Billet invité.
Les autorités européennes ne sont même pas parvenues à maintenir ouverte la Route des Balkans jusqu’au prochain sommet du 6 mars, comme cela avait été décidé par le dernier sommet. La Macédoine qui ne fait pas partie de l’Union européenne en a décidé ainsi, à croire que le rapport de force était trop en défaveur de la Commission.
En visite à Lesbos, le Haut-commissaire aux réfugiés de l’ONU Filippo Grandi a alerté d’un risque grandissant de « chaos » en raison des fermetures de frontière qui s’enchaînent dans les Balkans. Roland Tusk, le président du Conseil européen, s’est ouvertement interrogé sur la possibilité d’appliquer la Convention de Genève sur les réfugiés. Le commissaire chargé de la migration Dimitris Avramopoulos avait bien précédemment fait savoir aux autorités autrichiennes qui ont décidé de quotas de réfugiés qu’une telle décision était « clairement incompatible » avec le droit européen, mais sa protestation avait été immédiatement rejetée, sans susciter de réaction de la Commission. Ils en sont là.
La Macédoine a dimanche dernier pratiquement fermé sa frontière aux réfugiés d’origine afghane et restreint son passage pour les autres. Les Afghans représentaient ces derniers jours environ 30% de ceux qui pouvaient encore la traverser. C’est chose révolue pour ceux qui ne possèdent pas de papiers et n’ont comme document de voyage que ceux émis par les « hot spots » grecs, qui étaient jusqu’alors reconnus. Cette nouvelle disposition vaut également pour les Irakiens et les Syriens.
Les autorités grecques ont rapatrié à Athènes les 4.000 d’entre eux qui s’y trouvaient déjà et bloqué l’accès des Afghans aux cars qui conduisent les réfugiés à la frontière avec la Macédoine, depuis le port du Pirée où ils débarquent des îles. Selon Médecins sans frontières, l’ensemble des capacités d’accueil grecques, qui ont été construites autour d’Athènes, seront dépassées sous huit jours au rythme de l’arrivée de nouveaux réfugiés afghans, si la situation actuelle est maintenue.
Une réunion de coordination où participeront l’Albanie, la Bosnie, la Bulgarie, le Kosovo, la Croatie, la Macédoine, le Monténégro, la Serbie et la Slovénie aura lieu demain à l’initiative de la ministre autrichienne de l’intérieure, Johanne Mikl-Leitner, qui en fait une machine de guerre contre la Grèce. Nul doute qu’elle renforcera la position du ministre autrichien lors de la réunion des ministres européens de l’intérieur qui la suivra jeudi.
La fermeture de la Route des Balkans intervient alors que la description de la situation apocalyptique à l’intérieur de la Syrie est maintenant largement connue. Pour ne pas rester totalement les bras croisés, la Commission évoque le risque d’une « crise humanitaire » en Grèce et dans les Balkans et préparerait des mesures.
@François M Et à ce niveau de conflit, celui-ci ne deviendra pas nucléaire ?