Billet invité.
Tout allait bien et patatras ! les Bourses étaient hier revenues sur la chute des valeurs bancaires, aussi vite qu’elles les avaient fait plonger, mais cela n’a été qu’un feu de paille. La Deutsche Bank par qui le malheur arrivait a endossé le rôle du sauveur, mais cela ne pouvait en rester là. Ces valeurs replongent à nouveau ce matin.
En laissant courir une rumeur venue d’on ne sait où, sans la confirmer, la banque a marqué un point qui va devoir être confirmé. Selon celle-ci, elle se préparerait à acheter des titres de sa dette obligataire pour 50 milliards d’euros, rassurant ceux qui craignaient de ne pas être remboursés.
En tout état de cause, il reste dans l’immédiat que cet épisode a déclenché une chute générale des valeurs bancaires qui rend compte de la suspicion dont le système bancaire européen est entouré. Reconnu pour être dans un état de faiblesse, celui-ci en profite pour à nouveau se plaindre de l’addition des lourdes mesures réglementaires qui lui sont imposées, qui en seraient à l’origine. Depuis quelques temps, les banques ne se contentent plus de faire barrage avec succès à de nouvelles dispositions, elles souhaitent un assouplissement de celles qui ont déjà été adoptées. Ou à défaut obtenir du temps pour les mettre en place, comme cela vient d’être accordé pour la directive MiFID 2, qui encadre les marchés d’instruments financiers.
La Chambre de commerce allemande (DIHK) attribue cette faiblesse à une régulation excessive et à des obligations de renforcement des fonds propres des banques, qui réduisent leur profitabilité. Leurs marges sont également affectées, constate-t-on par ailleurs, par la marée des taux négatifs qui recouvre progressivement le marché obligataire, dont la BCE porte avec sa politique la responsabilité. Lors du démarrage de la crise, il y a presque huit ans, l’effet de levier des banques ainsi que leur sous-capitalisation les rendaient vulnérables, elles le sont aujourd’hui en raison de la compression de leurs marges.
Les occasions de répondre favorablement à cette demande des banques ne vont pas manquer. À la tête de l’Association française des banques et Pdg de la Société Générale, Frédéric Oudéa critique ainsi le projet d’accord négocié par Donald Tusk avec David Cameron. Les banques n’appartenant pas à la zone euro auraient le même passeport que celles qui en font partie, sans être soumises à la même régulation ! De quoi justifier, au nom du maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne, quelques assouplissements de celles-ci pour remédier à des distorsions de concurrence, si l’on comprend bien.
Autre occasion, les parlementaires européens n’arrivant pas à se mettre d’accord à propos de la séparation des activités de dépôt et de spéculation des banques, les projets en cette matière prennent le chemin d’être mis en veilleuse avec le risque d’être finalement abandonnés.
Sauvons nos banques, ce bien que nous avons de plus cher !
@Jean-François Ma foi, il faudrait pouvoir poser cette question à ceux qui ont inventé l’histoire du paradis terrestre…ou à ceux…