqués trop bon marché, feignant ainsi d’ignorer que la plupart de nos smartphones et d’autres produits de haute technologie sont fabriqués dans les usines de Shanghaï ou de Shenzen.
Voilà qui éclaire d’un jour singulier les discours sur la compétitivité et la modernisation des lois sociales. Encore un effort camarades Valls et El Khomry : si nous voulons préserver la compétitivité de la France, il est temps d’assouplir encore les lois sociales, de baisser le coût du travail, de diminuer les salaires, bref de nous préparer à cette grande compétition économique qui doit nous apporter l’emploi et la prospérité. Ou non.
Malheureusement pour Messieurs Macron et Hollande, un autre front vient de s’ouvrir en matière de compétition. Le Chancelier de l’échiquier, George Osborne vient d’annoncer à la chambre des communes la réduction de l’impôt sur les sociétés à 17 % d’ici 2020. Il confirme ainsi la politique fiscale extrêmement favorable qu’il mène depuis sa nomination en faveur des entreprises et des plus nantis de ces concitoyens.
Brexit ou pas, le petit couplet sur les multinationales qui a accompagné la présentation de la mesure n’est là que pour la façade. Il est proposé aux grandes entreprises un package attractif en Grande-Bretagne, disposant à la fois des outils de la City, d’un marché intérieur de taille respectable, et maintenant des avantages d’un quasi-paradis fiscal, sans compter l’accès facilité aux merveilleuses îles Anglo-Normandes.
Là encore un effort s’impose pour rester dans la course, surtout quand notre concurrent est si proche. Pour pouvoir nous imposer dans cette compétition fiscale, ne serait-il pas temps d’abaisser l’impôt sur les sociétés à un seul chiffre, de transformer l’île de Houat en paradis fiscal ?
Nous vivons dans un monde agonal, fondé uniquement sur la lutte et la compétition. Comme à l’époque des jeux du cirque (c’est la racine latine de ce mot), malheur au vaincu. Mais nous sommes dans l’arène, l’oligarchie économique et financière dans les tribunes, leurs pouces tournés vers le bas depuis un certain temps déjà.
Petite question technique Openai a ébaloré une nouvelle version o3 , soit-disante IAG : l’avenir nous le dira Avant de…