Les sondages avaient vu juste, qui annonçaient que Trump du côté républicain et Sanders du côté démocrate l’emporteraient sur leurs adversaires dans le New Hampshire par une marge de plus de 10 points. La presse américaine parle d’ailleurs de « déroute » pour ceux ci : Donald Trump (35,1%) devance John Kasich (19,1%), gouverneur de l’Ohio, de 16 points, tandis que Bernie Sanders (60%) devance Hillary Clinton (38,4%), de 21,6 points, un véritable camouflet pour cette dernière.
Bien sûr ni l’Iowa, ni le New Hampshire ne sont des États américains véritablement représentatifs mais c’est précisément leur côté un peu caricatural, chacun à sa manière, l’Iowa, très « eau douce » (rural, « Midwest ») et le New Hampshire très « eau salée » (urbain, « Côte Est ») qui, en indiquant traditionnellement les grandes tendances à venir, galvanise certains candidats et en décourage d’autres. Et cette fois-ci les tendances sont très nettes – même si du côté démocrate il est beaucoup trop tôt pour Sanders pour crier victoire – il y a polarisation de la population américaine : comme je le soulignais il y a deux jours, beaucoup plus d’Américains qu’il y a vingt ans (un quart) se décrivent aujourd’hui comme « très conservateurs » (+ 13%) et « de gauche » (+ 12%).
Du côté républicain, les rivaux « prometteurs » de Trump dans l’Iowa, Cruz et Rubio ont mordu la poussière, ne récoltant respectivement que 11,6% et 10,6% des suffrages, ils rejoignent le marais des rivaux de Trump d’où Kasich n’a pas véritablement émergé. Du côté démocrate, Sanders était arrivé à quasi égalité avec Clinton dans l’Iowa, une belle prouesse, et l’a devancée hier dans le New Hampshire de plus de 20 points, un résultat inattendu : la moyenne des sondages récents réalisée par RealClearPolitics ne lui donnait que 13,3% d’avance.
Si ces tendances devaient se confirmer dans les primaires à venir, les présidentielles américaines du 8 novembre cette année offriraient un paysage inédit : un tribun populiste « à la Marine Le Pen » affronterait un socialiste (au sens traditionnel du mot), du genre en France d’un Thomas Piketty : un combat de géants, à l’ancienne, autour de véritables idées et d’une absence de véritables idées.
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