Notreprimaire, laprimaire, primairedegauche, la gauche française semble se réveiller, partageant le même souci de voir en 2017 au second tour un candidat représentant une gauche authentique face à Marine Le Pen. Elle sort malheureusement de son assoupissement en ordre jusqu’ici très dispersé.
J’ai participé samedi et dimanche au Sommet internationaliste pour un Plan B qui se tenait à Paris à l’initiative du Parti de Gauche. La réunion était initialement prévue les 14 et 15 novembre mais les attentats de Paris la veille au soir avaient conduit à un report en janvier.
Il était prévu que Yanis Varoufakis soit de la fête et sa venue resta confirmée jusqu’au milieu de la semaine dernière, puis il s’est décommandé. Son absence a causé un grand trou, même si l’intervention de Zoé Konstantopoúlou, présidente du Parlement hellénique du 6 février au 3 octobre 2015, méritait à elle seule le déplacement : « Chapeau bas, Madame ! », comme j’ai d’ailleurs eu l’immense plaisir de vous le dire personnellement.
Quoi qu’il en soit, de « grand projet européen », le « Sommet » s’est vu rétrogradé au rang de congrès du Parti de gauche agrémenté de la présence de nombreux sympathisants internationaux.
Pourquoi Varoufakis n’est-il pas venu ? Il a dû juger qu’existait maintenant une incompatibilité entre son projet de parti de gauche pan-européen et le Sommet internationaliste du Plan B, le « plan B » en question s’assimilant désormais – si l’on en croit ce que l’on entendit dire dans la grande salle – à la disparition pure et simple de l’euro.
Pourquoi l’euro devrait-il disparaître à tout prix ? « Parce qu’il interdit la dévaluation monétaire et oblige à la dévaluation interne qu’est la baisse des salaires », a-t-il abondamment été répété. Comme s’il n’existait pas de substitut possible à la dévaluation au sein de la zone euro, alors que la mutualisation de la dette est la solution évidente, comme si c’était l’euro qui poussait à la baisse des salaires et non capitalismus vulgaris, euro ou pas euro !
Nul doute que si Varoufakis était venu dans l’intention de prôner un maintien de la Grèce dans la zone euro accompagné d’une réforme de cette dernière, comme il l’a toujours fait, il se serait retrouvé à mes côtés dans la petite salle où l’on tolérait – aimablement il faut le souligner – les hérétiques du genre de votre serviteur.
Ceci étant dit – et comme je l’ai déjà affirmé – que de salamalecs pour affirmer deux choses pourtant très simples : que les chances sont nulles que M. Mélenchon se retrouve au second tour des présidentielles de 2017 comme candidat de gauche face à Mme Le Pen, et qu’au cas où M. Hollande se retrouverait face à celle-ci, les chances sont nulles qu’il opère d’ici-là une telle volte-face qu’on puisse à nouveau le considérer comme un homme de gauche.
La question se simplifie donc radicalement en « Qui pourrait à gauche se retrouver face à Mme Le Pen en 2017 avec une réelle chance de l’emporter ? »
Le projet de « primaire à gauche » sans Mélenchon (il n’en veut pas de toute manière) et sans Hollande (il a perdu le label) suppose qu’une bonne candidate ou un bon candidat pourrait apparaître soudain, venu de nulle part, et se bâtir une réputation à ce point enviable qu’elle où il pourrait l’emporter en 2017.
Cette hypothèse, en si peu de temps, défie selon moi toute vraisemblance. Pourquoi ne pas réfléchir plutôt à qui pourrait être la candidate ou le candidat, la donne étant celle qu’on connaît ? La réponse, je le répète, est Thomas Piketty. Oui sans doute, Varoufakis critique la méthode du Capitalisme au XXIe siècle, et Lordon lui aussi, et il se trouve que j’en fais autant, mais cela n’enlève rien au fait qu’il soit le meilleur candidat.
Et je ne suis pas le seul à le dire : il existe désormais au sein des Amis du Blog de Paul Jorion, une petite équipe bien décidée à mettre toute son énergie et tous ses efforts au service de cette noble cause. Qu’on se le dise !
1) On peut utiliser des bombes nucléaires pour stériliser l’entrée d’abris souterrains (au sens galeries bien bouchées, comme au sens…