ILS N’EN ONT PAS FINI ! par François Leclerc

Billet invité.

Enfin, les dirigeants européens vont reprendre la main une fois dotés des moyens de contrôler l’exode des réfugiés ! Le scénario de la suite pourrait sembler bouclé avec le projet d’instauration d’une frontière sous contrôle en Macédoine, au nord de la Grèce, assortie du maintien – pour l’instant destiné à durer jusqu’à deux ans – des contrôles à ses frontières intérieures. Les réfugiés n’ont qu’à bien se tenir, c’est à dire à ne pas venir.

Est-ce bien si sûr, à y regarder de plus près ? Déjà, la Hongrie évoque la construction d’une nouvelle clôture à la frontière avec la Roumanie, au cas où les réfugiés l’atteindraient après avoir traversé la Bulgarie. Angela Merkel l’avait expliqué pour justifier sa politique d’ouverture, rien n’arrête un exode résolu ! Mais d’autres problèmes plus redoutables attendent nos stratèges en chambre : il est question de construire des camps en Grèce pour y accueillir 400.000 réfugiés. Ont-ils mesuré qu’au rythme où ceux-ci continuent d’y arriver, ces camps seront pleins dans au plus huit mois ?

Un autre scénario tout aussi peu réaliste prévoit de renvoyer en Turquie 250.000 réfugiés déjà arrivés en Grèce, afin de les échanger contre un nombre identique de réfugiés qui s’y trouvent encore, suivant des modalités qui n’ont pas été divulguées mais que l’on suppose échelonnées dans le temps. Sinon à quoi servirait ce va et vient ? On continue d’être en plein délire en reprochant à la Grèce de ne pas avoir correctement enregistré les réfugiés qui débarquent sur les îles, mais à quoi cela servirait-il puisque la répartition dans les pays européens d’une faible partie d’entre eux est grippée ? Enfin, on voudrait suspendre la Grèce de Schengen, pour l’exemple semble-t-il, car elle n’a aucune frontière commune avec un autre pays y appartenant. Cela reviendra à instaurer des contrôles dans les aéroports grecs alors que les réfugiés prennent des cars et des trains quand ils ne marchent pas à pied. Brillant  !

Il reste l’hypothèse turque. Mais il y a un os, Matteo Renzi bloque le paiement des trois milliards d’euros annoncés, y mettant des conditions. Il voudrait que la Commission mette davantage au pot, et surtout que les dépenses des autorités turques soient contrôlées – de l’impensable !

Enfin, ce n’est pas tout d’essayer de décourager de nouveaux arrivants en durcissant les conditions de l’asile, faute de pouvoir contrôler encore l’exode, mais en se barricadant. Les expulsions des recalés à l’asile vont commencer  : la Finlande annonce expulser 20.000 réfugiés et la Suède jusqu’à 80.000. Que vont faire l’Autriche et l’Allemagne  ?

Plus tard, bien plus tard, on n’en reviendra pas.

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