QU’EST-CE QU’ANGELA MERKEL VA POUVOIR SAUVER DE SA POLITIQUE ? par François Leclerc

Billet invité.

La fébrilité s’accroit avant la tenue du sommet européens des 18 et 19 février, qui sera précédé d’un mini-sommet sous les auspices d’Angela Merkel qui tente de sauver ce qu’elle peut de sa politique. Les négociations avec David Cameron mobiliseront l’attention, dans la perspective d’empêcher une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, mais la crise des réfugiés va également appeler des décisions, au moins sur le papier.

La chancelière a fort à faire, l’Autriche son allié d’hier ayant rejoint le camp des intransigeants qui ne voient comme seule issue que d’établir une ligne de défense en Macédoine et en Bulgarie, afin de fermer la Route des Balkans et de stopper une fois pour toute l’exode des réfugiés. Sans que cela soit encore confirmé, François Hollande participerait finalement au mini-sommet, ne pouvant poursuivre dans la même veine que son premier ministre Manuel Valls, qui a mis les pieds dans le plat en Allemagne en déclarant que la France n’irait pas au-delà de l’accueil des 30.000 réfugiés à laquelle elle s’était engagée, et qu’il fallait en finir avec cette histoire. Il faut respecter les apparences.

À la recherche de points d’appuis, la chancelière a spectaculairement soutenu le projet de création dans le nord de la Syrie de « zones sécurisées » pour les réfugiés que tente d’instaurer le gouvernement turc, précisant qu’un accord entre le Président Assad et la coalition qui s’oppose à lui, serait « d’un grand secours ». Mais cette volte-face n’est-elle pas trop tardive, les affrontements dans cette région ainsi que la menace d’une intervention terrestre turco-saoudienne destinée à stopper la progression des Kurdes de Syrie l’ayant plongée sans retour dans la guerre ? En précisant que cette zone devrait être d’exclusion aérienne, elle s’adresse indirectement aux Russes qui disposent de la maîtrise dans ce domaine et qui seuls peuvent permettre la création d’une telle zone en calmant le jeu.

Donald Tusk, le président du Conseil européen, s’y est employé de son côté depuis Athènes, en martelant à la faveur d’une tournée européenne précédant le sommet, que « exclure la Grèce de Schengen ne résout aucun de nos problèmes ». Le gouvernement grec vient pour sa part de faire savoir que la construction de quatre des cinq « hot spots » réclamés par la Commission était achevée, dans l’espoir d’échapper au purgatoire. Celle du cinquième, à Kos, est retardée en raison de l’opposition de la population de l’île qui craint que des milliers de réfugiés s’y retrouvent bloqués, ruinant l’activité touristique. Chaque « hot spot » a une capacité d’accueil de 1.000 places, deux autres centres d’accueil de chacun 4.000 places sont en construction sur le continent grec. Tout dépendra de l’efficacité du blocus de l’OTAN.

En Syrie, l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura cherche à obtenir un « libre accès humanitaire à toutes les régions assiégées non seulement par le gouvernement mais aussi par l’opposition et le groupe État islamique ». Il décrit une situation terrible où dans 46 localités plus d’un million de Syriens manquent de nourriture, de médicaments, d’eau et d’énergie, et sont en danger de mort. Une seule route tenue par les rebelles permet encore d’approvisionner Alep, qui est proche de l’encerclement.

La grande fragilité des dispositions que le sommet s’apprête à défendre est déjà inscrite dans les faits, et le sort des réfugiés est pratiquement passé à l’as.

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