Billet invité.
Au Portugal, où le régime est semi-présidentiel et le premier ministre gouverne, on attendait le sacre aux élections présidentielles d’un chroniqueur politique de télévision membre du parti de droite, le PSD, et Marcelo Rebelo de Sousa n’a pas déçu, élu dès le premier tour.
Son succès doit être attribué à son écrasante notoriété, mais aussi à son profil qui l’a fait préférer par opposition à un monde politique largement démonétisé, dont il a su se démarquer en se présentant de manière consensuelle, comme un médiateur et de manière très personnalisée. Cela ne lui retire pas cependant les pouvoirs que la Constitution lui accorde, notamment celui de dissolution de l’Assemblée dans certaines conditions, qui peut se révéler décisif. Mais, contrairement à ce qu’espérait une droite très revancharde qui a mal digéré sa défaite, le nouveau président ne va pas se précipiter pour faire usage de ce que les Portugais appellent « la bombe atomique ».
Les résultats des autres candidats sont également pleins d’enseignement. La candidature soutenue par la droite socialiste et opposée à l’ouverture à gauche d’Antonio Costa a mordu la poussière, tandis que celle de Marisa Matias du Bloc de gauche a confirmé ce qui avait été enregistré aux législatives : l’extrême-gauche, en pleine progression, dépasse pour la première fois un parti communiste qui continue de régresser.
La position du premier ministre Antonio Costa s’en trouve doublement confortée – le Bloc de gauche apparaissant être un soutien plus assuré que le parti communiste – ce dernier pouvant toutefois être tenté de se refaire en pratiquant la surenchère. Avec le grand risque de recueillir le contraire s’il fait chuter le gouvernement socialiste. Car si les Portugais attendent pour voir, ils n’enregistrent pas moins que les promesses ont commencé à être accomplies.
C’est à Bruxelles que va se jouer la suite des opérations, à l’occasion de l’examen du projet de budget 2016. Mais cette étape pourrait être franchie sans trop de difficultés dans le contexte actuel, les dirigeants européens ayant d’autres chats à fouetter avec la crise des réfugiés qui les dépasse. Ce qui laisserait du temps devant lui à l’équipe d’Antonio Costa, dans l’attente de la suite des évènements qui vont intervenir en Espagne, ainsi qu’en Grèce et en Italie. C’est la première fois qu’une telle conjonction se présente, sur laquelle il peut espérer s’appuyer. La question est posée : les dirigeants européens ont-ils les moyens de réengager le fer comme avec la Grèce ?
Très visuel en effet N’est-ce pas !