LE TEMPS QU’IL FAIT LE 8 JANVIER 2016 – (retranscription)

Retranscription de Le temps qu’il fait le 8 janvier 2016. Merci à Olivier Brouwer !

Bonjour, nous sommes le vendredi 8 janvier 2016, et comme vous le voyez, je suis dans la salle de bains d’une chambre d’hôtel, dans des conditions pas très pratiques pour faire une petite vidéo, et en plus, je dois partir très bientôt, parce que je me rends à un colloque sur le travail, qui a lieu au Centre Pompidou, toute la journée, sous la direction de Bernard Stiegler. On va parler du travail avec les gens du PRODISS, qui posent la question du travail des gens du spectacle. Stiegler est d’avis d’étendre le statut d’intermittent du spectacle à la population toute entière. C’est une solution possible au problème de la robotisation, de la logicièlisation, du remplacement des êtres humains par des machines dans les tâches manuelles et intellectuelles.

Quelques mots, très très rapidement, sur la situation boursière. La bourse est en train de s’écrouler un petit peu partout. C’est surtout la Chine qui décide de la musique et lance le mouvement, et pourquoi ? Parce que l’économie ne marche pas. Comme on a baissé les salaires un peu partout, évidemment, on en voit les résultats maintenant : il n’y a plus de pouvoir d’achat, donc les produits ne peuvent pas être vendus, donc le pétrole, qui se vendait au baril de brut aux environs de 115 dollars, je vous le rappelle, au premier semestre 2008, et qui vaut maintenant de l’ordre de 32 dollars, c’est une déflation généralisée au niveau de l’économie mondiale, au moment où les Bourses étaient pleines de santé. Pourquoi ? Eh bien, parce qu’on avait échangé des reconnaissances de dettes, des obligations, les Banques Centrales ont échangé ça [contre] de l’argent véritable, créant une bulle boursière qui devait éclater un jour, puisque le rapport entre les dividendes qui seraient versés un jour et le prix des actions est en train de se découpler entièrement. Si vous voulez comprendre cela, il y a un excellent livre qui parle de tous ces mécanismes que l’on voit à l’œuvre en ce moment, qui s’appelle : « Penser tout haut l’économie avec Keynes ». Je n’y ai pas pensé au moment même où j’ai écrit le livre, mais j’y ai pensé hier : ce livre pourrait s’appeler : « Clefs pour la prochaine crise économique et financière ». Pourquoi ? Eh bien, parce qu’on parle dans ce livre, en fait – pas essentiellement, mais ça fait partie des outils qui sont là – [de] comprendre comment un taux d’intérêt peut être déterminé par deux mécanismes distincts, l’un qui relie les taux d’intérêt à l’état de l’économie et la création de richesse, et l’autre de l’ordre de ce qu’on appelle d’habitude : « l’offre et la demande », mais qui est surtout le rapport de forces entre ceux qui veulent se débarrasser de ces choses-là et ceux qui veulent encore en acheter. Voilà.

À connaissance, il n’y a pas d’autre endroit où on peut expliquer ce mécanisme. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que les économistes ne parlent pas de ce genre de choses ? (Il y en a peut-être un quelque part, mais vous me le signalerez !) C’est parce que ça demande un autre paradigme, comme on dit. Il faut une autre clef de lecture, il faut une autre grille de lecture, il faut d’autres outils pour comprendre comment ça marche. Vous trouverez ça, non seulement dans ce livre-là, [mais] vous trouverez aussi des explications de comment on a pu échanger des reconnaissances de dettes contre de l’argent véritable, vous trouverez ça dans L’argent, mode d’emploi, qu’on pourrait appeler aussi : « Clefs pour la prochaine crise [économique et financière] qui se dessinera » !

Voilà. Je n’entre pas dans le détail, parce que, d’abord, c’est une affaire qui est en train d’avoir lieu. On va voir si ça continue à baisser. Je ne sais pas par quel miracle ça pourrait cesser de baisser, puisque les chiffres de l’économie sont mauvais, et le découplage entre le prix des valeurs boursières et les dividendes qui seront payés un jour est complet, il est total, et donc, il fallait bien qu’il y ait une correction, comme on dit, un jour. Elle part de Chine en ce moment, et par vagues, elle nous atteint.

Voilà. Très rapidement fait, mauvaises conditions, pas beaucoup de temps, et pour parler d’une affaire en train de se dérouler.

Voilà, à bientôt !

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